Société
Réutilisation des eaux usées épurées: des résultats probants dans la Région Rabat-Salé-Kénitra
26/10/2022 - 11:52
Mohammed Fizazi
Lors de son discours à l’occasion de l’ouverture de la première session de la 2e année législative de la 11e législature, SM le Roi Mohammed VI est revenu sur la problématique de l’eau et les défis urgents et futurs qui s’y rattachent, notant que l’eau est aussi une composante essentielle du processus de développement et une ressource indispensable à la viabilité des projets et activités productives, dans leur ensemble.
"Au Maroc, la problématique de gestion des ressources en eau se pose avec d’autant plus d’acuité que le pays traverse actuellement la période de sécheresse la plus intense qu’il ait connue depuis plus de trois décennies", a avancé SM le Roi dans son discours du 14 octobre.
Sa Majesté a rappelé que le Maroc a adopté, dès le mois de février 2022, dans le cadre du Plan de lutte contre les effets de la sécheresse, des mesures d’anticipation visant à garantir la disponibilité de l’eau potable, à soutenir les agriculteurs et à préserver le bétail.
Il a précisé par la même occasion que "conscient que la sécheresse est un phénomène structurel dans notre pays, Nous avons toujours attaché une importance capitale à la problématique de l’eau, sous tous ses aspects". Nombreuses sont ainsi les réunions qui ont été consacrées à ce sujet et qui ont permis d’aboutir à l’élaboration du Programme national prioritaire de l’eau 2022-2027.
Dans cette même lignée, SM le Roi a rappelé que depuis son accession au Trône, il a poursuivi avec constance et détermination la politique de construction des barrages. C’est ainsi que plus de 50 nouveaux ouvrages de grande ou moyenne taille ont été érigés et que 20 autres sont en cours de construction. Ajoutant qu'indépendamment de la pluviométrie qui marquera les années à venir, il s'attache à accélérer la réalisation de ce Programme dont les projets sont répartis à l’échelle du Royaume.
SM le Roi cite particulièrement l’achèvement de la construction des barrages programmés, la mise en place d’interconnexions hydrauliques et la réalisation de stations de dessalement de l’eau de mer. En plus de l’affermissement de l’orientation visant à assurer l’économie de l’eau, notamment en matière d’irrigation.
"Le Maroc n’est pas le seul pays touché par la sécheresse et la rareté des ressources hydriques: sous l’effet du changement climatique, ces deux problèmes sévissent désormais à l’échelle de toute la planète", a tenu à préciser SM le Roi, tout en soulignant que l’état actuel des ressources hydriques interpelle plus que jamais le gouvernement, les institutions et les citoyens. "Il exige de Nous, un devoir de vérité et de responsabilité, dans notre action pour remédier aux faiblesses et aux carences qu’elle révèle", a-t-il insisté.
Par ailleurs, SM le Roi Mohammed VI a déclaré que le problème de l’eau ne doit pas servir de prétexte à la surenchère politique, ni d’argument pour alimenter des tensions sociales, notant que la situation incombe à tous les Marocains de redoubler d’efforts pour faire un usage responsable et rationnel de l’eau.
"Cela passe par un changement véritable de comportement dans notre rapport à l’eau. Et en la matière, les administrations et les services publics se doivent de donner l’exemple", a-t-il souligné, tout en ajoutant qu'il faut également assurer une gestion optimale de la demande, en concomitance avec les réalisations en cours, en matière de mobilisation des ressources hydriques. "A moyen terme, il conviendra de renforcer notre politique volontariste de l’eau et de rattraper le retard dans ce domaine", a-t-il fait savoir.
Le Roi Mohammed VI a également mis l'accent sur le devoir de responsabilité qui impose désormais "des choix durables et intégrés, ainsi que davantage de solidarité et d’efficacité et ce, dans le cadre du nouveau Plan national de l’eau dont Nous appelons de nos vœux la mise en œuvre diligente". Dans ce contexte, SM le Roi a décliné des orientations qui serviront de feuille de route pour faire face de manière efficace à la problématique de la rareté de la ressource Eau.
-Premièrement: il s'agit de lancer des initiatives et des projets plus ambitieux, par le recours aux innovations et technologies nouvelles, dans le domaine de l’économie de l’eau et de la réutilisation des eaux usées.
-Deuxièmement: il est impératif d’accorder une attention particulière à une exploitation rationnelle des eaux souterraines et à la préservation des nappes phréatiques, en mettant fin au phénomène de pompage illégal et au creusement de puits anarchiques.
-Troisièmement: il est essentiel de garder à l’esprit que la question de l’eau n’est pas l’affaire exclusive d’une politique sectorielle isolée, mais qu’elle constitue une préoccupation commune à de nombreux secteurs. "Il en résulte que les stratégies sectorielles doivent être constamment mises à jour en fonction de la pression exercée sur les ressources en eau ainsi que sur leur évolution future", a-t-il recommandé.
-Quatrièmement, a conclu SM le Roi, il est indispensable de prendre en compte le coût réel de l’eau à chaque étape de la mobilisation de cette ressource, de considérer ce que cela implique en termes de transparence et de sensibilisation aux différents aspects de ce coût.
Au regard de la situation hydrique actuelle, et pour s’inscrire dans les orientations du discours de SM le Roi Mohammed VI, l’accent a été mis sur l’importance de l’utilisation des eaux non conventionnelles pour les grands espaces quelles que soient leurs natures, tels que les complexes sportifs, les universités, les Administrations,... une orientation que SM le Roi a confirmée lors de son discours.
Des résultats probants à Rabat
Dans ce sillage, il convient de noter l'exemple de Rabat en matière d'économie d'eau. En effet, cette ville qui fait état d'un taux de couverture du système de réutilisation des eaux usées épurées de 94%, a vu sa consommation globale en eau potable chuter de 10,8% à fin septembre. Ainsi, grâce à l’utilisation des eaux non conventionnelles pour l’arrosage et l’amélioration du rendement du réseau d’eau potable, elle économisé un volume de 4,1 millions de mètres cubes.
D'ailleurs, la réutilisation des eaux usées épurées pour l’arrosage des espaces verts publics et des golfs sera généralisée sur toute la conurbation de Rabat, Salé, Témara et Skhirat. Le projet consiste en l’arrosage de tous les espaces verts publics et des golfs des villes précités, à travers un système de réutilisation d’une longueur de réseau de 310 km, alimenté par six stations de traitement tertiaire totalisant une capacité minimale de 56.000 mètres cubes par jour. Actuellement, un réseau de 190 km a ont été déployé pour une production journalière de 36.000 mètres cubes.
Mode de financement
Ce projet va permettre de préserver les ressources d’eau naturelles, valoriser le potentiel d’eaux usées disponibles dans la zone et réduire le flux de pollution résiduelle rejetée dans les milieux récepteurs. Il permettra également d’accélérer la mise en place des projets de dépollution domestique industrielle pour, d’une part augmenter le potentiel hydrique des eaux usées réutilisables, et d’autre part d’assurer la pérennité et la qualité de ces eaux usées épurées, notamment contre le risque induit par la pollution industrielle.
Le projet vise également à réduire la pression croissante sur les ressources en eau conventionnelle et aligner la région sur les principes de développement durable par l’accroissement des performances environnementales et la durabilité des projets d’assainissement.
A noter que le financement du projet a été possible grâce à un partenariat regroupant le ministère de l’Equipement et de l’eau, le ministère de l’Intérieur, la Wilaya de la Région Rabat-Salé-Kénitra, la Région Rabat-Salé-Kénitra, les conseils provinciaux et préfectoraux de Rabat, Salé et Skhirat-Témara, les communes de Rabat, Salé, Témara, Skhirat et Harhoura, l’ECI Al Assima, l’ONEE, la société Rabat Région Aménagement et l’Agence du bassin hydraulique du Bouregreg.

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