Société
Terrorisme: l’histoire d’une française interpellée grâce aux renseignements marocains
19/04/2021 - 00:57
SNRTnewsLes autorités françaises compétentes ont procédé, les 3 et 4 avril à des opérations d'interpellations de cinq femmes, parmi elles, une adolescente de 18 ans qui s'apprêtait à commettre un acte terroriste imminent visant un lieu de culte en France. Les risques de ce projet terroriste ont été neutralisés grâce à des "informations précises" fournies le 1er avril par les services de renseignements marocains, et plus précisément par la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST). Retour sur l’histoire de Leila B., cette adolescente "en perdition", "tourmentée" et "engagée dans une démarche nihiliste". Une histoire racontée par le journal "Le Parisien" dans son édition du 18 avril.
Sur son journal intime, Leila B. partageait un peu de tout, "des représentations de pistolets, de couteaux, des schémas de fabrication d’explosifs, des sourates incitant au djihad, des croix gammées, un croquis d’un soldat nazi ou d’un bourreau de Daech tenant une tête décapitée. On y lit aussi l’autrice s’épancher longuement sur l’avancée de ses « plans » au fil des mois", rapporte le journal français.
"Il est 12 h 11, je viens de me réveiller et j’ai plein de trucs à faire, écrit-elle le 9 novembre 2020. Je dois aller acheter une tenue, de l’eau oxygénée, un récipient en verre […] Bientôt tout sera fini, bientôt, je me vengerai. À partir de maintenant, personne ne pourra m’arrêter…"
De nombreux projets terroristes "plus inquiétants les uns que les autres" étaient également inscrits sur son carnet. "La jeune femme a, par exemple, griffonné un plan détaillé de son lycée, ainsi que celui de son immeuble en y inscrivant des cibles et une représentation d’un revolver".
Des renseignements "de dernière minute"
Quelques jours avant l’interpellation de la jeune femme, les policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure française (DGSI) ont reçu une information "inquiétante de dernière minute" émanant des services de sécurité marocains qui adhèrent aux mécanismes de coopération internationale de lutte contre les organisations terroristes.
Ces informations comprenaient des données personnelles sur la jeune adolescente et ses données d'identité électroniques. Les autorités françaises ont été également informées "en temps utile" que Leila était en phase finale d'exécution de son projet terroriste suicidaire à l'intérieur du lieu de culte, a-t-on appris d’un communiqué de la DGST. Elles ont également reçu des informations sur son niveau d'extrémisme et sur "son intention imminente" de commettre des actes de meurtre et de décapitation en s'inspirant des vidéos et des contenus numériques diffusés par l'organisation terroriste Daech, que la jeune visionnait régulièrement.
Selon l’enquête de la DGSI, dont le parisien a pris connaissance, Leila était "une jeune Française convertie à l’islam, qui s’apprêterait à commettre un attentat le week-end de Pâques, en attaquant des fidèles au sabre dans une église de Montpellier ou de Strasbourg".
Les services de sécurité marocains ont précisé qu’elle utilise un compte Telegram sous le pseudonyme Ab_2 770, précise le journal, ajoutant qu’"un compte Twitter, intitulé de façon identique, avait été signalé en mars sur la plate-forme policière Pharos après la publication d’une vidéo montrant des enfants soldats du groupe État islamique (EI) exécuter des otages. L’adresse IP est identifiée comme appartenant à la mère de Leila B".
Des découvertes "bien plus troublantes"
En rentrant à sa chambre, les services de sécurités françaises ont fait "des découvertes bien plus troublantes" : un poster des tours du World Trade Center en feu , des photographies imprimées du corps mutilé de Samuel Paty, l’enseignant assassiné par un djihadiste en région parisienne, un couteau de cuisine de 30 cm posé sur la table de chevet et des éléments rentrant dans la composition d’explosifs artisanaux (bouteilles d’acide sulfurique, d’acétone, d’alcool à brûler, des seringues, des fils électriques).
"Aucun dispositif n’est finalisé ni prêt à l’emploi. Mais une trace de brûlure au sol de 15 cm de diamètre laisse penser que des tests ont été réalisés. Un montage qui ressemble à un début d’engin explosif — des bouteilles reliées à une batterie de téléphone portable — interroge aussi les enquêteurs", écrit le journal français.
Dans sa chambre, Leila disposait d’une vue "imprenable" sur l’édifice religieux depuis sa fenêtre. Dans les dernières pages de son journal, un schéma de repérage de cette église a été découvert, avec des inscriptions sur les horaires d’ouverture et les points stratégiques d’affluence.
"Fascinée par la mort et la violence extrême"
Leila B. était une adolescente "en perdition", "engagée dans une démarche nihiliste", "fascinée par la mort et la violence extrême" et "ultra-connectée". "Les chrétiens, je vais tuer. Couper des têtes. Je vais tuer les gens de l’église, oui Montpellier en France", écrit-elle le 31 mars "à un mystérieux internaute" qui pourrait être, d’après le parisien, un djihadiste en Syrie.
Entendue en garde à vue, Leila B. se présente comme "une musulmane non pratiquante". Ses sœurs et sa mère, qui ont été mises hors de cause, ont déclaré aux policiers "ne pas lui connaître de pratique rigoriste de l’islam". Pour Leila, "la religion n’est qu’un prétexte pour assouvir sa passion pour les images morbides", raconte encore en exclusivité ce journal.
Attirée par deux idéologies "totalitaires guère compatibles", le nazisme et le djihadisme, Leila a été aussi bien membre d’un groupe Telegram réunissant des néonazis, que de groupes de partisans de l’État islamique. "Je me suis intéressée à ces deux idéologies uniquement pour justifier ma fascination pour la mort violente", assure la jeune femme aux enquêteurs, citée par notre source. "Je ne croyais vraiment en l’une ni en l’autre".
"En revanche, Leila B. reconnaît avoir eu des projets d’actions violentes, mais soutient qu’elle n’avait pas l’intention réelle d’aller jusqu’au bout de leur exécution. Il s’agissait pour elle « d’attirer l’attention », de « faire peur aux gens »", rapporte encore le quotidien français.
"Je pense qu’il faut la faire voir par des professionnels de santé", a répondu son grand-père aux policiers, exprimant ainsi son désarroi.
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