Société
Étude: le groupe sanguin O serait protecteur contre la Covid-19
27/03/2022 - 17:00
Imane BenichouÉtant donné que la réponse immunitaire innée est relative à une base génétique individuelle, les variantes génétiques portées par un individu pourraient jouer un rôle important dans sa réaction face aux maladies et, par conséquent, pourraient influencer la progression et la gravité de la Covid-19. C’est ce qu’une récente étude a démontré. Cette différence individuelle peut aider à comprendre pourquoi certains individus doivent être hospitalisés en raison de la gravité de leurs symptômes, alors que d'autres sont capables de se remettre de la Covid-19 en suivant un traitement à domicile ou, pour certains, la maladie passe inaperçue (les patients asymptomatiques).
Cette récente étude, publiée le 3 mars 2022 dans le journal Plos Genetics, a identifié des associations de causalité entre le groupe sanguin et la sévérité de la Covid-19. Son objectif ? Comprendre comment les différences innées dans les niveaux de protéines peuvent affecter l'évolution de la Covid-19. En analysant plus de 3.000 protéines sanguines, les scientifiques ont cherché à identifier les biomarqueurs potentiels pouvant indiquer le risque d'hospitalisation ou le besoin d'une assistance respiratoire ou de décès dus à la Covid-19.
Les résultats étaient cohérents avec les niveaux sanguins plus élevés de cinq protéines GCNT4, CD207, RAB14, C1GALT1C1 et ABO, qui étaient associés de manière causale à un risque accru d'hospitalisation ou d'assistance respiratoire/décès dû à la Covid-19. Des niveaux plus élevés de FAAH2 étaient uniquement associés à un risque accru d'hospitalisation. Au contraire, des niveaux plus élevés de SELL, SELE et PECAM-1 diminuent le risque d'hospitalisation ou de besoin d'assistance respiratoire/décès. Des niveaux plus élevés de LCTL, SFTPD, KEL et ATP2A3 étaient uniquement associés à une diminution du risque d'hospitalisation, tandis que des niveaux plus élevés d'ICAM-1 étaient uniquement associés à une diminution du risque d'assistance respiratoire/décès de Covid-19. "Ces protéines peuvent représenter de nouveaux biomarqueurs utiles pour la prédiction du risque de gravité et peuvent conduire à de nouvelles thérapeutiques en priorisant les cibles médicamenteuses", a souligné l’étude.
Dans le groupe des protéines du groupe sanguin, la protéine transférase ABO était associée de manière causale à un risque accru d'hospitalisation et au besoin d'assistance respiratoire ou de décès par Covid-19. ABO est une enzyme à activité glycosyltransférase qui détermine le groupe sanguin ABO d'un individu. Les scientifiques, qui notent que leurs résultats ne permettent pas de déterminer le groupe sanguin précis associé au risque accru d'hospitalisation dû à la Covid-19, "car la sonde pour le marqueur sanguin mesure à la fois l'isoforme A et B de la protéine, alors qu'elle ne montre pas de signal pour O", soulignent toutefois qu’il est plus probable que A, B, ou la combinaison de A et B soit associée à un risque plus élevé d'hospitalisation. La proportion du groupe A est plus élevée chez les personnes positives à la Covid-19 que chez les témoins et le groupe A a été associé à une mortalité plus élevée, ont-ils estimé.
Dans une déclaration au magazine scientifique Sciences et avenir, Vincent Millischer, chercheur à l’Université de Vienne et auteur de l’étude a expliqué : "Cette protéine (ABO, ndlr) est responsable du groupe sanguin : c’est elle qui met les protéines déterminant le groupe sanguin sur les globules rouges. Cette enzyme a trois allèles, une groupe A, une version B, et une version O plus petite qui est incapable de transférer ces protéines sur les cellules sanguines, ce qui donne le groupe sanguin O".
"Cette version plus courte (O) n’était pas mesurée par les analyses sur lesquels nous avons basé notre analyse, c’est-à-dire qu’une personne avec cette version avait des niveaux de cette protéine plus faibles dans ces analyses. Ainsi, nous avons étudié le lien entre les niveaux de cette protéine dans le sang et la Covid-19 et nous avons vu que les groupes A ou B étaient plus fréquentes que la version O chez les personnes hospitalisées pour Covid-19, ainsi que chez les patients avec respirateur artificiel ou décédés des suites de sa maladie", a-t-il encore détaillé.
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