Société
Et si le panachage des vaccins booste l'immunité !
01/11/2021 - 17:25
Aïcha DebouzaC’est une stratégie qui a déjà été employée pour mettre au point des vaccins contre Ebola, les Hépatite B et C ou la grippe aviaire. Le "Prime Boost Hétérologue" est une combinaison des vaccins qui vient pour "booster" la première ou seconde piqûre.
Le "cocktail" vaccinal multiplie par six l'immunité
Injecter successivement des vaccins différents est même considéré comme avantageux car il multiplie l’immunité par six. Aussi appelée "cocktail" ou "panachage" vaccinal, la vaccination "hétérologue" contre le coronavirus multiplie par six les niveaux d’anticorps neutralisants par rapport à deux doses du même vaccin, révèle une étude sud-coréenne publiée récemment.
Ils ont été 499 professionnels de santé à être impliqués dans l’étude, dont 100 recevant des doses mixtes, 200 prenant deux doses du vaccin Pfizer/BioNTech et le reste recevant deux injections d'AstraZeneca.
Tous ont montré des anticorps neutralisants, qui empêchent le virus d'entrer dans les cellules et de se répliquer. Les personnes ayant mixé les deux vaccins ont montré des quantités similaires d'anticorps neutralisants par rapport au groupe ayant reçu deux injections de Pfizer.
"C’est avant tout une question de logistique, car chaque pays se dote d’une grande partie de vaccins précis qui par la suite a démontré son efficacité", explique Dr Ettaib Hamdi, médecin, chercheur en politiques et systèmes de santé. Ce dernier détaille qu’il était préférable d’injecter une troisième dose différente des deux premières afin d’avoir une meilleure immunité.
Une immunité qui dépend du mixage
Comparativement à des personnes vaccinées avec deux doses d'AstraZeneca à 12 semaines d'intervalle, le surcroît d'immunité est de 60% avec le panachage (AstraZeneca puis Pfizer).
Pour des vaccinés avec Pfizer-BioNtech, l'immunité serait trois fois plus importante car la technique consiste à faire un rappel de vaccination assez proche avec un produit différent pour renforcer les effets de la vaccination.
"Nous ne pouvons pas parler de mixage sans parler d’effets indésirables, et bonne nouvelle pour les gens, le cocktail de vaccins n’a pas d’effets indésirables sur les personnes. Nous conseillons les gens ayant pris deux mêmes doses, du même vaccin, de se faire injecter par un vaccin différent pour la 3e dose", ajoute Ettaib Hamdi.
Ainsi, toutes les personnes ayant reçu une injection du vaccin AstraZeneca doivent désormais recevoir de préférence un rappel avec Moderna ou Pfizer. Les études sud-coréenne, britannique et allemande devraient donc conforter plusieurs pays dans leurs volontés d'offrir des alternatives à ARN messager au vaccin AstraZeneca pour la deuxième injection.
Faut-il pour autant revoir la stratégie vaccinale?. "Les cocktails de vaccins pourraient être salvateurs face à l'épidémie de Covid-19. Cet été, trois études concluaient déjà qu'une immunisation à l'aide d'une dose d'AstraZeneca et une de Pfizer-BioNTech était plus durable qu'une double injection avec le premier nommé", estime Ettaib Hamdi.
Une expérience adoptée par les pays les plus réticents
Dans l'une d'entre elles, ce panachage a multiplié par six les niveaux d'anticorps neutralisants par rapport à une vaccination "classique", à deux doses du même sérum. A l'ère des rappels, notamment de la troisième dose, où ces "vaccinations hétérologues" deviennent quasi obligatoires pour ceux ayant reçu deux doses initiales d'AstraZeneca ou une de Janssen dont les usages ne sont pas autorisés dans ce cadre à l'heure actuelle, de nouveaux tests confirment ces bénéfices.
"Les Etats-Unis qui étaient au début réticents par rapport au sujet, sont sortis à leur tour avec les mêmes conclusions. Et récemment, ils ont autorisé le mixage vaccinal. Le problème concerne plus quelques nouveaux vaccins que nous ne connaissons pas et dont les études ne sont pas très fiables", fait-savoir le chercheur en politiques et systèmes de santé. Ce dernier explique que le mixage ne concerne que les vaccins, sujets de plusieurs études et non les vaccins dans leur ensemble.
Ceci dit, il est également à noter que seuls 1% des sujets ont été contaminés par le virus après un schéma de vaccination complet. "Les anticorps générés après une vaccination hétérologue sont plus efficaces pour neutraliser les différents variants du SARS- CoV-2, que ceux générés après une vaccination homologue", conclut Ettaib Hamdi.
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