Politique
Sahara marocain-Espagne: vers une position plus tranchée de l’UE?
19/03/2022 - 11:27
Imane BenichouLe soutien espagnol à l’initiative marocaine d’autonomie pourrait-il alors inciter l’Union européen à avoir une position claire en faveur de la souveraineté du Royaume sur son Sahara ? "Il s’agit d’un shift de paradigme, une évolution notable et positive dans la doctrine géostratégique et diplomatique d’un pays européen voisin et partenaire important qu’est le Royaume d’Espagne", répond Amine Laghidi, expert international en diplomatie économique et stratégies de développement.
Ce soutien "clair et cristallin", qui se rajoute à celui de la République fédérale d'Allemagne, "aura certainement son incidence positive, encourageant d'autres pays amis du Maroc, amis de la souveraineté et de la légitimité à exprimer clairement leur soutien à la souveraineté nationale du Maroc sur tout son territoire, provinces du sud comprises", a-t-il déclaré.
Une victoire de l’Afrique
"Cette victoire de la diplomatie royale est une victoire du Maroc mais également de l'Afrique", a fait savoir Laghidi. "L’appel du Maroc a toujours été un appel pour réviser les relations Nord-Sud, dans le respect des ambitions des peuples, des défis du présent mais aussi des challenges et opportunités qu'apporte le future", a-t-il expliqué.
Il s’agit, pour l’expert, d’une victoire "avec" l'Espagne et non contre l'Espagne, "une victoire pour un avenir meilleur dans le bon voisinage, la stabilité, l'intégrité territoriale, la souveraineté et la prospérité mutuelle", une victoire contre "les séquelles du passé, les ennemis de la souveraineté" et contre "un reliquat de pensée qui supposait, du moins pour certains, que pour que l'Espagne soit forte et prospère, il faut que son voisin du Sud soit affaibli et divisé". "Cette doctrine est révolue depuis longtemps. Le communiqué d’aujourd’hui est son acte de décès formel et officielle", a-t-il encore souligné.
Un "timing important"
Ceci dit, "le timing est tout aussi important que la réponse en elle-même", a commenté Laghidi. "La publication du communiqué de la Maison Royale, du Protocole et de la Chancellerie une heure seulement après celle du message du président du gouvernement espagnol est riche en sens", a-t-il expliqué.
Il s’agit d’"une indication claire que le message du président espagnol Sanchez n’est pas une communication d’ouverture de débat, mais plutôt une clôture, une confirmation publique d’un accord déjà entériné".
Et de poursuivre que le monde et l’Europe en particulier ont besoin aujourd’hui d’un Maroc fort. "Un Maroc fort est un Maroc qui joue son rôle pleinement de pilier de paix et de sécurité dans le bassin sud méditerranéen et dans tout le continent africain, et non pas de gardien".
"Un Maroc fort" est, selon Laghidi, un Maroc qui joue pleinement, "sa prérogative de locomotive de développement et de prospérité aussi bien pour l’Afrique, que pour le reste du monde et ses partenaires stratégiques, y compris l’Europe". "Il s’avère que l’Europe a besoin de ces deux points en urgence".
Un effet miroir
"On retrouve le socle de cet accord dans le message du Chef du gouvernement espagnol, un message a effet miroir, qui reflète fidèlement, dans le corpus, dans le choix des mots et dans la structure du texte l'essence de la main tendu par SM le Roi Mohamed VI que Dieu l'assiste, notamment dans 3 discours clefs, à savoir celui du 20 août 2021, du 6 novembre 2021 et du 18 février 2022 au Sommet UE-UA", a déclaré Amine Laghidi.
Il a ensuite expliqué que ces discours clairs et directs contenaient les mêmes éléments de langage qu’on retrouve dans le message du président Sanchez, à savoir le respect mutuel, les ambitions du futur, l'héritage mutuel et l’immigration. "Je rappelle ici le rôle clé de SM le Roi comme Champion d’Afrique en matière d’immigration et ce rôle était le sujet du dernier paragraphe du discours royal adressé aux participants du sommet UE-UA. Ce sujet est également le dernier évoqué dans le message de M. Sanchez envoyé vendredi 18 mars 2022", a-t-il noté, rappelant aussi que la dernière phrase du discours royal adressé aux participants de ce sommet est "une phrase courte mais riche en sens et en puissance". SM a alors adressé ses vœux aux 81 pays souverains participant à ce sommet. "Il n’y a que 81 pays souverains parmi les participants. Le sujet est clos. La souveraineté du Maroc n’a jamais été discutable et ne le sera jamais", a tonné Laghidi.
L'effet miroir s'étend également, selon l’expert, au discours royal du 6 novembre 2021 à l'occasion de la Marche verte. "SM s’était adressé clairement aux amis du Maroc, à ses partenaires étrangers. Il n’y avait plus désormais de zones grises, soit vous êtes avec le Maroc, soit vous ne l’êtes pas, rappelant au passage que la souveraineté du Royaume du Maroc sur son Sahara n’a jamais été mise sur la table des discussions et ne le sera jamais".
Pour Laghidi, la réponse du président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez est "une réponse historique", "un soutien de la proposition marocaine du Plan d’autonomie marocain, un plan sous souveraineté nationale marocaine", a-t-il conclu.
En février 2021, le ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, avait déclaré que l’Europe est appelée à sortir de sa zone de confort et à soutenir la dynamique positive en cours au Sahara marocain. La reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara est "une évolution naturelle de la position américaine qui, depuis 2007, considère l’initiative d’autonomie marocaine comme une base sérieuse et réaliste pour trouver une solution définitive à ce différend régional", a-t-il affirmé, soulignant que cette position "renforce les chances d’une solution définitive". Il a rappelé qu’à fin janvier dernier, 42 pays soutenaient cette démarche.
"Il ne s’agit pas d’une position isolée, mais d’une tendance au niveau de la Communauté internationale", avait-il précisé. "Il suffit que l’Europe sorte de sa zone de confort et soutienne cette tendance internationale. Le processus a tourné en rond pendant des années", et qu’aujourd’hui, "une orientation émerge et c’est cette orientation-là que l’UE doit épouser également", a-t-il poursuivi.
Vendredi 18 mars, un communiqué du cabinet royal a affirmé que "l’Espagne considère l’initiative marocaine d’autonomie comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend" au sujet du Sahara marocain. Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, dans un message adressé à SM le Roi Mohammed VI, a souligné qu’il "reconnaît l’importance de la question du Sahara pour le Maroc". A ce titre, "l’Espagne considère l’initiative marocaine d’autonomie, présentée en 2007, comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend".
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