Société
Personnes en situation de handicap : le gouvernement pointé du doigt pour son bilan
13/07/2021 - 12:29
Khaoula BenhaddouLors d’une session plénière conjointe de la Chambre des représentants et de la Chambre des conseillers, le chef du gouvernement, Saâd Dine El Otmani, a présenté mardi 6 juillet 2021 le bilan de son gouvernement. Le dossier des personnes en situation de handicap figure parmi les réalisations majeures.
Emploi: le quota de 7% respecté?
Dans cette lignée, Saâd Dine El Otmani a mis l'accent sur le volet Emploi. Il a précisé que pour la première fois au Maroc, trois concours unifiés pour l'emploi public des personnes en situation de handicap ont été organisés au profit de 651 personnes titulaires d'un diplôme supérieur. Un nombre qui représente environ 40% des demandeurs d'emploi de cette catégorie de la population. Il a également rappelé que le gouvernement a poursuivi l'activation du quota de 7% d'emplois publics dédiés aux personnes en situation de handicap.
Pour Ahmed Houate, coordinateur général de la Coalition des associations qui œuvrent pour la scolarisation et la prise en charge des enfants en situation de handicap, la situation sur le terrain est tout autre. "Les chiffres présentés par le gouvernement ne reflètent pas la réalité. Selon la tutelle, 651 personnes ont été recrutées dans le cadre des concours unifiés. Or, ce chiffre est dérisoire puisque chaque année, nous avons 300 lauréats en situation de handicap qui sortent des Universités marocaines. Ce chiffre de 651 personnes ne respecte pas le quota des 7% de recrutement dans les secteurs publics". Et au représentant de la Coalition de rappeler que "24 secteurs gouvernementaux ne sont pas inscrits dans ce quota de 7%". Il explique aussi que pour les deux années 2020 et 2021, sur plus de 12.000 personnes qui se sont présentées pour les concours normalisés, 200 seulement ont réussi à décrocher un emploi.
Ecoles: 22.000 enfants privés de scolarisation
Lors de sa présentation, Saâd Dine El Otmani a souligné que son gouvernement a réservé plusieurs mesures spécifiques à cette catégorie, notamment l’autonomisation de 92.000 élèves en situation de handicap à l’aide de classes scolaires inclusives. En outre, 1.200 salles ressources pour la réhabilitation et l'accompagnement ont été créées et équipées, permettant ainsi à plus de 8.000 étudiants de bénéficier, au cours de l'année 2020, de ses services, notamment l’intervention médicale et paramédicale, l’intervention psychosociale et psychocognitive. Des chiffres qui portent à l’optimisme et démontrent la qualité des efforts déployés par l’Exécutif en faveur des enfants en situation de handicap.
Un bilan qui n'est pas à la hauteur des attentes des acteurs de la société civile comme le laisse entendre Ahmed Houate. "On ne peut qu’applaudir les chiffres présentés par le gouvernement concernant la scolarisation des enfants en situation de handicap. Mais je tiens à préciser que 22.200 enfants sont privés de scolarisation". Et d’ajouter : "Plus grave encore, la décision ministérielle du 26 juin 2019 stipule que les enfants en situation de handicap ont besoin d’accompagnatrice. Ce qui est incompréhensible, c’est que l’État demande aux familles de payer ces accompagnatrices. Ce n’est pas du tout logique, surtout qu’on connaît la situation financière de ces familles qui sont déjà alourdies par les dépenses relatives notamment aux séances de psychomotricités et des orthophonistes".
Le fonds d’appui à la cohésion sociale
Au titre de la Loi de finances 2021, l’intitulé du «Fonds d'appui à la cohésion sociale» a été modifié pour devenir «Fonds d'appui à la protection sociale et à la cohésion sociale». Le gouvernement a approuvé le Plan d’action national pour la promotion des droits des personnes en situation de handicap. Le montant alloué audit Fonds, consacré au soutien de cette catégorie, a été également revu à la hausse pour atteindre 206 millions de dirhams (MDH) en 2019, contre 111 MDH en 2016, soit une augmentation de 60%.
Pour le militant associatif, ce budget n’est pas suffisant pour mettre en place des programmes de qualité en faveur des enfants en situation de handicap. "Ce budget prend en charge l’aide à la scolarité, les activités génératrices de revenus et les équipements techniques. Quand on calcule tout cela, il ne reste plus rien pour répondre aux besoins des 20.000 enfants, payer les charges et offrir un service de qualité". Et de préciser aussi que "cette aide n’a pas été augmentée depuis 2016, alors que les charges augmentent. Sans oublier que seuls 10% des 5.000 cadres qui opèrent dans ce domaine disposent d’une couverture sociale. Comment motiver ces personnes? Pire encore ces personnes n'ont pas été payées pendant plusieurs mois". Devant un tel tableau, le militant associatif exhorte l’Exécutif à améliorer davantage la situation des personnes en situation de handicap et à leur donner accès à la scolarité et à la vie active au même titre que l’ensemble des citoyens.
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