Economie
NMD: ce que propose la Banque mondiale pour atteindre l'objectif de croissance
12/01/2022 - 19:54
Lina IbrizLe Maroc a pu faire face à la vague de contaminations à l’été 2021 grâce à la stratégie nationale de gestion de la pandémie ainsi qu’à la campagne de vaccination. L’année 2021 fut marquée par une performance exceptionnelle de l’agriculture, un dynamisme de certaines exportations et la hausse des transferts des MRE laissant ainsi espérer une croissance de 5,3% au titre de cette année. Le taux de croissance devrait s’établir à 3,2%, note la Banque mondiale dans son rapport intitulé «De la reprise à l'accélération».
Selon le rapport, le PIB réel ne retrouvera son niveau pré-pandémique qu’en 2022. L’accélération progressive de la croissance attendue après 2022 reste tributaire de la mise en œuvre des réformes du Gouvernement.
Des contraintes structurelles qui freinent la croissance
La croissance économique au Maroc est confrontée à la faiblesse de la contribution du capital humain et de la productivité, alors qu’elle est restée longtemps dépendante de l’accumulation de capital. Selon les chiffres de la Banque mondiale, le capital humain contribue à 23% seulement de la croissance. Cela est principalement dû à "taux d’inactivité élevé, en particulier chez les femmes et les jeunes".
À cela s’ajoute une faible productivité totale des facteurs (PTF). "La PTF, principal déterminant du niveau de revenu des pays à long terme, est responsable de 26 % de la croissance totale (+ 1,1 point par an), et sa contribution a progressivement diminué au fil du temps", lit-on dans le rapport.
L’analyse de la banque mondiale relève également des lacunes dans les domaines du capital humain, dans la performance du marché du travail et dans l’adoption des technologies de l’information et de la communication (TIC). Cette même analyse fait en outre état d’un "panorama contrasté".
Si le Maroc dispose d’"avantages comparatifs" en ce qui concerne "la qualité institutionnelle, le développement du système financier, la stabilité macroéconomique, le dynamisme des entreprises et la capacité d’innovation", les indicateurs de capital humain reflètent un "retard (…) à la fois en termes de compétences et de santé, de performance du marché du travail et d’accès et d’utilisation des TIC".
Doubler le PIB, c'est possible au Maroc
Le NMD fixe un objectif ambitieux de croissance de 6% d’ici 2035, ce qui signifie le doublement du PIB par habitant entre 2019 et 2035. Bien que cela puisse sembler très ambitieux, notamment sur fond de crise pandémique, le Maroc peut atteindre cet objectif.
"Un examen des expériences internationales montre que de tels épisodes ont été relativement rares, mais non sans précédent, et qu’ils sont plus susceptibles de réussir lorsqu’accompagnés par un processus de transformation structurelle de l'économie".
Pour accélérer sa croissance à un rythme qui répond aux ambitions du NMD, le pays devra miser sur la productivité, l'emploi et le capital humain. La mise en œuvre d’un agenda de réforme multidimensionnel est donc nécessaire, indique la Banque Mondiale.
"Pour doubler son PIB par habitant d’ici 2035, le Maroc devra diversifier les sources de sa croissance économique, en renforçant notamment la contribution de la productivité et du capital humain à la croissance économique. Comme l’envisage le NDM, cela nécessitera l’adoption d’un agenda de réforme multidimensionnel". En outre, le Royaume aurait besoin simultanément de stimuler l'investissement privé.
Selon le rapport, "le Maroc dispose d’un cadre macroéconomique stable, d’institutions relativement solides, d’un système financier sophistiqué et d’un environnement des affaires globalement solide". Le Royaume devrait donc capitaliser sur ses avantages comparatifs afin d’accélérer la croissance économique, recommande la Banque mondiale.
Afin de formuler ces recommandations, les auteurs du rapport se sont basés sur des simulations reflétant l'impact de diverses options politiques sur la croissance économique au Maroc.
Des scénarios pour un développement tenable
Selon le premier scénario, où seul le taux de croissance du stock de capital converge vers la moyenne du groupe de comparaison, le Maroc sera incapable d’atteindre l’objectif de croissance lui permettant de doubler le PIB par habitant en 13 ans. Une accélération économique s’appuyant principalement sur l’investissement privé, avec un espace budgétaire limité, permettrait d’atteindre une croissance annuelle du PIB de 4%, "un taux qui demeure inférieur aux 6,8 % requis pour réaliser l’objectif du NMD", explique le rapport.
Dans le deuxième scénario, les taux de croissance du stock de capital et de la productivité totale des facteurs convergeraient vers les taux moyens des pays du groupe de comparaison, atteignant respectivement 6,9% et 2,1% et donnant lieu à une accélération considérable de la croissance. Tout de même, avec une croissance annuelle de 6% prévue dans ce cas, le PIB par habitant n’augmenterait que de 82%, ce qui resterait en deçà de l’objectif fixé par le NMD d’ici 2035.
Une convergence du stock de capital et de la PTF ainsi qu’une participation des femmes au marché du travail correspondant à l’objectif du NMD permettraient au Maroc de doubler le PIB par habitant en 13 ans. Selon ce troisième scénario.
Une croissance annuelle de 6,9% du stock de capital et une productivité globale des facteurs de 2,1% combinées à une participation des femmes au marché du travail allant à 45% permettraient de doubler le PIB par habitant. Selon ce troisième scénario, le PIB augmente de 7,3 % par an et le PIB par habitant croît de près de 110 % d’ici 2035.
Si l’augmentation de la participation des femmes au marché du travail s’avère importante pour l’atteinte de l’objectif de croissance souhaité, selon ce troisième scénario, l’accumulation de capital humain permettrait même de le dépasser.
Selon le quatrième scénario établi par la Banque mondiale, la croissance du PIB augmente de 7,7 % par an et se traduit par une augmentation de 120% du revenu par habitant, dépassant l’objectif du NMD. Cela requiert l’accélération du rythme de l’allongement de la durée de scolarité à travers la facilitation de la transition de l’éducation à la vie active.
"Ce résultat montre l’ampleur potentielle de l’impact d’un effort de réforme multidimensionnel, s’il parvenait simultanément à augmenter l’investissement privé, à stimuler la productivité, à favoriser l’inclusion des femmes et des jeunes sur le marché du travail, et à améliorer le stock moyen de capital humain par travailleur", conclut le rapport.
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