Economie
Farine "impropre à la consommation": les professionnels dénoncent une diffamation
12/04/2021 - 10:44
Ghita IsmailiLa Fédération marocaine des boulangers (FMB) et la Fédération interprofessionnelle des activités céréalières (FIAC) ont annoncé avoir déposé plainte contre Mohamed El Giri, secrétaire général de la Fédération marocaine des boulangeries et des pâtisseries (FMBP). La cause ? Ce dernier a déclaré, en début de semaine, dans plusieurs médias, que la farine consommée au Maroc est "impropre à la consommation", "à moitié cancérigène". Il a aussi affirmé que le blé utilisé au Maroc pour la préparation du pain "ne peut même pas être donné au bétail et aux volailles en France".
Des déclarations qui ont fait le tour de la presse nationale, suscitant l’inquiétude et l’incompréhension des citoyens. "On ne peut pas laisser les gens dire n’importe quoi, surtout pour un sujet qui intéresse pratiquement tout le monde. En faisant ces déclarations, ce monsieur s’est attaqué aux importateurs, mais aussi aux instituions de contrôle", déplore Jamal M’hamedi, président de la FIAC et de la Fédération nationale des négociants en céréales et légumineuses (FNNCL), joint par SNRTnews.
Même ton du côté du président de la Fédération nationale de la boulangerie et pâtisserie au Maroc (FNBPM). "Ce monsieur voulait faire du buzz. Il s’est réveillé un jour et s’est dit je vais dire ça aux médias pour faire parler de moi. C’est un crime. Il a mis en doute le travail des institutions publiques. Que fait dans ce cas l'Office national de sécurité des produits alimentaires (ONSSA), le ministère de l’Intérieur et l’Office national interprofessionnel des céréales et es légumineuses (ONICL) ?", s’interroge son président Lahoucine Azaz.
Contrôles "rigoureux"
"Nous avons un cahier de charges imposé par l’État, que ce soit pour la qualité du blé local et importé ou celle de la farine que nous fabriquons", assure Abdellatif Izem, directeur de la Fédération nationale de la minoterie (FNM). "Ce monsieur quand il s’en prend à la farine, il s’en prend indirectement aux institutions publiques en charge du contrôle. Si ces gens ont un dysfonctionnement au niveau des boulangeries qui leur sont affiliées, il ne peut pas généraliser sur tout le secteur", poursuit-il.
Comme la FIAC, la FNM a aussi déposé plainte contre Mohamed El Gari, nous a affirmé son directeur. "Il s’en prend à un secteur organisé et structuré qui n’a rien à en vouloir à la qualité européenne. Notre farine n’a rien à se reprocher. Nous achetons du blé de l’étranger et nous le produisons. Nous avons 14 types de farine de blé tendre et 7 de blé dur", précise Abdellatif Izem.
Lahoucine Azaz affirme de son côté que la farine fait l’objet d’une série de contrôles au quotidien, à plusieurs niveaux. "Le contrôle au niveau national commence dès l’arrivée des céréales au port, où des échantillons sont prélevés pour être analysés et voir s’ils respectent les normes et la loi en vigueur. Un autre contrôle est effectué au niveau des minoteries qui effectuent aussi des prélèvements d’échantillons qui sont analysés", explique le président de la FMBP. "Le blé est ensuite lavé, séché et écrasé avant d’être soumis à d’autres contrôles, que ce soit dans les unités de production ou dans les pâtisseries, boulangeries, supermarchés", ajoute-t-il, assurant que des contrôles "rigoureux" se font au quotidien par les institutions concernées.
Pour l’instant, l’ONSSA et l’ONICL, chargés notamment du suivi de l'approvisionnement du marché des céréales, des légumineuses et dérivés et de la régulation du marché des céréales et des légumineuses, n’ont pas encore réagi à la polémique.
En janvier dernier, la Fédération marocaine des droits des consommateurs (FMDC) avait sorti un communiqué dans lequel elle assurait que le pain marocain était une "véritable menace pour la santé" car il serait fabriqué à partir de blé contenant des OGM. Contacté par nos soins, son président Bouazza Kherrati, avait soutenu que : "la plupart des céréales utilisées pour la fabrication du pain sont modifiées génétiquement afin d'augmenter la quantité d'amidon et générer une meilleure productivité pour les acteurs économiques" et que "ce sujet nous pousse à ouvrir le débat sur l’utilisation des OGM ainsi que l’usage excessif des pesticides".
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