Société
Compétences des élèves: le Maroc à la traîne selon le rapport PISA 2018
11/02/2022 - 07:00
Khaoula BenhaddouDepuis quelques années, le niveau de l’enseignement national s’est dégringolé pour atteindre le bas de l’échelle des classements mondiaux. Le rapport national PISA 2018 est venu encore une fois confirmer cette réalité et pointer du doigt les défaillances du système.
Réalisé avec le soutien de l’Agence Millennium Challenge Account-Morocco et l’appui technique de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), le rapport national PISA (Program for International Student Assessment) 2018 a été présenté le 9 février 2022 par l’Instance Nationale d’Evaluation (INE) relevant du Conseil Supérieur de l’Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique (CSEFRS).
Ce rapport est le fruit d’un appui apporté au titre du programme de coopération «Compact II», conclu entre le gouvernement marocain et le gouvernement des Etats-Unis, représenté par Millennium Challenge Corporation (MCC).
Les résultats de ce rapport, éclairent sur le niveau des élèves en rapport avec des compétences qui ne sont pas forcément représentées dans les programmes scolaires, mais qui restent indispensables pour renforcer leur employabilité et contribuer à leur réussite sur les plans professionnel, social et personnel.
64% des élèves ont participé à ce rapport
Le Royaume participe pour la première fois à ce rapport. Au total, 7.218 élèves âgés de 15 ans répartis sur 180 établissements ont participé aux tests. Cette tranche d’âge n’est pas choisie fortuitement puisqu’elle permet d’évaluer l’apprentissage des élèves avant la fin de la scolarité obligatoire durant laquelle ils sont censés acquérir un ensemble de connaissance et de compétences
Au Maroc, les élèves participant à PISA représentent 64% des jeunes. Ce pourcentage est parmi les moins élevés et est très inférieur à ce qui est enregistré en moyenne dans les pays de l’OCDE (88%).
Selon les résultats de ce rapport "36% des jeunes marocains de 15 ans ne sont pas couverts par l’enquête car ne sont jamais allés à l’école, l’ont abandonnée ou parce qu’ils sont encore au primaire, alors qu’ils devaient être en 10e année (tronc commun). Ces jeunes n’ont certainement pas acquis les compétences de base qui leur permettent de réussir leur vie et de participer activement au développement du pays. Il s’ensuit que l’inclusion, qui constitue un prérequis à l’équité et qui consiste à ce que tous les enfants puissent acquérir les compétences fondamentales essentielles (OCDE, 2019), n’est pas atteinte par le système éducatif marocain" lit-on dans le document.
Toujours selon le même document, la répartition par niveau d’étude varie selon le sexe des élèves. "Les garçons accusent plus de retard, et ils sont plus nombreux dans les niveaux scolaires 7 et 8 (30% des garçons contre 14% des filles)", précise le rapport et de poursuivre que "plus que la moitié des filles est aux niveaux 10 ou 11 (56%,dont la plupart au niveau 10) quand seulement 37% des garçons sont dans ces niveaux. Concernant la 9e année, la différence entre les deux genres est modeste: 34% des garçons et 30% des filles"
Redoublement: des chiffres alarmants !
Le rapport PISA dévoile au grand jour un les réels problématiques de l’enseignement national. Selon les données présentées, les jeunes participants à l’enquête sont très nombreux à accuser du retard : 49% ont redoublé au moins une fois durant leur cursus scolaire. Ce pourcentage est de loin le plus élevé parmi tous les pays participants et est largement supérieur à la moyenne de l’OCDE (11%).
En détail, l’étude explique que ce phénomène est "particulièrement plus répandu chez les élèves désavantagés sur le plan socio-économique comparativement à ceux avantagés, avec un écart de 37 points de pourcentage. Il en est de même pour les élèves scolarisés dans des établissements publics et qui comptent plus de redoublants dans leurs rangs relativement à leurs pairs du privé, soit un écart de 29 points de pourcentage".
Ce phénomène est également observé dans le monde rural puisque les élèves ruraux comparativement aux citadins et parmi les garçons comparativement aux filles, avec des écarts de 18 et 19 points de pourcentage, respectivement
Sciences, mathématiques...une équation difficile !
D'après les résultats de l’enquête PISA 2018, le Maroc se positionne en bas de l’échelle avec les pays qui ont enregistré les scores les plus faibles, et ce, aussi bien en compréhension de l’écrit qu’en mathématiques et sciences. "Les écarts enregistrés par rapport à la moyenne de l’OCDE sont considérables, allant de 112 en sciences à 128 en compréhension de l’écrit, soit presque l’équivalent de quatre ans d’école. Ces écarts s’amplifieraient si tous les jeunes de 15 ans avaient passé les tests" lit-on dans le rapport.
La répartition des élèves marocains sur les échelles de compétence de PISA (de 6 pour le niveau le plus élevé à un pour les moins compétents) montre qu’une part importante des élèves marocains n’atteint pas le niveau minimal de compétence, et ce dans les trois domaines (compréhension de l’écrit, mathématiques et sciences).
Un avenir flou
Selon l’étude PISA 2018, 54% des élèves marocains de 15 ans ont déclaré vouloir poursuivre leurs études. Mais seuls 34% parmi eux ont choisi cette option car la profession qu’ils souhaitent exercer nécessite un diplôme de l’enseignement supérieur. Les autres (20%) avancent comme raison le fait qu’ils ne savent pas quoi faire plus tard. Par ailleurs, 30% des élèves estiment qu’ils intégreront le marché du travail, soit parce que le métier qu’ils ont choisi ne requiert pas des études supérieures (14%), soit parce qu’ils veulent être indépendants financièrement (17%).
De plus de 140 pages, le rapport PISA décortique le système scolaire marocain et met en relief plusieurs de ses défaillances. Il permettra aux décideurs d’élaborer des programmes de remédiation et d’améliorer les apprentissages des élèves.
Pour rappel, PISA est une enquête internationale d’évaluation des compétences des élèves de 15 ans dans trois domaines, à savoir la compréhension de l’écrit, les mathématiques et les sciences.
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