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Anass El Filali: "Notre dessin animé, 100% marocain, rivalisera avec les produits internationaux"
19/06/2021 - 20:30
Khaoula BenhaddouSNRTnews: Votre studio de production est sélectionné pour réaliser des dessins animés en 3D. Que représente cela pour vous?
Anas El Filali: C’est un passage vers de nouveaux challenges. Avant on réalisait des projets pour des clients et aujourd’hui il est temps de passer à un niveau supérieur. Avant nos clients étaient des marques, aujourd’hui nous avons des clients très spéciaux, ce sont les enfants du monde entier.
Pourquoi cette cible?
C’est une cible très mal servie. Nous avons des séries et des films marocains, mais pas de dessins animés 100% marocains. J’ai vraiment envie d’apporter un changement dans mon pays. Pour avoir ce changement, il faut améliorer sa culture. Aujourd’hui, la culture marocaine est très peu ou très mal connue des enfants. Je veux remettre un peu plus de marocanité au sein de cette tranche de la société. Nos enfants doivent découvrir leur patrimoine, leur culture et leur histoire. C’est ce qui leur permettra d’aimer davantage leur pays. Je veux également leur donner l’espoir d’un jour meilleur.
Peut-on avoir une idée sur la durée et le contenu de ces dessins animés ?
C’est une série de 80 min dispatchée en 20 épisodes de 4 minutes. Aujourd’hui, on est à l’étape de finalisation du scénario. Les premiers épisodes seront prêts dans quelques mois. Dans cette série on se projette vers l’avenir. J’essaye d’imaginer le Maroc en 2035, un Maroc qui sera le pays le plus développé au monde.
Pourquoi la darija?
La série peut être faite en d’autres langues, mais aujourd’hui, on veut cibler un maximum de Marocains et c’est ce qui justifie ce choix. Par contre, je serais très heureux de le faire en Amazigh et encore plus en anglais pour diffuser la culture marocaine à l’international. Si cette série rencontre un succès au Maroc, on va la traduire et l’exporter. Techniquement c’est largement faisable, mais je veux travailler en principe avec des enfants marocains. Même la création des personnages a été faite d’une manière à ce qu’ils représentent le Maroc d’une manière subtile et intelligente.
A-t-on les compétences nécessaires pour exporter nos produits et rivaliser les dessins animés internationaux ?
En toute humilité, oui nous avons les compétences nécessaires, par contre nous avons un problème de volume. Le peu de compétences que nous avons sont très bonnes, mais insuffisantes. On veut recruter plus de jeunes, mais on ne trouve pas les profils adéquats. Ce sont des métiers d’expertises et il ne suffit pas de manipuler des logiciels pour créer un bon contenu. Pour cela, mon but est de faire avancer tout le secteur.
Le Festival International du Cinéma d’Animation de Meknès présente chaque année des oeuvres marocaines, mais le Maroc reste très en retard dans ce domaine. Comment expliquez-vous cela ?
Parce qu’on ne s’est pas intéressé à ce secteur. Tous les pays africains ont ce problème à part le Nigeria et l’Afrique du Sud. Les décideurs pensent que ce sont des métiers d’enfants et que le secteur n’est pas porteur de projets et c’est pour cela qu’il le néglige. Pour cela nous allons relever ce défi et montrer qu’on peut réussir.
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