Société
Le vaccin de Sanofi se positionne d'abord en tant que "booster"
08/03/2022 - 12:05
Aïcha DebouzaL’entreprise n’attend plus que le feu vert des autorités sanitaires pour mettre sur les marchés européens et américains son vaccin conçu contre la Covid-19. Reste à savoir la place de ce produit, initialement prévu pour juin 2021, dans l’arsenal de lutte contre la maladie. Car après tout, les sérums à ARN messager ont raflé le gros du marché et la vague Omicron est actuellement en déclin à travers le monde.
En attente de l'approbation
En cas de feu vert, les premières doses du vaccin pourraient être disponibles au printemps en France. "Le vaccin Sanofi-GSK a été bien toléré chez les sujets jeunes comme chez les sujets plus âgés, et aucun signal de sécurité n’a été observé. Les deux entreprises ont entamé des discussions avec les autorités réglementaires, dont l’agence américaine (FDA) et l’Agence européenne des médicaments (EMA), et prévoient de soumettre l’intégralité des données obtenues sur ce candidat-vaccin en support de leurs demandes d’autorisation de mise sur le marché", explique Aziz Yousfi Malki, directeur de communication et RSE Sanofi Maroc.
Mais Sanofi devrait le commercialiser en priorité comme "booster" (ou rappel), les besoins portant aujourd’hui sur la vaccination de rappel. Les données publiées ce mercredi 23 février 2022 montrent une multiplication de 18 à 30 fois des anticorps neutralisants quand son vaccin est utilisé en troisième dose. "C’est un vaccin qui peut être utilisé soit en une dose de rappel ou en deux doses pour les personnes qui n’ont jamais fait de vaccin, puisqu’il a démontré une certaine efficacité. Maintenant, tout dépendra de la nature de l’autorisation que les autorités sanitaires des différents pays vont lui donner", détaille Aziz Yousfi Malki.
Un retard accumulé
En réalité, Sanofi a dû changer de braquet à l’automne dernier et privilégier un positionnement comme "booster" en raison du retard accumulé. En décembre 2020, il avait annoncé un problème de dosage qui l’avait conduit à recommencer la phase II de son essai clinique. Puis en fin d’année dernière, il avait rencontré des difficultés à trouver des personnes jamais contaminées à la Covid-19, une nécessité pour mener des essais fiables.
Peu de temps après, ledit vaccin a été utilisé en primo-vaccination. À raison de deux doses, le vaccin Sanofi-GSK a permis d’obtenir, toujours selon Aziz Yousfi Malki, des niveaux élevés d’anticorps neutralisants, avec une moyenne géométrique des titres (MGT) pouvant atteindre 3.711 unités. À titre de comparaison, la MGT mesurée dans un panel d’échantillons de sérum de volontaires de la même tranche d’âge, ayant reçu deux doses d’un vaccin à ARNm déjà approuvé et hautement efficace, s’est établie à 1.653 unités. Ces mesures ont été effectuées simultanément par le même laboratoire. "Lorsque le vaccin Sanofi-GSK a été utilisé en primo-vaccination (deux doses) suivie d’une vaccination de rappel, les titres d’anticorps neutralisants ont augmenté de l’ordre de 84 à 153 fois comparativement aux titres précédant l’administration de la dose de rappel", explique encore la même source.
Conséquence, Sanofi – qui prévoyait initialement de produire jusqu’à 1 milliard de doses – a dû revoir ses ambitions à la baisse et se contenter d’un rôle secondaire dans la lutte contre la Covid-19. À ce jour, l’Union européenne et la Grande-Bretagne lui ont commandé 75 millions de doses, les États-Unis 100 millions. On est loin des volumes prévus initialement. En septembre 2020, Sanofi et GSK s’étaient engagés à fournir jusqu’à 300 millions de doses aux États membres de l'UE. "Le Maroc devra, s’il souhaite s’en procurer, lui aussi déposer un dossier d’approbation au niveau de la Direction du médicament et de la pharmacie auprès du ministère de la Santé et de la protection sociale", conclut Aziz Yousfi Malki.
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