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Horaires atypiques de travail: les femmes sont les plus exposées
29/04/2022 - 18:37
Imane BenichouLes femmes peu qualifiées pâtissent le plus de la montée des horaires atypiques, en particulier du travail habituel le samedi et le dimanche, tandis que les cadres connaissent une relative normalisation de leurs horaires de travail. C’est ce qu’a rapporté une récente étude de deux chercheuses de l’Institut national français d’études démographiques, publiée dans l’édition du mois d’avril 2022 de la revue « Population et société ».
Horaires atypiques
Au sens strict, les horaires atypiques de travail désignent les jours et horaires de travail non conventionnels. "Un salarié est dit en horaires atypiques s’il déclare travailler habituellement selon au moins l’une des modalités suivantes : tôt le matin (5h-7h), tard le soir (20h-0h), la nuit (0h-5h), le samedi, le dimanche", explique-t-on dans l’article, qui exclut les salariés qui travaillent occasionnellement en horaires atypiques.
Selon l’étude, plusieurs évolutions ont favorisé le développement des horaires atypiques de travail, à savoir: l’essor de l’économie numérique et du travail à la demande, aussi appelée « ubérisation » de l’économie, le vieillissement de la population et la hausse des besoins en matière de soins aux personnes âgées, les changements dans les modes de vie et de consommation et la dérégulation du temps de travail.
Les femmes plus exposées
"Tandis que le travail du soir et de nuit a légèrement reculé entre 2013 et 2019, le travail du samedi, du dimanche et du matin a augmenté pour certaines catégories de salariés qui apparaissent plus exposées", révèle l’étude effectuée en France.
Elle fait ressortir que les femmes sont désormais proportionnellement plus nombreuses que les hommes à travailler avec des horaires atypiques même si elles n’effectuent pas les mêmes types d’horaires. Les femmes travaillent en effet plus souvent le samedi et le dimanche, tandis que les hommes travaillent tôt le matin, le soir et surtout la nuit.
La part de femmes exposées à ce type d’horaires a augmenté au cours de la dernière décennie contrairement à celle des hommes, dont l’exposition aux horaires atypiques tend à se réduire sur la période.
Les salariés peu qualifiés
"D’importantes différences existent également selon la catégorie socioprofessionnelle des salariés et les écarts entre groupes sociaux se creusent sur la période", fait savoir l’article.
Entre 2013 et 2019, l’exposition aux horaires atypiques a diminué de 18 % chez les cadres tandis qu’elle stagnait ou augmentait pour les autres salariés. En 2019, un cadre sur 6 travaille habituellement en horaires atypiques contre près de la moitié des ouvriers et plus de la moitié des employés non qualifiés, catégorie la plus exposée. Au sein de ce groupe, 4 salariés sur 10 travaillent habituellement le samedi et un quart le dimanche.
Croisement
Les chercheuses ont ensuite effectué un croisement de la catégorie socioprofessionnelle et du sexe. "Il apparaît que l’exposition des femmes aux horaires atypiques se réduit au cours de la dernière décennie pour les plus qualifiées alors qu’elle augmente au contraire pour celles qui le sont le moins", déduisent-elles.
La part des femmes cadres en horaires atypiques diminue de 23 % entre 2013 et 2019 tandis qu’elle augmente de 11 % pour les ouvrières non qualifiées. Chez les hommes, la part des cadres en horaires atypiques diminue de 14 % entre 2013 et 2019, tandis que celle des ouvriers non qualifiés stagne.
"Employées qualifiées, les femmes exercent en effet plus souvent dans les bureaux que leurs homologues masculins, qui sont surreprésentés dans les emplois de pompier, police, armée, agent de sécurité, où les horaires atypiques sont répandus", explique-t-on.
Contraintes temporelles
En matière de temps de travail, les horaires atypiques peuvent se combiner avec d’autres formes de contraintes temporelles, notamment : les horaires irréguliers (variables d’un jour à l’autre), les journées discontinues (périodes de travail séparées d’au moins 3h) et les horaires imprévisibles (connus un jour à l’avance ou moins).
Ces contraintes sont "susceptibles d’affecter le bien-être et l’organisation familiale des salariés" et peuvent soulever "d’importants défis pour les familles et la santé des salariés".
En 2019, 35 % des salariés travaillant habituellement en horaires atypiques ont également des horaires variables, 12 % ne connaissent pas leurs horaires de travail à l’avance et 9 % effectuent des journées de travail discontinues, rapporte l’étude.
"Les ouvrières et employées non qualifiées font plus souvent face à des journées discontinues et des horaires imprévisibles, dans des proportions identiques ou supérieures aux hommes de leur catégorie", fait-on savoir, tandis que "les femmes qualifiées apparaissent moins touchées par ces contraintes et sont toujours plus protégées que les hommes de leur catégorie".
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