Politique
Stratégie de l'eau : Et si on évitait le naufrage ?
10/02/2021 - 11:21
SNRTnewsDans un rapport, dévoilé mardi 9 février 2021 lors de la séance annuelle consacrée à "la stratégie nationale de l'eau 2009-2020" présidée par Hakim Benchamach, président de la Chambre des conseillers, le groupe de travail a présenté un ensemble de recommandations visant à suivre les défis de la gestion des ressources hydrauliques, notamment dans les domaines de la protection contre les inondations et de la rationalisation de l'eau.
Risques et obstacles
Le rapport d’enquête parlementaire a enregistré une carence juridique en matière d’évaluation des mesures mises en œuvre dans le cadre du plan national de protection contre les inondations. Il a en outre indiqué la présence de divers chevauchements au niveau des spécialisations, en raison de la multiplicité des intervenants publiques et de l'absence d'une stratégie commune de protection contre les inondations.
En 2002, le secteur de l'eau a effectué une étude concernant le plan national de protection contre les inondations qui a permis de procéder à l'inventaire de près de 400 sites menacés par les crues au Maroc. Des études et des consultations ont, par la suite, été menées au niveau des agences de bassins hydrauliques et des différents secteurs concernés. Toutefois, le rapport a considéré que les mesures prises ne sont pas à la hauteur des objectifs définis par le Plan national de protection contre les inondations.
Le rapport cite plusieurs obstacles ayant entravé une mesure optimale du risque d'inondations, notamment l'absence d'une définition complète du domaine public, «chose qui a entraîné la construction de bâtiments dans les vallées fluviales, et donc l'occupation des terres dans les zones à risque».
Le rapport a également fait le point sur le manque d'entretien des cours d'eau et de planification des ressources en eau. Un manque qui se manifeste par le déversement aléatoire des déchets ménagers, la présence d'un couvert végétal inadéquat sur les berges et les ruisseaux des rivières et le comblement de ces derniers afin d'élargir les espaces de construction, ainsi que l'effondrement et le glissement de berges instables ou de barrières érigées pour protéger l'espace constructible.
Dans son rapport, le groupe de travail parlementaire a souligné la nécessité d'améliorer la coordination et la concertation entre les différents acteurs, notamment le ministère de l'Equipement, du transport de la logistique et de l'eau, les agences de bassins hydrauliques et la direction des études et des prévisions financières.
Recommandations
Une convergence accrue des politiques et programmes de l'eau demeure un gage de l'efficience de la stratégie nationale du secteur, a estimé le Groupe de travail thématique. Il convient, à cet effet, de tenir compte des spécificités de chaque région pour qu'elle puisse relever les défis actuels et futurs, tout en définissant les rôles et les responsabilités des parties prenantes afin d'y parvenir, relève le rapport.
Parmi les recommandations du groupe de travail, figure l'élaboration d'une carte régionale pour la diversification de la production agricole compte tenu des ressources disponibles en eau, dans le souci de l'extension des superficies cultivées. Il s'agit aussi d'accorder une attention particulière à la complémentarité entre les projets de barrages et les projets agricoles dans un esprit de valorisation de l'eau.
Le document insiste, d'autre part, sur la mise en œuvre effective de la politique climatique au niveau des villes et des espaces territoriaux, avec à l'appui les nouvelles prérogatives dévolues aux conseils régionaux en termes d'aménagement du territoire et de schéma directeur régional comme leviers de mobilisation à l'échelle territoriale.
En outre, il appelle à poursuivre la réalisation des barrages collinaires, tout en œuvrant à mobiliser les eaux de crues pour alimenter la nappe phréatique, et à promouvoir les cultures qui s'adaptent mieux aux changements climatiques. Le groupe de travail plaide aussi pour la protection des ressources en eau contre la pollution à travers une application rigoureuse des lois y afférentes et l'obligation de dépollution de l'eau usée et sa valorisation, en vue de son utilisation à des fins agricoles.
L'accent a été également mis sur la nécessaire concrétisation du principe de solidarité en matière d'eau conformément à la loi en vigueur pour répondre aux besoins des provinces confrontées à des pénuries d'eau. Sur le même ordre d'idées, le document recommande de mener des études sur les moyens d'évaluer les ressources disponibles en eau et d'agir pour leur protection contre les risques de surexploitation. Il appelle aussi à hâter l'adoption des décrets d'application stipulés dans la loi 36.15 relative à l'eau, afin de permettre aux intervenants d'accomplir leurs missions comme il se doit.
La promotion du rôle de la police de l'eau, le renforcement des moyens des agences des bassins hydrauliques en les dotant de ressources humaines suffisantes et la mise en place de programmes de sensibilisation à l'économie de l'eau sont également parmi les recommandations du groupe de travail.
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