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Boris Johnson: le chat aux neuf vies, mais jusqu'à quand?
25/05/2022 - 17:00
AFPFin 2019, Boris Johnson, était le héros charismatique du Brexit, ayant offert à son parti une victoire historique aux législatives.
Deux ans et demi plus tard, il est affaibli et contesté y compris dans son parti, alors que les Britanniques ont perdu confiance en lui après le scandale du "partygate" et se serrent la ceinture, confrontés à une baisse historique de leur pouvoir d’achat.
Huit Britanniques sur 10 pensent qu'il a menti au sujet des fêtes organisées à Downing Street durant les confinements. Sa cote de popularité est passée de 66% d’opinions favorables en avril 2020 à 26%, selon le dernier baromètre YouGov et 60% des Britanniques pensent qu'il devrait démissionner.
Une enquête de police a estimé qu’il avait enfreint la loi, du jamais vu pour un Premier ministre en exercice, et lui a imposé une amende.
Boris Johnson s'est excusé profusément, a multiplié les explications douteuses.
Mais à 57 ans, ce voltigeur de la politique à l'aplomb phénoménal en a vu d'autres. Mentir ne lui a jamais posé problème.
Chevelure paille désordonnée, énergie communicative, il s'est récemment dit "absolument" persuadé qu'il serait toujours Premier ministre dans six mois.
La guerre en Ukraine, où il a apporté très tôt son soutien au président Volodymyr Zelensky, a temporairement repoussé les velléités de vote de censure fomenté par certains élus conservateurs.
Mais sur tous les sujets intérieurs, inflation, immigration, impôts, logement, économie, santé, transports, Brexit, éducation, criminalité, environnement… une majorité des Britanniques pensent que son gouvernement fait du mauvais travail, selon un récent sondage YouGov. Ce pourcentage atteint 74% pour l'inflation, désormais à 9%, un record depuis 40 ans.
Manque de sérieux
Il en faudrait plus pour atteindre Alexander Boris de Pfeffel Johnson, né à New York le 19 juin 1964, et qui selon sa soeur voulait devenir "le roi du monde".
Après deux ans passés enfant à Bruxelles où son père était fonctionnaire européen, il suit le parcours fléché de l'élite britannique, collège d’Eton puis université d'Oxford. Certains enseignants, déjà, dénoncent un manque de sérieux et une propension à se croire au dessus des règles.
En 1987, le voilà journaliste stagiaire au Times grâce à des relations familiales. Il en est rapidement renvoyé pour une citation inventée. Le Daily Telegraph le repêche et l'envoie à Bruxelles, où à coup d’outrances et d'approximations il tourne les institutions européennes en ridicule.
De retour à Londres, il devient chroniqueur politique pour le Telegraph et le Spectator, écrit aussi des critiques automobiles pour le magazine GQ. Il est drôle, érudit, percutant. Mais collectionne pour 4.000 livres sterling d'amendes de stationnement avec les voitures qu'il teste. Très souvent aussi, les voitures livrées chez lui ne bougent pas, a raconté l'ancien rédacteur en chef de GQ Dylan Jones.
Il entre au Parlement en 2001, rapidement renvoyé du "cabinet fantôme" de l'opposition pour avoir menti sur une liaison.
Puis il prend la mairie de Londres aux travaillistes en 2008, à l'époque pro-Européen et pro-immigration.
Il y reste huit ans, se taille une stature internationale, aidé par les Jeux olympiques.
Il devient ensuite l'une des principales figures de la campagne du Brexit, puis chef de la diplomatie sous Theresa May, et la remplace comme Premier ministre en juillet 2019.
"C'est un artiste brillant, mais inapte à des fonctions nationales, car il semble qu'il ne se soucie que de son destin et de sa satisfaction personnelle", a dit de lui son ancien patron au Telegraph Max Hastings.
"Boris Johnson est comme un rat. Il marmonne aimablement jusqu'à ce qu’il soit pris au piège. Ensuite il mâchera des os, tuera n’importe qui, fera n’importe quoi pour se libérer", affirmait récemment un proche dans le Times.
Sa vie privée est à la hauteur du personnage. Marié trois fois, en 1987, 1993 et 2020, il a au moins sept enfants, dont les deux plus jeunes nés de son mariage en 2020 avec Carrie Symonds, 34 ans, ancienne chargée de communication du parti conservateur.
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