Société
Bahia, mon ami le cancer
20/04/2021 - 18:40
Khaoula BenhaddouAvec son fort caractère, son regard captivant et sa générosité, Bahia Benkhar Sougrati ne passe jamais inaperçue. Experte en communication et présidente du comité d’organisation du village du Maroc, Bahia a su se distinguer tout au long de sa carrière professionnelle. Tout au long de son parcours, sa route était semée d’écueils et quand elle luttait pour briller encore davantage dans le monde professionnel, une maladie, qu’elle a découverte par pur hasard, a tenté de freiner son bel élan : un cancer.
"Tout allait bien dans ma vie, j’avais une belle carrière, une famille magnifique et beaucoup de projets en tête. J’étais tout le temps fatiguée et stressée, parfois sans raison, et je me disais souvent que c’est le résultat de mon mode de vie très mouvementée", raconte Bahia. Au fil des jours, le corps de Bahia commence à manifester plus de signes cliniques révélateurs d’un mal intérieur. D’abord, des céphalées intenses que Bahia a, encore une fois, mal interprété. "Quand j’étais enfant, j’ai eu un accident qui m’a causé une plaie à la cornée et puis un glaucome. Chaque fois que j’ai des maux de têtes je pensais à ce glaucome", se rappelle la dame.
La situation s’est compliquée davantage : perte de conscience, fatigue intense et des céphalées insupportables contraignant Bahia à faire une batterie d’examen. Résultat ? "Mon médecin a remarqué une exophtalmie (extrusion antérieure de l'œil hors de l'orbite, NDLR.) et après des examens approfondis on a découvert un mélanome uvéal (cancer de l’œil, NDLR.) et j’ai dû subir une ablation de l’œil pour éviter la propagation du cancer", se remémore-t-elle.
Un malheur ne vient jamais seul
Les médecins traitants de Bahia ont découvert, à la suite de l’ablation de son œil, un autre cancer, encore plus grave : une leucémie aiguë lymphoblastique (cancer du sang). Bahia a subi plusieurs opérations -pour son mélanome- en plus des séances de chimiothérapie -pour sa leucémie- … et puis de radiothérapie, pour un troisième cancer ! "En plein protocole de chimiothérapie, le mélanome avait métastasé au niveau du cerveau. On m’a fait une opération révolutionnaire qu’on appelle la gamma Knife", raconte notre interlocutrice. Elle explique : "C’est une chirurgie sans bistouri, qui se fait au niveau du cerveau par les rayons gamma. On devait attendre une année jusqu’à 18 mois pour voir enfin les résultats".
Au début de la crise sanitaire causée par le coronavirus, Bahia devrait subir une greffe de la moelle osseuse pour avoir plus de chance de vaincre sa leucémie. Or, elle n’a pas trouvé de donneur compatible. "J’ai dû donc opter pour l’immunothérapie", raconte-t-elle. La jeune guerrière a répondu positivement à cette thérapie et son état s’est nettement amélioré. Actuellement, elle est en pleine rémission de son cancer du sang.
… Les bonnes nouvelles aussi
Après plusieurs mois de la Gamma Knife, Bahia s’est rétablie de son néo cérébral. "La Gamma Knife a pu anéantir ma tumeur cérébrale et grâce à l’immunothérapie j’ai pu définitivement quitter la zone de turbulence pour retrouver une vie quasi normale", s’enchante-t-elle.
Pour elle, cet épisode plein de maux et de malheur lui a permis de grandir davantage et de mieux voir la vie même avec un seul œil. "Même avec un œil en moins, j’ai réussi à ouvrir les yeux sur ce qui se passe autour de moi. De surmonter ma douleur, de renforcer mon corps en dépit de la fatigue et de gérer les deux cancers qui se sont ajoutés à mon mélanome. J’ai tenu à rester forte pour mes enfants, mon mari et mes proches. Je me disais tout le temps qu’ils ne devaient pas ressentir de changement", tonne Bahia non sans fierté.
Le cancer synonyme de vie !
Sur sa page Facebook, Bahia partageait les moments forts de ses séances de chimiothérapie. Des moments qu’elle vivait avec enthousiasme et bienveillance. "Lorsque je partageais en live mes séances de chimiothérapie, je tenais à soigner mon look. Je ne supportais pas les regards pitoyables et je voulais surtout faire savoir aux autres qu’on peut vivre avec un cancer ou une maladie chronique. Qu’on peut les vaincre, car après tout ce n’est pas la fin du monde et le cancer n’est pas toujours synonyme de mort", raconte la jeune dame.
En pleine rémission, Bahia se compare à une guerrière qui vient de gagner son combat. "J’ai gagné le premier combat contre mes cancers", se félicite-t-elle. Durant ce combat, elle a avalé 7.000 comprimés et a fait 120 séances de chimiothérapie et de radiothérapie. Maintenant, elle doit faire face aux séquelles physiques et psychologiques de cette guerre contre les tumeurs. «Mon autre combat commence maintenant. Je dois retrouver mon corps d’avant et reconstruire ma vie en ruine », précise Bahia qui affirme être certaine de réussir. « J’aime mon cancer, car il m’a aidé de dépasser mes limites », conclut la guerrière.
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