Economie
Croissance: quelles prévisions dans un contexte incertain?
15/04/2022 - 13:11
Lina IbrizDans son rapport intitulé «Confrontation avec la Réalité: Prévisions de Croissance dans la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) en période d'incertitude», la Banque Mondiale alerte que "l'insécurité alimentaire, la pauvreté et les troubles sociaux suscitent une réelle inquiétude".
Ainsi, si "en réponse à la hausse de l'inflation, la politique monétaire des principales grandes économies telles que les États-Unis et l'Union européenne, pourrait être resserrée plus rapidement que prévu", dans d’autres pays, "la hausse des prix des produits alimentaires peut avoir des effets considérables au-delà de l'augmentation de l'insécurité alimentaire" y compris "des troubles sociaux tels que des manifestations antigouvernementales, des émeutes et des conflits civils et une détérioration significative des institutions démocratiques", souligne la Banque Mondiale.
En outre, la hausse des cours mondiaux des produits de base peut avoir des "impacts substantiels sur les subventions et les réformes". Par conséquent, pour certains importateurs de pétrole, les subventions alimentaires seraient difficiles à maintenir en raison de ressources limitées détérioré, alors que La hausse des prix du pétrole pourrait retarder l’implémentation des réformes politiques et socio-économiques.
Quels impacts sur la croissance dans la région MENA ?
Les économistes de la Banque mondiale prévoient une croissance de 5,2% du PIB réel en 2022 dans la région MENA. Après une reprise de 3,3% en 2021, le taux de croissance projeté pour 2022 est "le plus rapide" depuis 2016. Néanmoins, la reprise semble inégale selon les groupes de pays.
Les exportateurs de pétrole dans la région MENA devraient réaliser un taux de croissance de 5,4% grâce à la reprise post-pandémique, l'augmentation de la production de pétrole et la hausse des prix de celui-là. En revanche, les pays importateurs de pétrole devraient croître de 4,0%, alors que la dynamique de reprise économique ralentit considérablement par rapport à 2021 dans la plupart de ces pays en raison de l'augmentation prévue des factures d'importation de produits alimentaires et énergétiques.
En parallèle, les tendances baissières de la croissance économique aux États-Unis et dans l'UE, principaux partenaires commerciaux des pays de la région, représentent également des risques pour la croissance de ces derniers.
De fortes pressions inflationnistes
Les taux d'inflation étaient déjà élevés au début de cette année en raison de l'inadéquation entre la hausse de la demande, résultant de l'assouplissement des restrictions liées à la pandémie, et les perturbations continues de l'approvisionnement, note l'Institution financière. Depuis le début de la guerre en Ukraine, l'inflation mondiale a augmenté en raison d'un resserrement soudain du marché des matières premières, en particulier du pétrole et des produits alimentaires, ajoute la même source.
Ainsi, la Banque mondiale s'attend à ce que l'inflation dépasse les niveaux de 2021 pour la majorité des économies de la région MENA. Dans les pays membres du conseil de coopération du Golfe, le taux d'inflation devrait se situer à 3.0% en 2022, alors qu'il s'élèverait à 7,1% dans les pays exportateurs du pétrole en voie de développement. Quant aux pays importateur du pétrole de la Région, un taux d'inflation de 3,7% devrait être enregistré, selon les prévisions de la Banque Mondiale.
Quid du Maroc?
S’agissant du Maroc, le taux de croissance a également été revu à la baisse, indique la comparaison des millésimes des prévisions de croissance du PIB réel pour 2022 depuis octobre 2021. En octobre 2021, les prévisions indiquaient un taux de croissance du PIB de 3,2%. En avril, le taux de croissance prévu au Maroc se situe à 1,1%, soit une baisse de 2,1% des prévisions. En 2023, le Maroc devrait atteindre un taux de croissance de 4,3%.
Selon les prévisions de la Banque Mondiale, le solde du compte courant se situerait en 2022 à -5,5%, avant de passer à -4% en 2023. Le solde budgétaire, quant à lui, devrait atteindre -6,2% en 2022. Le déficit devrait s’atténuer en 2023 avec un solde budgétaire de -5,8%.
Le pays devrait ainsi enregistrer un taux d'inflation de 4,0% en 2022 et de 1,8% en 2023.
Le Maroc, un modèle en matière de couverture sociale
Face à la situation mondiale actuelle, la Banque Mondiale rappelle qu’"une réponse politique efficace" est nécessaire. Cette réponse consisterait selon l’Institution mondiale à renforcer les programmes de protection sociale à travers des "transferts monétaires directs aux famille pauvres et vulnérables".
Dans ce domaine, le Maroc "offre un exemple de réponse politique efficace", indique la Banque Mondiale, citant le programme Tadamon qui a "largement dépassé sa cible initiale de ménages de travailleurs informels, couvrant près de 80 pour cent de sa population avec l'un des taux les plus élevés de mise à l'échelle par rapport aux niveaux antérieurs à la Covid-19".
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