Société
Transport des personnes à bord des triporteurs, une situation qui inquiète
11/05/2021 - 13:17
Imane BenichouDes milliers de triporteurs sillonnent les rues et les boulevards des villes marocaines. Pour la plupart non régularisés, certains transporteurs de marchandises détournent leur activité en transport illégal de personnes. Un double danger, pour eux et pour les personnes qui s’aventurent à bord de cet engin, causant environ 40% des accidents, selon des chiffres datant de 2019, rapportés par le ministre du Transport.
"Les conducteurs de triporteurs se sont lancés dans un transport illégal, celui des personnes. Ils n’y sont pas autorisés", déclare à la chaîne Al Aoula, Mohamed El Ghettass, président de l’Association de la sécurité routière.
Ainsi, El Ghettass ne manque pas l’occasion de sensibiliser contre ce comportement irresponsable et non citoyen. "J’essaie d’attirer l'attention des chauffeurs de triporteurs sur les dangers que peut présenter le transport des personnes".
Pis, en cas d’accident avec une personne à bord, aucune assurance ne couvre le sinistre. "Le certificat de propriété d’un triporteur stipule bien que seule l’activité de transport de marchandises est autorisée. En cas d’accident avec une personne à bord, la société d’assurance est dans son plein droit de se dédouaner", a expliqué un représentant d’une société d’assurance.
Se révoltant contre ce comportement illégal, un ingénieur d’une société de fabrication de triporteurs à Casablanca affirme à qu’"il faut savoir que de par leur conception et configuration, les triporteurs présentent un danger pour les personnes qui montent à l’espace dédié au transport de marchandises". Et de préciser : "Ces trois roues sont créées pour transporter des marchandises principalement dans les rues étroites".
Au Maroc, des milliers de triporteurs circulent dans les grandes artères des villes. Seuls 91.300 unités sont immatriculées, avait précisé l’Agence nationale de la sécurité routière (NARSA) dans un communiqué rendu public le 04 août 2020, en réaction à la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo d’un citoyen déclarant que l’assurance triporteurs ne couvre pas la responsabilité civile pour les conducteurs de ces véhicules n’ayant pas le type de permis de conduire requis pour les conduire.
Une interdiction très attendue
L’interdiction du transport des personnes à bord des triporteurs a été officiellement et formellement annoncée en 2019 par le ministère de l'Équipement, du transport, de la logistique et de l'eau. Le ministre Abdelkader Amara, qui s’exprimait lors d'une séance des questions orales à la Chambre des conseillers en décembre 2019, a fait savoir que les moteurs à trois roues sont destinés uniquement au transport de marchandises et non de personnes.
Amara avait en outre annoncé que le transport des personnes à bord des triporteurs est contraire aux exigences du Code de la route et des lois en vigueurs. Le ministre a alors menacé d’infliger des sanctions lourdes aux contrevenants, voire retirer leurs permis de conduire. "L’interdiction entrera en vigueur prochainement, en coordination avec le ministère de l’Intérieur, la sûreté nationale et la gendarmerie royale", avait-il annoncé.
Nasser Boulaajoul, directeur général de l'Agence nationale de la sécurité routière (NARSA), a expliqué à SNRTnews que l’élaboration des mécanismes permettant de régulariser la situation des tricycles est en cours. "Ces mécanismes seront prochainement émis sous la forme d'un décret qui définira les procédures légales et précisera les autorités compétentes responsables de délivrer les licences".
"Ce décret obligera les conducteurs au respect de la loi, car le triporteur n'est qu'un moyen de transport de marchandises. Il lui est interdit de transporter des citoyens", a affirmé Boulaajoul.
Et de souligner que les moyens de transport des personnes doivent répondre aux normes de sécurité routière, notamment la ceinture de sécurité qui doit être présente pour chaque passager. "Ces véhicules transportent les personnes comme s'il s'agissait d'animaux. Grâce à ce décret qui sera publié prochainement, le secteur sera organisé et rompra avec l’informel".
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