Economie
Agro-alimentaire: un potentiel intarissable est à exploiter en Afrique
27/11/2021 - 18:30
Aïcha DebouzaDans un contexte de relance économique post-covid, l’export des produits marocains, et tout particulièrement les produits agro-alimentaires à forte valeur ajoutée, peut être un levier économique important pour rééquilibrer la balance commerciale nationale. D'où l'intérêt de cette conférence qui était une occasion de mettre en exergue les best-practices par des témoignages d’entreprises exportatrices, mais aussi d’évoquer les opportunités et les risques de l’export sud-sud.
Des schémas win-win à trouver
Plus d’une centaine d’entreprises ont assisté à cette rencontre présidée par Mohammed Fikrat, vice-président de l’ASMEX. Selon lui, la demande aujourd’hui des consommateurs africains est en pleine expansion en raison de la taille du marché et sa classe moyenne qui représente 42% de la population. "Il est donc impératif que l’offre suive cette demande exponentielle pour pallier le manque à gagner et trouver des schémas win-win. Nos échanges commerciaux se sont certes développés au cours des dernières années, mais ils ne sont toujours pas suffisants", explique Mohammed Fikrat, rappelant la recommandation de SM le Roi Mohammed VI disant qu’"il faut que l’Afrique fasse confiance à l’Afrique".
Pour sa part, Eyad Sobh Mansour, président de la Commission du commerce extérieur de la FENAGRI, souligné dans son allocution, qu'"il n’y a aucune raison qui justifie le fait de trouver des produits agro-alimentaires importés sur le marché marocain et africain, alors qu’ils peuvent être fabriqués localement".
En effet, les échanges commerciaux entre le Maroc et l’Afrique sont en constante augmentation depuis l’année 2000. Ils ont progressé de 9,5% en moyenne annuelle, pour s’établir à 39,5 milliards de dirhams en 2019, soit 6,9% du commerce extérieur marocain. Sur la même période, les exportations marocaines à destination du continent africain ont bondi de 11% en moyenne annuelle pour atteindre 21,6 milliards de dirhams en 2019, représentant 7,7% des exportations totales du Maroc contre 3,7% en 2000.
Ces chiffres encourageants, sont loin d’être suffisants selon Brahim Allali, expert spécialiste du commerce international, qui a mis l'accent sur le potentiel inexploité du continent.
En Afrique, l'agroalimentaire pourrait peser 1000 Mds USD en 2030
En effet, en Afrique, ce secteur est évalué depuis 2013, à environ 313 milliards dollars et emploie 70% de la main d’œuvre. Seulement, les besoins de ce marché sont couverts à environ 20% par des importations, soit 40 à 50 milliards USD par an.
Selon la Banque mondiale, ces indicateurs poursuivront leur hausse. De ce fait, et d’ici 2030, les importations alimentaires en Afrique passeront à 150 milliards de dollars par an, d’où l’urgence de mettre en place des schémas d’échanges commerciaux win-win avec le continent, dont le secteur agroalimentaire pourrait peser 1000 Mds USD la même année (2030). Des chiffres justifiés par l’augmentation du nombre de ménages de la classe moyenne, qui devrait selon la même source, passer à 1,1 milliard de personnes d’ici 2060.
Afin de pallier ce manque à gagner, Brahim Allali met en avant quelques recommandations qui devraient aider les exportateurs agro-alimentaires à surmonter les obstacles actuels liés notamment au transport des marchandises et à la logistique, ou encore au paiement, à la sécurité et à la stabilité politique de certains pays.
Pour lui, il ne faut surtout pas se limiter aux pays francophones d’Afrique, mais plutôt étudier l’opportunité de l’exportation collaborative et considérer l’opportunité d’investir dans les pays africains pour valoriser et exporter les produits agricoles nationaux. "Il faut Insister sur l’importance de mettre en place des partenariats avant de se lancer dans de nouveaux projets en Afrique, adapter l’offre marocaine à la demande et aux spécificités des économies de l’Afrique à travers une véritable appropriation de la connaissance du marché continental par le secteur privé marocain, et surtout construire des écosystèmes complémentaires à l’industrie marocaine à travers notamment des JV et d’alliances d’entreprises", poursuit-il.
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