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Omar El Jamali: le maestro qui fait la fierté du Maroc
02/10/2021 - 22:00
Khaoula BenhaddouQui est Omar El Jamali?
C’est un jeune passionné par la musique et la scène. Enfant, je jouais au clown, je faisais rire mes proches et je chantais souvent sans vouloir en faire un métier.
Pourquoi la musique?
Le premier spectacle auquel j’ai assisté était celui de Hoba Hoba Spirit. J’ai été impressionné par l’ambiance et l’énergie qui régnait sur scène. J’ai été également surpris par le public qui répétait d’une seule voix les chansons du groupe musical et du coup, j’ai voulu reproduire cela avec mes amis du lycée avec nos guitares et batteries.
C’est comme ça que vous avez découvert votre talent?
Mon talent, je l’ai découvert très tard, à l’âge de 20 ans. Au début je voulais être Rock&rolleur, je ne voulais pas faire de la musique classique, ni apprendre à lire des notes, mais avec le temps, j’étais toujours dans l’imitation donc j’ai décidé de prendre une voie atypique qui est la composition de musique de film. J’ai fait une formation de 5 ans à l’école de jazz Berklee College of Music de Boston.
Pourquoi ce choix d’études?
Quand on compose pour des films, on n’est pas au premier plan, ce qui est assez similaire au chef d’orchestre. Ce dernier donne son dos au public et fait face aux musiciens et à la musique. Un jour à l'école, j’étais en train de faire ma composition de musique de film et mon professeur m’a demandé de diriger ma propre pièce. A ce moment-là, la sensation était incroyable, j’étais en symbiose avec les musiciens et depuis, j'ai su que je devais faire ce métier.
Après des études à Boston, vous avez opté pour Paris pour entamer votre carrière!
J’ai opté pour Paris déjà pour être plus proche de mon pays natal et de pouvoir visiter ma famille et mes amis. En plus à Paris, il y a plus d’outils et de possibilités dans la culture, dans le classique pour bien grandir en tant que chef d’orchestre. D’ailleurs, ce sont mes professeurs américains qui m’ont conseillé de faire ma carrière à Paris, Vienne ou Berlin pour pouvoir apprendre et réussir. J’ai effectivement pu poursuivre mes études et j’ai pu obtenir plusieurs diplômes notamment celui de la Direction d’Orchestre de l’École Normale de Musique de Paris sous la direction de Dominique Rouits de l’Opéra de Massy. J'ai également le Diplôme Supérieur de Direction d’Orchestre de la Schola Cantorum de Paris.
Vous avez créé une association à but non lucratif à Paris. Quelle est sa mission?
Effectivement, j’ai créé l’association des jeunes musiciens pour le développement de l’art et de la culture à Paris. Cette association a pour but de d’organiser des ateliers et des masters classes au profit des jeunes musiciens. Nous invitons des chefs d’orchestre de renoms qui partagent avec nous leurs expériences. Nous avons également créé une académie de direction sur scène. Je suis assez engagé dans l’éducation, c’est aussi le travail de chef d’orchestre. Un professeur disait que le métier de chef d’orchestre c’est seulement 5% de musique et 95% du travail administratif et du social. Un chef d’orchestre se doit de défendre les intérêts artistiques de sa communauté, créer des liens culturels entre les gouvernements, les locaux, les mairies et les élèves, c’est beaucoup de travail.
Un travail qui a payé puisque vous êtes le premier chef marocain à remporter un prix de renommée internationale!
Effectivement, je viens de remporter le 2e prix du concours international de direction d’orchestre Antal Dorati de Budapest. Au début, nous étions 200 candidats du monde entier et puis 65 seulement ont été sélectionné au premier tour. Ce genre de compétition est très difficile sur le plan psychique et physique puisque ça demande des mois de préparations pour 9 jours de compétitions. Recevoir le 2e prix est une reconnaissance et une validation surtout que les autres candidats étaient également excellents.
Votre performance validé par un jury de renom mais aussi acclamé par un public enthousiaste!
Réussir les différents tours et pouvoir convaincre le jury est juste incroyable. Tout au long, de la compétition, je voulais juste donner le meilleur de moi-même sans forcément penser aux efforts fournis. Au fil de la compétition, je pensais que je gagnais par chance, mais quand je suis arrivé au final je me suis dit que j'ai forcément quelques choses de particulier. Le concert final a eu lieu dans la légendaire salle de concert de l’Académie Liszt. Au début du concert, j’arrive sur le podium, je salue le public et l’orchestre, je lève ma tête et j’ouvre mes yeux et c’est là que je vois un grand drapeau du Maroc. Représenter le Maroc dans un événement pareil est juste majestueux !
Vous avez joué la 6ème Symphonie de Tchaïkovski et une pièce rare du compositeur hongrois Antal Dorati!
Oui c’est une symphonie exceptionnelle qui m’a demandé beaucoup de préparation. Pour être chef d’orchestre, il faut avoir une certaine connaissance de chaque style de musique. On ne peut pas diriger Beethoven de la même manière qu’on dirige Tchaïkovski parce que c’est de la musique russe contre la musique allemande. Ce n’est pas la même tradition, ni les mêmes origines ni les mêmes richesses sonores. C’est énormément de travail !
Des projets d’avenir et pourquoi pas au Maroc?
Etre chef d’orchestre nécessite d’être impliqué et engagé dans la communauté dans laquelle on exerce. Aujourd’hui, cette communauté pour moi c’est la France. Je suis très attaché à la culture et à la musique française. C’est aussi un environnement propice pour apprendre les métiers de la culture. J’attends de faire mes preuves en France pour pouvoir monter des projets au Maroc. Je rêve de travailler avec l’orchestre philarmonique du Maroc ou l’orchestre symphonique royale. Il y a des belles choses qui se font au Maroc artistiquement parlant et j’aimerais bien y participer un jour.
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