Société
Saghir Mabrouk sur les fouilles archéologiques: le patrimoine judéo-marocain continue de livrer ses secrets
09/03/2023 - 18:44
Khaoula BenhaddouSNRTnews: l’année dernière, votre équipe a mené des fouilles archéologiques sur le patrimoine judéo- marocain à Tata. Parlez-nous de cette découverte?
Saghir Mabrouk: il s’agit de fouilles archéologiques sur le patrimoine judéo-marocain réalisées dans le cadre d’une convention entre le Maroc et Israël, plus précisément entre l’institut national d’archéologie et du patrimoine et l’Université Ben Gourion du Néguev. C’est la première fois qu’on fait une recherche archéologique au Maroc sur le patrimoine judéo-marocain. Depuis sa création, l’institut n’a jamais fait une fouille archéologique, certes il y a des études sur l’histoire, l’anthropologie... mais au niveau archéologique, on n'a jamais fait une fouille archéologique sur ce patrimoine. Donc l’année dernière, nous avons fait une fouille sur la synagogue Agred à Tammennart, dans la province de Tata où on a relevé beaucoup d’objets archéologiques comme des manuscrits. C’est un site extraordinaire qui a livré plus de 19 cartons de manuscrits, enfuit sous-sol. C’est une vraie richesse pour le Maroc et pour l’histoire du Maroc.
Après Tata, vous avez réussi à trouver d’autres manuscrits hébreux à Akka !
Exactement, cette année, on a fouillé la synagogue d’Akka qui s’appelle Tagadirt. ce magnifique site nous a livré des manuscrits hébreux et des objets d’art comme des parures de femmes, des Khmissa, de la céramique et de la faune animale. Le plus important, c’est qu’on a trouvé des fragments de manuscrits en hébreu.
Avez-vous déchiffré ces manuscrits?
Nous avons réussi à déchiffrer les manuscrits écrits en hébreu. Il s’agit d’actes de mariage, d’actes de vente et d’achats mais aussi de manuscrits relatifs au Torah. Mieux encore, nous avons trouvé également des manuscrits en berbère écrit en hébreu qui sont très intéressants. Tous les objets sont en pleine étude actuellement. La date de ces documents se situe entre le 16ème et le 20ème siècle, sauf erreur.
Qu'adviendra-t-il des synagogues ayant fait l'objet de fouilles?
Je tiens à préciser que notre intervention archéologique se termine souvent par une restauration du monument. On ne fouille pas seulement pour dégager les objets d’art mais aussi pour sauvegarder les structures anciennes du monument pour essayer de le restaurer et garder son originalité. Chaque synagogue fouillée est restaurée.
Peut-on avoir plus de détails sur l’équipe qui s'est chargée des fouilles?
L’équipe se compose du Professeur Saghir Mabrouk Archéologue et directeur du projet sur le patrimoine judéo- marocain, du Professeur Yekuteili archéologue et professeur, d'Orit Oknine, anthropologue de l'Université Ben Gorioun du Néguev, de Salima Naji, architecte et anthropologue, et de David Goeury, géographe paysagiste, sans oublier les étudiants stagiaires qui nous accompagnent durant les fouilles.
Combien a duré cette opération de fouilles archéologiques?
La convention s’étale sur 5 ans pour pouvoir faire le tour du Maroc. On a commencé par le sud du Royaume qui regorge de Mellahs et de patrimoine architectural abandonné ou délabré à cause des intempéries ou des interventions humaines. On a essayé de faire des fouilles préventives pour sauvegarder et préserver le monument le plus tôt possible mais il nous reste toujours des découvertes au niveau du Maroc. J’ai déjà fait un doctorat d’état sur le Maroc oriental et je peux vous garantir qu’on a des choses extraordinaires notamment à Debdou qui renferme plus de 40 synagogues et 2 cimetières anciens et des Mellahs. Figuig est connu également par ses Mellahs et synagogues qui contiennent des documents très intéressants. C’est une nouvelle fenêtre et un nouveau projet de recherche archéologique au Maroc qui va nous livrer beaucoup de secret.
Quelle est la prochaine étape de votre tournée?
La prochaine étape sera à Tahla au sud marocain qui renferme aussi un Mellah et une synagogue abandonnée.
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