Société
SIEL 2022 : Focus sur l'engagement civique des Marocains dans les pays anglo-saxons
08/06/2022 - 13:22
MAPLors de cette rencontre, placée sous le thème "Approches anglo- saxonnes : participation civique des minorités en Grande-Bretagne et aux États-Unis", plusieurs membres de la communauté marocaine ont livré des témoignages sur leur engagement civique dans leur pays d’accueil, leur participation à la vie politique et le respect de leurs droits en tant qu’individus faisant partie des minorités ethniques dans des pays anglo-saxons, en répondant aux questions de Souad Talsi, membre du CCME en Grande-Bretagne.
"En Grande-Bretagne, 13% de la population sont des BME (Noirs et minorités ethniques) et sont représentés au Parlement à hauteur de 10% des députés, ce qui est presque proportionnel et encourageant", a souligné Talsi à l'entame de ce débat.
"La communauté résidant en Grande-Bretagne est petite et il est donc naturel que nous assistions à une faible participation politique. Cette rencontre est une opportunité d'engager la troisième et la quatrième génération de jeunes dans ce débat afin de renforcer la participation politique de tous les Marocains résidant en Grande-Bretagne", a ajouté cette militante marocaine qui a été officiellement élue membre de l'Ordre de l'Empire Britannique, une distinction qui lui a été décernée pour son travail associatif auprès de la communauté marocaine en Grande-Bretagne, dans le cadre du centre Al Hassanya pour les femmes marocaines.
Selon Hamza Taouzzale, maire de Westminster à Londres et titulaire d’un master en sciences politiques, "beaucoup de Marocains ont la compétence et le profil pour présenter et représenter leurs concitoyens mais il faut encore qu’ils soient encouragés à s’y engager".
"Westminster est faite de diversité entre plusieurs nationalités, à laquelle je participe aussi avec mon héritage marocain tout en incarnant toutes les valeurs de Grande-Bretagne", a-t-il affirmé, formulant le vœu d’être un exemple à suivre pour les jeunes générations de Marocains dans son pays et au sein de sa communauté qui l’a élu ou pour les minorités en général.
"Célébrer mon succès c’est permettre à l'autre de réaliser qu’il a une chance à saisir", a lancé à l'assistance Taouzzale, devenu à 22 ans le plus jeune et premier maire musulman de Westminster.
Dans son intervention, Tarik Oumazzane, professeur d'histoire et de relations internationales à l'Université de Nottingham au Royaume-Uni, a souligné que le Maroc et la Grande-Bretagne ont "un pan d’histoire en commun et une relation consciencieuse depuis plus de 800 ans", qui doit être mieux connue et étudiée par la jeunesse marocaine dans les manuels scolaires et programmes universitaires.
Il a, dans ce cadre, évoqué la découverte du dinar marocain dans la mer anglaise, la relation solide qu'entretenaient le Roi Jean d’Angleterre et Mohammad an-Nasir de la Dynastie Almohade, ou durant le siècle XVIè siècle, les accords commerciaux conclus par la Reine Élisabeth I d’Angleterre et le Sultan marocain Ahmed al-Mansour, la période fascinante de Moulay Ismail et du Roi Charles II, le célèbre ambassadeur envoyé en Grande-Bretagne Mohamed Ben Haddou, qui avait fait l’objet de plusieurs récits historiques le décrivant comme "la personnalité la plus élégante de la Cour ou comme une personne extrêmement civilisée".
De son côté, Hanane Abouhakim, docteur en génie chimique et procédés et associée de recherche à l'Université Buckinghamshire au Royaume-Uni, a décrit le ressenti au quotidien d’une femme musulmane, africaine, marocaine et portant le hijab dans un pays comme l’Angleterre où elle pratique le métier d’ingénieur, souvent perçu comme un domaine masculin.
Pour ce qui est de son expérience universitaire et professionnelle en Angleterre, Abouhakim, qui a aussi travaillé chez le géant pharmaceutique Astra Zeneca, a affirmé n'avoir jamais réalisé, au fil de son parcours, qu’elle faisait partie d’une minorité ou été attaquée pour son hijab, définissant la Grande-Bretagne comme une société d’épanouissement et d’accomplissement.
"Au-delà des communautés, beaucoup de personnes sont en train de se mettre ensemble pour avoir eu en commun des traits qui transcendent l’ethnicité", a expliqué, pour sa part, Khalid Lyamlahy, ingénieur, docteur en langues médiévales et modernes de l'Université d’Oxford et professeur à l’Université de Chicago.
"Les gens sont très curieux. Mes étudiants par exemple sont avides de connaître les traditions marocaines. Mais pour leur faire aimer cette culture, il faut faire au-delà du simple métier de professeur et se sentir représentant de cette culture et aimer communiquer avec l’autre", a conclu Lyamlahy, qui a vécu en France, en Angleterre et aux Etats-Unis.
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