Economie
Obtenir un visa Schengen au Maroc: mission presque impossible
05/07/2022 - 17:00
Mohamed BerradaLes Marocains, notamment ceux qui sont habitués à se rendre en Europe durant leurs congés, abordent la saison des vacances avec beaucoup d’incertitudes. Si les restrictions sanitaires liées à la Covid-19 sont très légères comparées aux deux dernières années, les complications inhérentes à l’obtention des visas Schengen rendent la mission très difficile ... voire impossible.
SNRTnews a pu sonder des citoyens qui ont émis le souhait d’obtenir des visas Schengen de courte durée auprès de l’Espagne et de la France, deux destinations très prisées par les Marocains.
Espagne, le rendez-vous introuvable
En ce qui concerne le royaume ibérique, il est tout simplement impossible de trouver un créneau libre auprès de BLS Contact, la société gestionnaire de la programmation de rendez-vous et de la transmission des dossiers aux différents consulats espagnols du Maroc. "J’ai passé plusieurs semaines à me connecter au moins trois fois par jour sur le site web de BLS pour trouver un rendez-vous libre, en vain", déclare un sexagénaire habitué à se rendre à Malaga pour visiter ses enfants. "Le soir d’un match de football de l’équipe nationale du Maroc, un ami m’a appelé pour me dire que les rendez-vous sont disponibles. Je me suis connecté la minute même, tout était déjà pris !", s’indigne notre interlocuteur. Il a dû par la suite recourir à la voie des intermédiaires, mais a préféré s’abstenir.
Il explique : "L’intermédiaire demande une somme de 800 dirhams par personne. En plus, je suis obligé de lui envoyer des photos de ma carte bancaire pour qu’il puisse l’utiliser au paiement des frais des services de BLS, avant d'obtenir la confirmation du rendez-vous. J’ai finalement laissé tomber", conclut-il.
Sur les réseaux sociaux, les histoires diffèrent, le constat est le même. Les plus futés ont entamé leurs démarches très à l’avance pour éviter toute mauvaise surprise. "J’ai pu obtenir un rendez-vous en octobre 2021 et un visa de deux ans m’a été accordé en décembre, quelques jours seulement avant la fermeture des frontières à cause de la vague d'Omicron. Je me suis dit, mieux vaut garder son visa de côté que de galérer à l’approche de l’été", se félicite un internaute. Et d’ajouter : "Je ne dis pas que la prise de rendez-vous a été facile. Il m’a fallu plusieurs tentatives, et un réveil à 5h du matin pour pouvoir décrocher un rendez-vous premium, qui coûte 300 dirhams de plus que le rendez-vous classique et pour le même service. Il faut par la suite attendre plus d’un mois et demi pour récupérer son passeport. Le délai de traitement est très long", fait-il remarquer.
Une fois le rendez-vous "décroché", les chances de l’obtention du visa auprès des autorités espagnoles sont aussi importantes, selon les témoignages des personnes qui ont réussi, par un moyen ou un autre, à avoir les rendez-vous. "Certains obtiennent même des durées égales à la validité de leurs passeports, allant jusqu’à quatre ans et demi parfois", peut-on lire dans un commentaire.
En France, les refus en masse.
La France a officiellement annoncé, en septembre 2021, via Gabriel Attal, alors porte-parole du gouvernement, la réduction de 50% du nombre de visas accordés aux citoyens de trois pays, dont le Maroc. En 2021 en effet, le nombre de visas accordés par Paris a baissé de 29,6% par rapport à 2020, année de pandémie, et de 80% par rapport à 2019, selon les statistiques du ministère français de l'Intérieur.
Dix mois après, la situation semble n’avoir toujours pas évolué, sur la base des constatations faites à partir des témoignages sur les réseaux sociaux. Contrairement au visa espagnol et à BLS Contact, il est beaucoup plus facile d’obtenir un rendez-vous auprès de TLS Contact, qui s’occupe entre autres de la gestion des dossiers de demande de séjour dans l’Hexagone. Les Marocains privilégient-ils d’autres pistes par peur de voir leurs demandes refusées et les frais associés s’envoler? Probablement.
Dans tous les cas, les retours d’expérience parmi les plus aventureux sont différents. Une jeune trentenaire, habituée à passer toutes ses vacances en France, s’est vu refuser le visa en avril 2022 alors que sa situation professionnelle a évolué par rapport en 2019. "J’ai une situation beaucoup plus stable, un compte en banque solide, un bon poste dans une entreprise, et pourtant le refus est justifié par mon incapacité à remplir les conditions. J’avais l’habitude d’obtenir des visas alors que j’étais encore fraîchement diplômée", déclare-t-elle. Une autre citoyenne interrogée par SNRTnews, mère de famille, a cru en ses chances. "J’ai toujours déposé mes demandes de visa pour la France. J’ai préféré réitérer que de m’orienter vers un autre pays, et on m’a accordé un visa d’une durée d’un an. La durée est courte par rapport à mes visas précédents, mais vu la situation actuelle, je n’ai pas de quoi me plaindre", se félicite-t-elle.
Face à cette situation exceptionnelle, nombreux sont les demandeurs de visas qui recourent à d’autres pays, généralement peu sollicités par les Marocains, pour se rendre en Europe. C’est le cas notamment de l’Allemagne ou du Portugal. "La procédure est certes différente de l’Espagne ou de la France et la durée accordée est courte, mais au moins je suis sûr de pouvoir passer trois à quatre semaines en Europe loin des rouages du quotidien après deux ans de pandémie", nous déclare un commerçant qui a réussi à avoir son visa pour l’Allemagne.
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