Société
Quand la dépendance aux écrans menace le parcours scolaire des enfants
07/12/2021 - 07:00
Aïcha DebouzaRetrousser ses manches et imposer son autorité à sa progéniture qui dépend de plus en plus des écrans, pourrait paraitre pour nombre de parents, comme une réelle illusion. Il est bien vrai que l’univers dans lequel évolue aujourd’hui un enfant n’a rien à voir avec celui dans lequel il évoluait il y’ a plus d’une trentaine d’années. Mais laisser son enfant gérer son temps tout seul n’est pas la solution à choisir. "L’enfant ne parvient pas à arrêter ni à limiter sa consommation d’écran. Il est même incapable de se rendre compte du temps qu’il y passe", explique Meryam Boulmani, psychologue clinicienne.
Dans ce sens, et afin de comprendre ce qui se joue entre l’enfant et l’écran, il est important de connaître comment ce dernier agit et quels sont ses effets sur le cerveau indépendamment du contenu qu’il propose. "Lorsqu’un enfant fixe un écran pendant un moment, ses neurones sont en quelque sorte hypnotisés et prend donc beaucoup plus de temps à se développer que la moyenne", fait savoir la psychologue. En effet, selon plusieurs études faites sur ce sujet, il existerait deux effets majeurs de l’écran sur l’enfant: l’un direct, sa potentialité addictive, et l’autre indirecte, celui du temps volé à des compétences que l’enfant doit développer à cet âge.
Une faible capacité à se concentrer et à suivre un cours
Selon la spécialiste, les deux sont liés. Le caractère fortement addictif de l’écran générerait une impossibilité pour l’enfant de se détacher de cet objet et se trouve alors soustrait malgré lui à des apprentissages fondamentaux. "Il ne faut à aucun moment remplacer les échanges parents-enfant ainsi que la découverte sensorimotrice du monde par les écrans. Ceci pourrait engendrer des troubles du comportement qui seront par la suite suivis de problèmes scolaires, car l’enfant aura du mal à se concentrer, à suivre le cours ou encore à faire ses devoirs car il aura l’esprit dispersé", ajoute Meryam Boulmani.
La psychologue clinicienne détaille que ce comportement néfaste face aux écrans ainsi que le surplus d’informations que l’enfant reçoit dans un laps de temps pourraient engendrer, pour lui, une faible capacité à se concentrer, de l’anxiété, de l’hyperactivité et du mal à comprendre ce qu’on lui dit. Elle insiste sur le fait qu'un écran ne pourra jamais éduquer "dans les règles de l’art", un enfant car il n’y a pas d’interactivité. "Un enfant qui passe beaucoup de temps devant son écran aura du mal à suivre un cours, à écouter sa maîtresse ou encore à assimiler les règles respectées dans chaque classe. Ceci a, pour certains enfants, été la cause de leur décrochage scolaire."
Toujours selon Meryam Boulmani, si l’enfant acquiert, il est vrai, une excellente habileté motrice spécifique aux manettes de jeux, il s’avère en revanche que les difficultés graphiques sont de plus en plus fréquentes, ainsi qu’une mauvaise coordination motrice dans les activités manuelles et sportives. D’après cette dernière, les différents chercheurs constatent de plus en plus des retards de développement du langage chez les très jeunes enfants passant beaucoup de temps face aux écrans.
Lesdits spécialistes à travers le monde résument les troubles comportementaux et scolaires des mômes en une équation simple et facile. D’après eux, le cumul des heures passées par jour devant l’écran équivaut à des heures, voire des mois "perdus" d’apprentissage, primordial au développement ainsi qu’à la croissance de chaque petit. "Il faut donc pour chaque parent, proposer des activités de loisir à son enfant afin de le divertir et lui apprendre les compétences nécessaires à son développement dans un temps pareil. Il faut également surveiller la consommation des enfants aux écrans qui ne doit bien évidemment commencer qu’à partir de ses 6 ans et non pas avant", souligne Meryam Boulmani.
Par ailleurs, et pour les parents qui souffrent de la consommation excessive aux écrans de la part de leur enfant, la psychologue les conseille d’aller consulter, au plus vite chez un spécialiste afin d’avoir un accompagnement adéquat et surtout constructif en fonction du cas de l’enfant. "Les parents doivent accompagner leur enfant et l’aider en commençant d’abord par revoir leur propre consommation aux écrans ou du moins éviter de le faire devant leurs petits. Aller consulter chez un spécialiste ne suffit pas si nous ne faisons pas l’effort d’être un réel modèle à suivre pour nos enfants", conclut Meryam Boulmani.
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