Sport
Walid Regragui: deux mains gagnantes et une bonne étoile
23/06/2022 - 17:00
Nassim El Kerf"Maintenant, on peut dire que nous sommes favoris pour le titre et je pense qu'on ne va pas le lâcher (...), mais on parle de football, et dans le foot, tout est possible", a déclaré Walid Regragui en conférence de presse, suite à la victoire à l'extérieur du Wydad face à la Renaissance de Berkane. Le but tardif de Guy Mbenza a permis aux Rouges de creuser l'écart avec le Raja (2e) à six points, à trois matchs de la fin du championnat. Une victoire et un match nul suffisent donc aux Wydadis pour briguer un 22e titre de champions, leur deuxième consécutif pour un doublé historique. Une fin de saison exceptionnelle qui relevait du rêve au plus optimiste des supporters du WAC en début de saison.
Privé de recrutement en hiver, Walid Regragui était l'un des rares Rouges à y croire sans pour autant le crier sur les toits. En conférences de presse, il se contentait du statut d'outsider sans jamais avouer, même à demi-mot, que son équipe était favorite pour un titre. La première fois, c'était à Berkane et avec six points d'avance. Excellente gestion de la part du technicien qui a su absorber toute la pression de l'environnement du club pour protéger ses joueurs et réaliser ses objectifs. En deux matchs après le faux pas du derby qu'il jugeait "nécessaire", il a joué deux cartes différentes, toutes les deux gagnantes.
Main gagnante et bonne étoile
En Botola ou dans un jeu de cartes, la main de Walid Regragui est la seule gagnante. Faisant preuve de sérénité tout au long de la saison, et de réalisme aux moments difficiles comme suite à sa défaite au derby qui a vu le Raja revenir à un point derrière, le technicien semblait un brin plus détendu mercredi soir à Berkane.
"Nous avons fait preuve de réalisme (...), nous avions un bel adversaire en face, champion de la Coupe de la Confédération, c'était un match très tactique et bravo aux joueurs parce que cette fin de saison est compliquée" a confié le coach du Wydad suite à la victoire des siens (0-1) sur la pelouse de Berkane. "Si avant ce match, on me dit qu'on allait vivre ce scénario j'aurais signé directement" a-t-il ajouté pour commenter le but tardif des siens, et la défaite de son poursuivant direct à Casablanca face à l'Olympique de Safi.
Profitant du faux pas des Verts face au Safiots, les Rouges bénéficieront d'un coup de pouce du destin pour mieux gérer leur fin de match très intense. La bonne étoile de Walid, c'était une coupure d'électricité qui est venue interrompre le match à Berkane pour une dizaine de minutes. Ce qui est normalement un coup dur pour le physique des joueurs et le rythme de la rencontre s'est transformé en bénédiction. Car en parallèle, le Raja a été rattrapé au score, puis mené par l'OCS (2-3). "Sur le banc, nous étions au courant du score à Casablanca, nous avons fait preuve d'un état d'esprit formidable", a-t-il poursuivi, fier de la fin de saison que réalise son groupe de joueurs.
Pour répondre à toutes les rumeurs qui l'envoient sur le banc des Lions de l'Atlas pour y remplacer Vahid Halilhodzic, Regragui déclare vouloir juste "se reposer" après cette saison exténuante, où il a dû faire beaucoup de sacrifices. "Je suis venu pour tout gagner, et surtout remporter la LDC. C'est chose faite, j'ai encore faim, nous avons encore deux titres en jeu, mais après ça, je pense juste à me reposer".
Vainqueur du duel à distance
En signant au Wydad ou Raja, un entraîneur sait que son premier rival est tout d'abord le technicien de l'équipe d'en face. S'il fait mieux que son concurrent à la tête du staff technique du "meilleur ennemi", le coach aura un environnement plus propice au travail avec beaucoup moins de pression autour. Le moins que l'on puisse dire, c'est que dans son duel à distance face aux coachs du Raja, Walid Regragui sort vainqueur, sans jamais véritablement trembler.
"Ce n'est qu'une défaite, nous sommes toujours premiers et eux deuxièmes", ce sont les mots de Regragui captés par le micro d'une caméra amateur, à l'issue de la défaite de ses joueurs au derby casablancais le 16 juin dernier. Son discours en conférence était dans la continuité de ses premiers mots adressés à son groupe. "J'assume la responsabilité de ce résultat, nous ne méritions pas de gagner aujourd'hui, mais le championnat est encore en jeu et nous sommes toujours leaders".
En absorbant toute la pression après la défaite, et en déclarant que son équipe n'était pas favorite pour le sacre même après une belle victoire, Walid Regragui a trouvé la formule pour finir sur la plus belle des notes, et aujourd'hui, il n'est plus qu'à quatre points d'un nouveau sacre en championnat, lui qui avait mené le FUS au sommet du football marocain en 2016.
De l'autre côté, le vert se ternit. Victorieux lors du derby, le coach des Verts Rachid Taoussi, a déclaré avoir bien préparé le choc à tel point qu'il a opté pour une formation inédite, mais qu'il estime être une forme "d'antidote" des plans de jeu de Regragui. Trois jours plus tard, il avait rendez-vous avec M'hamed Fakhir, un autre technicien marocain à Mohammedia où le Raja et le Chabab allaient s'affronter pour le compte de la 26e journée du championnat. Taoussi choisira d'aligner le même "antidote" à l'exception de la titularisation d'El Habti à la place de Moutouali suspendu, et sera forcé de concéder le nul (0-0).
À trois points d'écart avec les Rouges (vainqueurs face à Soualem), avant d'affronter l'OCS mercredi soir à Casablanca, Taoussi n'imaginait pas un tel scénario et c'est "essoufflé" et très ému, qu'il se justifiera face à la caméra de nos confrères d'Arryadia. "On s'attendait à tout, sauf ça. On ne pensait pas perdre aujourd'hui, mais le carton rouge y est pour quelque chose", a déclaré le technicien, qui sera remercié deux heures plus tard, par le nouveau président Aziz El Badraoui.
Arrivé en mars dernier pour remplacer Marc Wilmots qui était déjà le deuxième entraîneur de la saison du Raja, Taoussi n'aura pas fait plus de trois mois à la tête du staff technique des Verts.
Une nouvelle preuve que les miracles à coup de baguette magique des entraîneurs n'existent presque plus, dans le football moderne. La stabilité technique au moins pour une saison afin que la confiance s'installe au sein du groupe est une condition sine qua non pour remporter le titre de Botola. C'est dire qu'un titre capricieux et difficile ne se décide jamais lors des confrontations directes entre les favoris.
Articles en relations
Sport
Sport
Sport
Sport