Société
Etude sur le marché des tests Covid: les principales conclusions du Conseil de la concurrence
28/05/2022 - 17:00
Khaoula BenhaddouL’étude réalisée par le Conseil de la concurrence a pour but de fournir un diagnostic précis et une analyse de la situation concurrentielle du marché de la prestation de diagnostic du Covid -19 dans les laboratoires privés d’analyse biomédicales, notamment après la décision de fixation des prix par le Gouvernement.
Les résultats de cette étude sont réalisées en concertation avec l’ensemble des parties prenantes de ce marché ayant permis, sur la base de leurs différents points de vue, de fournir des appréciations par rapport au cadre de régulation du marché des tests de diagnostic du COVID-19, en amont et en aval. Cette étude a permis de relever plusieurs constats concernent le système de santé marocain
Le système sanitaire dépend de l’approvisionnement mondial
Il est vrai que le Maroc s’est démarqué avec sa gestion de la pandémie lié à la Covid-19, mais malgré ces réalisations et les efforts déployés pour lutter contre la propagation du virus, l’étude du Conseil de la concurrence souligne que "le système national de santé n’était pas prêt à faire face à une pandémie avec des capacités locales modestes, et ce, en raison de l’absence d’une industrie nationale à grande échelle des réactifs et des équipements nécessaires au diagnostic".
Toujours selon la même étude, "en dépit de l’importance primordiale de l’industrie des diagnostics in vitro, et particulièrement le domaine du diagnostic des maladies infectieuses et leur innovation marquée à l’échelle mondiale, le Maroc compte à peine trois fabricants au niveau national. Cette situation a eu comme conséquence d’une part, la rupture d’approvisionnement au cours des périodes de pics records, et d’autre part, l’augmentation des prix de tels produits notamment des réactifs de tests de diagnostic, ce qui explique en partie, la réticence de certains laboratoires privés à l’intégration du réseau de diagnostic du COVID-19".
Malgré cela, le rapport souligne que la pandémie a permis de montrer "la réactivité de l’industrie marocaine par rapport à la production de certains consommables utilisés dans le cadre de la réalisation de diagnostic en assurant la production de masques, de kits de prélèvement et un test PCR 100% marocain", tout en soulignant que le Maroc a même pu approvisionner plusieurs pays européens en masques, visières et équipements de protection.
Le cadre législatif est contraignant
A en croire l’étude du Conseil de la concurrence, la mise sur le marché des réactifs des tests de diagnostic du COVID-19 a été entravé par des dysfonctionnements relevés par la majorité des opérateurs et associations professionnelles auditionnés.
Plusieurs retards ont été enregistrés, soit au niveau de la procédure d’octroi des certificats d’enregistrement des réactifs de tests COVID-19, ou par rapport à la déclaration des établissements auprès du département chargé de la santé en tant que société importatrice de réactifs.
Ainsi, le rapport du Conseil de la concurrence souligne que "le cadre législatif actuel a également suscité des critiques vives concernant l’absence d’une procédure réglementaire claire pour les nouveaux réactifs produits localement, et qui pourra intégrer les critères de performances et de sécurité de référence, à l’instar du marquage CE et FDA, ainsi que le circuit de leur validation par les autorités compétentes".
Selon l’étude, le cadre actuel "comporte plusieurs barrières réglementaires à l’accès au marché. Il n’est pas adapté à la conjoncture exceptionnelle liée à la propagation du COVID-19. Ce qui a été de nature à brider le développement du réseau national de fabrication, d’importation et de distribution des produits de diagnostic du COVID-19, et par conséquent de limiter les efforts déployés par les autorités publiques afin d’endiguer la pandémie".
Un marché d’importation fortement concentré
Selon l’étude réalisée par le Conseil de la concurrence, la structure de marché d’importations des réactifs de tests COVID-19 demeure "relativement concentrée au niveau d’un nombre limité des opérateurs dont le leader est la société «MASTERLAB» qui s’est accaparée d’une part prépondérante passant de 25% en 2020 à 39% en 2021 par rapport aux tests à base de PCR". Et d’ajouter: "Quant aux tests antigéniques et sérologiques, la société «IM ALLIANCE» a enregistré une part de marché passant de 73% en 2020 à 86% à fin octobre 2021, soit une évolution de 4%".
Ainsi, le marché est marqué, selon cette étude par une "forte concentration où un noyau restreint de 13 sociétés totalise une part de marché de près de 55% en 2020 et de 53% à fin octobre 2021".
69 laboratoires privés ont intégré le réseau du diagnostic du Covid
Après la décision de plafonnement des prix des tests Covid, 69 nouveaux laboratoires ont intégré, entre septembre et décembre 2021, le réseau de diagnostic du Covid-19 soit avec une évolution de 41%
Selon l’étude du Conseil de la concurrence, "ces structures ont opté principalement pour l’utilisation des tests rapides, vu que la technique RT-PCR représente toujours des contraintes financières et d’aménagement des locaux". Des différences notables au niveau régional en termes de nombre de laboratoires autorisés et le nombre de tests effectués ont été soulignées dans l’étude.
Ainsi, la prestation des tests Covid dans le secteur privé est concentrée au niveau de 4 régions seulement, à raison de 82% de l’ensemble des laboratoires privés autorisés.
Les marges bénéficiaires sont importantes
Sans grande surprise, l’étude du Conseil de la concurrence a démontré que les laboratoires privés continuent de réaliser des marges bénéficiaires confortables en dépit de la fixation des prix par l’Etat. "Ces marges varient en fonction de la taille du laboratoire, le nombre de tests réalisés et le choix d’investissement adopté pour chaque laboratoire".
Toujours selon le même document, les calculs réalisés par les services d’instruction du conseil "ont permis de constater que les résultats nets annuels des laboratoires privés peuvent varier de plus de 952 milles dirhams, si le laboratoire ne réalise que la prestation de PCR conventionnelle, à plus de 1,7 million en cas de réalisation simultanée de tous les types de tests".
Articles en relations
Economie
Economie
Economie
Société