Société
Ukraine: les étudiants marocains entre le marteau et l’enclume
12/02/2022 - 18:56
Imane BenichouAllemagne, Pays-Bas, États-Unis, Corée du Sud, Belgique, Estonie, Lettonie… Par peur d’une invasion russe imminente, plusieurs pays ont conseillé à leurs ressortissants de quitter l’Ukraine. Ce samedi, l’Ambassade du Royaume du Maroc s’est également prononcée sur la situation des ressortissants marocains, dont la majorité est estudiantine. "Au vu de la situation actuelle, l'Ambassade du Royaume du Maroc recommande aux citoyens marocains qui se trouvent en Ukraine de quitter le territoire pour leur sécurité à travers les vols commerciaux disponibles", a-t-on annoncé dans un communiqué.
Contactés par SNRTnews, des étudiants marocains en Ukraine affirment avoir décidé de rentrer au pays, même avant l’annonce de l’Ambassade du Maroc. Jaafar Alaoui Mdaghri, étudiant vétérinaire en 5e année à Kharkiv a affirmé avoir peur de ce que rapportent les médias sur une guerre qui s’annonce. "Nous vivons un grand stress devant toute cette situation qui n’est pas du tout rassurante. Nos parents s’inquiètent et nous souhaitons rentrer", a-t-il ajouté, notant toutefois que la faculté n’a pas encore informé les étudiants d’aucun report ou changement de programme.
Les mêmes craintes sont partagées par Mehdi Aghfir, étudiant en 5e année à la Faculté d’économie à Kharkiv. "Je me sens bien sûr en péril à cause de toute cette histoire. C’est vrai que pour l’instant, aucun changement n’a été apporté à notre vie d’étudiant et aucune note officielle de notre université ne nous a été communiquée, mais j’ai décidé de rentrer au Maroc jusqu’à ce que la situation soit claire et puis revenir en Ukraine par la suite", a-t-il souligné à SNRTnews.
D’autres étudiants, moins inquiets par cette situation, s’interrogent sur le sort de leur année d’études s’ils quittent l’Ukraine, alors que leurs universités ne se prononcent pas sur le sujet. "Notre université ne nous a notifié d’aucune nouvelle mesure de sécurité", a affirmé Youssef Tabiti, étudiant vétérinaire en 5e année à Kharkiv, avant d’ajouter : "Aucun signe ne laisse penser qu’une guerre plane sur le pays. La situation est actuellement stable et le peuple ukrainien vit toujours sa vie paisiblement sans aucune tension".
"En tant que ressortissant marocain vivant en Ukraine, je ne vis aucune tension. Ma routine estudiantine est la même. Aucune hausse des produits alimentaires n’a été enregistrée et je ne vis aucun changement dû à cette nouvelle situation largement médiatisée", a pour sa part fait savoir Mohamed Ayoub Fatih, étudiant vétérinaire, en stage de 5e année à Kiev.
Yassine Nafzaoui, étudiant en 4e année à la Faculté de médecine à Paltava, se montre aussi serein. "Ce conflit date depuis longtemps et nous le vivons normalement. Je ne vois pas pourquoi je vais rentrer au Maroc maintenant alors qu’ici en Ukraine, tout le monde vit sa vie comme d’habitude", a-t-il poursuivi. "À l’Université, les responsables nous rassurent et nous informent que la situation est normale et que nos examens ne seront pas reportés".
Latifa Chater, étudiante vétérinaire en 5e année à Kharkiv, a quant à elle avoué à SNRTnews être inquiète à cause des dernières informations qui circulent sur cette probable invasion russe en Ukraine. "Nos parents sont aussi inquiets et nous appellent tout le temps pour demander de nos nouvelles. Nous espérons sincèrement que la guerre n’éclate pas". Elle a en outre précisé que son université a rassuré les étudiants que les cours se poursuivront normalement. "Revenir au Maroc signifie donc pour nous, étudiants en 5e année, une année blanche et un parcours sans diplôme, surtout si nous laissons passer l’examen du "Krok"", a-t-elle expliqué, rassurant que le climat est ordinaire. "Les Ukrainiens célèbrent la Saint-Valentin et achètent fleurs et cadeaux. Les ruelles sont décorées et nos amis ukrainiens nous rassurent tout le temps".
Interrogée sur son retour au Maroc, Latifa a souligné : "le communiqué de l’Ambassade du Maroc m’a changé les idées. Jusqu’à ce matin, je ne voulais pas rentrer au Maroc, mais maintenant je dois sérieusement penser à prendre cette décision".
Une série de manœuvres a été lancée par les forces armées russes dans le sud de la Russie, à proximité de l’Ukraine. Les Occidentaux et l’Ukraine accusent Moscou de rassembler des dizaines de milliers de soldats en vue d'une éventuelle attaque.
Début décembre, le président américain avait menacé son homologue russe de sanctions "comme il n'en a jamais vu" en cas d'attaque contre l'Ukraine. De son côté, Moscou nie tout projet d'invasion, affirmant qu'elle ne souhaite pas de guerre, mais des garanties des États-Unis et de l'OTAN pour sa sécurité. La Russie "ne veut pas rester dans une position où sa sécurité est régulièrement violée", comme dans l'éventualité d'une intégration de l'Ukraine à l'OTAN, avait déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.
Lors d'un appel téléphonique, samedi 12 février, avec son homologue américain Antony Blinken, Lavrov a souligné que "la campagne de propagande lancée par les États-Unis et ses alliés sur +une agression russe+ contre l'Ukraine a pour objectif la provocation". De son côté, Blinken a indiqué que la voie diplomatique reste ouverte pour résoudre la crise autour de l’Ukraine, soulignant que cela nécessite toutefois une "désescalade" de la part de Moscou. Cité par l'agence Interfax-Ukraine, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a pour sa part déclaré, samedi, que les avertissements américains concernant une attaque imminente de la Russie contre l'Ukraine "provoquent la panique et n'aident pas" les Ukrainiens.
Articles en relations
Monde
Monde
Politique
Monde