Sport
Boufal : "J’occupe la place que j'attendais d’occuper depuis des années en sélection"
26/07/2022 - 12:56
Nassim El Kerf
Sofiane Boufal, c'est une large palette technique, des gestes spectaculaires et des contrôles de balles instinctifs. Pour les amateurs de spectacle, Boufal représente toute la beauté de ce sport. L'international marocain fait partie de cette catégorie de joueurs adulés... ou détestés. Avec Boufal, il n'y a "jamais de juste milieu" comme il le répète à chaque fois qu'il en a l'occasion.
Blanc ou noir, jamais gris, à l'image de sa relation avec les supporters marocains pourtant tous fans du "football champagne". Il a dans un premier temps séduit tout le monde avec son aisance technique, ses passements de jambes et ses petits ponts. Mais il ne lui a pas fallu plus de quelques matchs pour se mettre à dos une grande partie de ce public qui l'accusait de "trop garder le ballon", d'être "trop perso"... à cause de son manque d'efficacité (4 buts en 29 sélections).
Mais tout a changé lors de la dernière Coupe d'Afrique des Nations au Cameroun. Avec Vahid Halilhodzic, Boufal a pris le jeu des Lions à son compte. Assumant ses responsabilités en tant que leader technique, seul joueur capable de faire la différence balle aux pieds et éliminer ses adversaires, il a enfin le statut qu'il a tant convoité.
Parce qu'avec son style de jeu particulier et son état d'esprit d'antan, il faut dire que Boufal n'a pas fait que des bons choix de carrière. Souvent guidé par son instinct dans la vie comme sur le terrain de foot, il a eu quelques ratés qu'il évoque longuement dans une interview accordée au magazine Onze Mondial.
Des choix précipités
"Avant, j’avais un problème : je prenais les décisions sans prendre en compte tous les paramètres. Je ne me posais pas, je ne réfléchissais pas, j’étais en mode fougueux, je fonçais. Après, je me disais : «Oh c’est chaud, tu as fait un truc de fou». Je ne pesais pas le pour et le contre. Je prenais les décisions trop vite. Par exemple, le transfert entre Angers et Lille. Dieu merci, ça a réussi. Mais je n'ai rien calculé, je me suis retrouvé dans le train, j’ai signé et j’étais à Lille. Southampton, pareil, en fin du mercato, j’ai signé en rapide sans me poser les bonnes questions" déclare celui qui est revenu à Angers, pour relancer sa carrière après sa période difficile entre Southampton et son prêt au Celta Vigo.
"Quand j’arrive à Southampton, je ne connais même pas les joueurs. J'arrive dans le vestiaire, je prends ma douche et là, je vois un joueur anglais en slip avec un ventre de fou. Et là, je me dis : Je suis un fou, je suis un joueur de Southampton maintenant" ironise l'international marocain concernant ses précédents choix de carrière.
Dans son interview, il reviendra non seulement sur ses anciens choix, mais aussi sur les choses qui l'ont aidé à aller de l'avant, changer, et gagner en maturité.
"J’ai pensé à des trucs avant la blessure, mais la vie est trop imprévisible. Je sais où je veux aller, c'est indéniable. J'ai envie de retrouver le haut niveau et montrer aux gens de quoi je suis capable. Je sais ce que je peux apporter. Avec la maturité que j’ai maintenant, j’en suis même persuadé (...) Je ne m’inquiète pas pour mon avenir, je n’ai pas le temps de penser à ça. Il y a tellement d’échéances à venir que je ne veux pas me polluer la tête. Je procède étape par étape en me soignant bien dans un premier temps et en revenant à 100 %. C’est le destin" relate Boufal dans les colonnes du magazine Onze Mondial.
Patron technique de la tanière
Sofiane Boufal a profité de la dernière CAN pour conquérir le coeur des Marocains. Enchaînant les bonnes performances, il ne s'économisait pas sous les commande de Vahid Halilhodzic avec qui la relation "est purement professionnelle".
En lui confiant les clés du jeu, Vahid a poussé, indirectement, Boufal à franchir un cap. "Avec Vahid Halilhodžić, on entretient une relation professionnelle et centrée sur le football. Ce qui est bien avec lui, c'est qu'il te dit ce qu'il attend de toi. Je savais exactement ce qu'il attendait de moi par rapport à mes qualités. J’ai toujours essayé de donner le maximum et de répondre à ses attentes. Pour moi, que ce soit coach Vahid ou un autre, le plus important, c'est le Maroc. Je me donnerai toujours à 2000 % pour le pays" affirme l'international marocain de 28 ans.
Le Mondial, ce rêve reporté
Boufal n'a pas fait partie de la liste des joueurs retenus par Hervé Renard pour la Coupe du Monde 2018 en Russie. Pourtant, c'est avec le Français qu'il a pris ses marques en sélection nationale. Une absence qui marquera à jamais le joueur qui nourrit aujourd'hui encore des regrets.
Alors qu'il venait d'achever une saison 2017-2018 très difficile, son manque de compétition lui fera raté le Mondial. Quatre ans plus tard, il ne compte plus refaire les mêmes erreurs. "Dans ma tête, ça a vrillé et j’ai multiplié les erreurs. Toutes ces erreurs m’ont fait louper la Coupe du Monde 2018. Ça m'a mis une grosse claque. Tu sais pourquoi? Parce que c’est moi qui ai donné le bâton pour me faire battre. Depuis, je me suis juré que tout ça n’allait plus jamais se reproduire. J’ai pris conscience de plein de choses. Je sais que j'ai perdu du temps, je sais ce que je peux apporter et ce que je vaux."
Après cet épisode, Sofiane a déjà la tête au Qatar et Coupe du Monde 2022 et il ne le cache pas, fier de sa saison avec les Lions. "Le peuple marocain est passionné de foot, c’est vraiment impressionnant. J’ai fait une bonne CAN et j’occupe la place que j'attendais d’occuper depuis des années en sélection. Je suis content, j'ai vécu la meilleure année de ma carrière en sélection" affirme l'auteur du tout premier but de l'équipe nationale lors de la CAN 2021 au Cameroun, face au Ghana.
"Il y a une grande attente autour du Mondial, ça fait plaisir de voir le peuple ainsi. La Coupe du Monde, c'est demain, donc il faut la préparer dès maintenant. Moi, je suis déjà focus. J'y pense tous les jours. Mais ça ne me perturbe pas. Quand je me suis blessé, je ne me suis pas dit: «Pourquoi moi?». Je me suis tout de suite fixé l’objectif Coupe du Monde" poursuit Boufal, conscient néanmoins de la dure réalité du tirage au sort qui a placé le Maroc dans le groupe de la Belgique, de la Croatie et du Canada.
"Oui, notre groupe pour le Mondial est difficile. Quand tu arrives à ce niveau-là, tout est compliqué. Il n'y a pas de petites équipes. C'est le très haut niveau, c’est bien de jouer contre de grandes équipes. On va directement se mettre au niveau et on ne va pas à la Coupe du monde pour faire de la figuration. On va à l’autre bout du monde pour bien représenter le Maroc. On va essayer de passer les poules" conclut Sofiane Boufal, qui se dit très content de voir des joueurs du calibre d'Amine Harit et Noussair Mazraoui revenir apporter un véritable plus, aux Lions de l'Atlas.

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