Sport
Pression et enchaînement des matchs: quelle préparation pour le Wydad, le Raja et l'AS FAR?
08/03/2023 - 20:20
Nassim El KerfLes clubs marocains engagés en compétitions continentales réalisent pour le moment de très bons résultats. Que ce soit en Coupe de la Confédération (CAFCC) pour l'AS FAR, ou en Ligue des Champions pour le Wydad tenant du titre et le Raja, les résultats sont prometteurs. Les trois clubs sont en tête de leurs groupes respectifs, et enchaînent les matchs depuis quelques semaines à un rythme effréné.
En moyenne, les équipes citées disputent trois matchs par semaine entre les rencontres programmées en week-end et celles du milieu de semaines. Cette situation exceptionnelle, puisque la Coupe du Monde disputée en hiver a chamboulé tous les programmes, y compris celui de la Botola puisque les Lions de l'Atlas sont allés jusqu'au bout de la compétition (demi-finale et match de classement ndlr).
En cette période qui précède la prochaine trêve pour permettre aux équipes nationales de jouer matchs amicaux et éliminatoires de compétitions FIFA, les matchs s'enchaînent donc, et le risque de blessures et décuplé. Comment les équipes gèrent ou du moins, comment elles sont censées gérer cette situation?
Faire le plein en début de saison
Si aujourd'hui les matchs s'enchaînent au grand dam des entraîneurs des trois écuries citées, qui ont beau faire tourner leur effectifs se retrouvent obligés de prendre des risques compte tenu de la pression des résultats que vivent quotidiennement les trois locomotives du football marocain.
Jouer 3 matchs par semaine, sur une durée qui dépasse un mois n'arrive même pas en Europe où les moyens de récupération sont plus développés, c'est un fait. En Afrique, nous devons toujours nous adapter à quelques imprévus et quelques imprécisions de la programmation. Ce qui est certain, la Confédération Africaine de Football ne fera aucun cadeau et ne reportera aucun match.
A ce rythme, l'une des équipes perdra forcément pied ou devra "sacrifier" une compétition pour les yeux d'une autre. Sauf les écuries qui ont été assez efficaces en début de saison en faisant le plein de point et en s'adjugeant une marge d'avance sur leurs concurrents directs. Le Wydad et l'AS FAR font partie de ces équipes. Aujourd'hui, un faux pas dans une compétition ne sera pas forcément synonyme d'adieu. En cas de contreperformance en Botola, les Rouges et les Militaires auront l'occasion de se racheter. Ce qui n'est pas le cas du Raja qui a signé un début de saison catastrophique avec une petite victoire en 5 matchs.
Le faux pas du milieu de la semaine dernière à Tétouan a permis aux deux concurrents directs de prendre encore plus d'avance. Aujourd'hui, les Verts pointent à 10 points de l'AS FAR leader et 6 points du WAC, dauphin. Entre ces clubs, se glissent le Fath Union Sport, un 3e qui ne dispute aucune compétition continentale et qui réalise de bonnes performances en Botola.
Récupération, planification et Data
Les moyens de récupération utilisés par les clubs marocains ne sont toujours pas au niveau de ce qui se fait ailleurs. Que ce soit en Europe où aux pays du Golfe, l'accent est mis de manière parfois "exagérée" sur la récupération. Rien n'est laissé au hasard. Alimentation, hydratation, heures de sommeil, exercices et temps de repos, tout est calculé.
"Nous planifions le tout en début de saison, on essaye de ne rien laisser au hasard. Lors des réunions avant le début de saison nous passons en revue tous les scénarios possibles pour que tout le monde dresse ses objectifs afin que les différents staffs et les joueurs soient sur la même longueur d'ondes", confie, à SNRTnews, Youssef Dahbi, fitness coach et analyste de performance au club qatari d'Al Shamal.
L'ancien préparateur physique du Wydad relève également la question de la pression quotidienne que vivent les trois clubs marocains. "C'est différent aussi pour ces équipes (Raja, Wydad, AS FAR ndlr) qui sont tout le temps dans l'obligation de gagner. Parfois, l'entraîneur n'a même pas de marge pour faire tourner son effectif et c'est là que les problèmes commencent", poursuit le spécialiste. Il nous explique que face à cette pression de résultats, les coachs sont parfois obliger d'aligner leurs équipes types alors que physiquement, leurs joueurs sont arrivés à bout.
"Il y a aujourd'hui des moyens de connaître la limite des joueurs. On se repose beaucoup sur la Data. Les données récoltées nous servent à dresser et définir les spécificités de chaque joueur pour lui adapter un programme défini. On sait qui doit se reposer et quand, qui doit jouer plus et qui doit jouer moins et on adapte nos préparations en fonction de ces données", ajoute Youssef Dahbi, qui pour conclure, considère que d'autres facteurs aussi, beaucoup plus psychologiques entrent en jeu à ce niveau de la compétition.
"D'ici la fin de saison, les joueurs du Wydad risquent de souffrir. A force de changer d'entraîneurs, ils ont même manqué la préparation de la trêve du Mondial pour se mettre en jambe en attendant cette période compliquée. Le Raja en revanche bénéficie de la stabilité technique depuis le début de saison et le départ de Benzarti. L'AS FAR est une situation à part. Ce club a faim de titre et ses joueurs veulent tout gagner encore et ils n'ont pas vécu cette situation depuis longtemps. Ils se surpassent, même en terme de récupération, ils vont serrer les dents et donner leur maximum sans s'en rendre compte et tout naturellement".
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