Politique
Un « Livre noir » pour dénoncer les dysfonctionnements de Casablanca
27/04/2021 - 23:33
Ghita IsmailiL’initiative se veut "citoyenne" avant tout. Dans le "Livre noir de la ville blanche", Mouna Hachim récapitule les "doléances, témoignages et propositions formulées" sur Save Casablanca, qu’elle a créé il y a près de huit ans sur Facebook et qui rassemble aujourd’hui près de 268.000 membres. Dans une compilation de 258 pages, l’écrivaine déplore, photos et posts des internautes à l’appui, les différents dysfonctionnements liés à la gestion de la métropole.
"Au vu de l’état chaotique de la gestion de la ville, il était impossible d’assister impuissants, sans soulever au moins devant l’opinion publique, les différents dysfonctionnements que connaît la capitale économique du pays", déplore Mouna Hachim, joint par SNRTnews. "Casablanca souffre d’un grave problème de gouvernance et endure des tas de problèmes qui touchent tous les secteurs vitaux : hygiène, transport, occupation de l’espace public, lenteur anormale des chantiers, état des espaces verts, des chaussées ou des trottoirs, assainissement, éclairage, destruction du patrimoine et de la mémoire de la ville…", poursuit-elle.
"Partant de ce constat, j’ai décidé de regrouper les principaux griefs émis dans le groupe afin de les faire parvenir aux médias et au public, en espérant que nos voix soient enfin entendues", explique l’écrivaine.
L’échéance électorale
Le document, consultable en ligne, dresse la longue liste des chantiers qui n’ont pas été livrés ou inaugurés à temps, comme le parc de la Ligue arabe, la coupole Zevaco (kora Ardia), le zoo de Ain Sebaâ, la trémie des Almohades ou encore le stade du Vélodrome. Les chaussées, trottoirs, assainissement, éclairage public, factures exorbitantes y passent également. Tout comme la gestion des déchets, les transports publics, l’occupation illégale de l’espace public, l’insécurité, le manque d’espaces verts et le patrimoine "en péril".
Sa publication intervient à quelques semaines des prochaines élections législatives, communales et régionales. Une volonté de sensibiliser les partis politiques à cette problématique ?
Selon Mouna Hachim, l’idée du Livre noir est née "exactement le 9 janvier 2021 suite aux fortes précipitations qui ont révélé l’énormité des défaillances en termes d’infrastructures et de communication des responsables de la ville envers les citoyens. Je n’ai pas pensé y mettre autant de pages ni de temps… Puis l’échéance électorale s’approchant, il devenait urgent de faire paraître le livre pour ne pas faire dans le jeu des querelles politiciennes".
Une "démarche citoyenne" qui vise selon son auteure à "faire prendre conscience de la réalité brute de la gestion de notre ville, en dehors de tout discours démagogique" et qui "se veut le porte-voix de citoyens casablancais de tous bords socio-culturels".
Tous les moyens sont bons
Pour l’instant, elle n’a eu aucun contact, ni réaction des autorités locales. "Pourtant ce sont plus de 260.000 membres qui s’expriment au quotidien autour de thématiques récurrentes qui impliquent directement la gestion du Conseil de la ville", regrette-t-elle. "Pour moi, tous les moyens sont bons pour passer à l’action : le recensement des dysfonctionnements, l’information et la sensibilisation, la mise de chacun devant ses responsabilités", ajoute Mouna Hachim.
Save Casablanca existe depuis 2013 sur Facebook. "Depuis le départ, un noyau dur s’est formé avec pour coadministrateur Ahmed Hamid Chitachni, spécialiste en sociologie urbaine. Aujourd’hui, il regroupe près de 270.000 membres issus de tous horizons, apportant chacun son savoir-faire et sa vision. Ils n’hésitent pas non plus à proposer leurs services et compétences à titre gracieux", explique l’écrivaine.
"Le collectif n’envisageant aucune attache financière ni étiquette marchande afin de garantir son indépendance". Même si elle se doutait que "l’impact ne serait pas immédiat sur la gestion" de la ville, elle espère une "prise de conscience pour une politique citoyenne participative à même de changer progressivement la donne".
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