Economie
Jaidi: "La vaccination instaure un climat de confiance pour la relance économique"
08/04/2021 - 11:40
Imane BenichouIntervenant à l’émission hebdomadaire des Mardis du PCNS, organisée par le Policy Center for the New South (PCNS) ce mardi 6 avril et consacrée à la relance économique et la campagne de vaccination au Maroc, l'économiste Larabi Jaïdi, Senior Fellow au Policy Center for the New South (PCNS), a déclaré que la campagne de vaccination, en instaurant un climat de confiance, est un facteur important pour faire avancer la reprise économique.
Vaccin et situation économique
Avec l’avènement de la pandémie, l'année 2020 s'est achevée avec une très forte récession économique due à la baisse du PIB de presque 5%, a rappelé Larabi Jaïdi. "Après une année de récession, il y a toujours un phénomène de reprise économique. Notre vision pour 2021 est liée aux hypothèses qui ont été prises en compte pour définir ces prévisions. Bien évidemment, des hypothèses régulières sont prises en compte chaque année concernant les prévisions économiques, notamment la campagne agricole, la demande extérieure, les cours du pétrole, les échanges commerciaux…", a-t-il tout d’abord fait avancer.
"Toutefois, cette année est une année exceptionnelle puisque des hypothèses supplémentaires doivent être prises en compte. La première concerne l'ouverture ou non des frontières. La deuxième concerne le programme gouvernemental préparé et l'étendue de son application au niveau économique. D’autres hypothèses concernent les changements qui interviennent dans le climat économique international en général, notamment en ce qui concerne les relations de partenariat que nous avons avec certains pays, à savoir l'Union européenne", a-t-il poursuivi.
Rappelant en outre que le Maroc n'est pas isolé en tant que pays et que son économie est caractérisée par une grande ouverture, le Senior fellow du PCNS prévoit une relance de 4 ou 4,5%, voire 5%, selon certaines prédictions. "2022 ou 2023 reste l’année décisive pour notre vision et pour la sortie de cette crise, car le choc a été dur à cause de la pandémie", a-t-il fait savoir.
Vaccin synonyme de relance
Pour l’économiste, la généralisation des vaccins a eu des effets positifs en début d'année, d'autant plus qu'elle est passée dans une atmosphère saluée par tout le monde, admettant qu'elle était efficace et de qualité. "Tout le monde était étonné de la capacité qu’a démontrée l'administration marocaine pour faire face à cette problématique de vaccination et créer un climat de confiance pour des citoyens de différents milieux sociaux", a-t-il déclaré.
Il a en outre souligné qu'il est essentiel que la vaccination instaure un climat favorable pour les acteurs économiques, qu'il s'agisse d'investisseur, de producteur, d'ouvrier, ou de chef de famille. "C'est ce climat de confiance qui a la plus grande importance pour le comportement économique des acteurs économiques", a-t-il ajouté.
"Si par exemple, l'investisseur croit que les perspectives pour cette année et l'année prochaine seront positives, il utilisera donc ses ressources pour étendre ses capacités de production, car il s'attend à ce qu'il y ait une demande du consommateur. Pour le consommateur également, cette déduction entre épargne et consommation suit un cours différent, car avec une crise et des perspectives peu claires, le consommateur, qui a des ressources, prendra en compte ce qui se passera dans l'année à venir", a détaillé Jaïdi.
Ce sont tous des facteurs qui affectent le niveau de confiance. "Un facteur nécessaire puisque c’est la confiance qui fait prospérer l'activité économique d'une part et contribue d’autre part au retour d’une vie économique normale dans le sens où les entreprises productives emploient leur argent pour la reprise économique", a-t-il souligné. Des opportunités d'emploi sont par la suite générées et le revenu se stabilise chez les citoyens au moins dans les années à venir.
Le vaccin fait office de catalyseur, a expliqué Jaïdi qui a en outre noté qu'"il n’est pas le seul facteur affectant les conditions économiques et la relance. Le processus de vaccination doit être continu. Nous sommes toujours dans un état d'incertitude quant à la situation sanitaire du pays".
Une reprise ou une relance économique
"Il s’agit d’une combinaison entre les deux, une reprise et une relance économiques", a répondu le Senior fellow à une question sur la situation économique à laquelle on aspire après la pandémie. "Avant qu'il y ait une conception d'un modèle économique ou de nouvelles options économiques plus adaptées aux conditions que nous connaissons actuellement, l'économie doit revenir à ses mécanismes normaux", explique-t-il, précisant qu’il s’agit d’un scénario à court terme, pour un an ou deux.
Par ailleurs, Jaïdi a précisé que tout le monde pense qu'il n'est pas possible de sortir de ce phénomène, qui a constitué un choc non seulement pour l'économie marocaine, mais pour l'économie mondiale en général. "Revenir à la situation pré-pandémique prendra deux ou trois ans, selon la capacité de chaque pays et selon la manière dont il a fait face à cette situation sanitaire", a-t-il relevé.
Il a également noté que la sortie de cette situation est liée à de nouvelles tendances dont il faut tenir compte car les priorités diffèrent. "Par exemple, nous considérons désormais le secteur de la santé ou le capital humain comme important. Nous savons également qu'il y a une révision des relations internationales et régionales au niveau de chaque région",
"Par exemple, dans le cadre de la Loi de Finances 2021, on avait pris en considération des projets structurants pour l'avenir et la nécessité de changer les tendances économiques et sociales de base qui assureront une mobilité durable, non seulement en augmentant l'investissement public comme ce fut le cas, mais en créant un climat pour l'économie privée qui contribue à l'investissement. Parmi ces projets structurants : l'élargissement et la généralisation de la protection sociale, la réforme du secteur public et la gestion des entreprises publiques. Il y a également des directives pour créer un fonds d'investissement national", a-t-il déclaré.
Ce sont tous des facteurs qui donneront un coup de pouce à l’économie nationale, mais cette perception, selon l'économiste, "doit être basée sur le contrôle de la possibilité de financement, car c'est le principal facteur qui donne la capacité de réaliser ces orientations".
Pour l’économiste, l'accélération de la reprise passe indispensablement par la mise en place des dispositions en rapport avec la capacité de l'Etat de mobiliser des ressources financières "non seulement en termes de quantité, mais aussi en termes de qualité". Et d'ajouter : "Le fait que l'État soit le principal moteur de l'économie au niveau de l'investissement est également lié à sa capacité à mobiliser des ressources internes, ainsi qu'à la capacité d'accéder à des prêts internationaux, que ce soit auprès des banques internationales ou des acteurs économiques en général", a-t-il encore ajouté. Le niveau d'endettement doit, selon l'économiste, être "maîtrisé" car la reprise dans tous les pays pendant cette période "est liée à leur capacité à mobiliser des ressources par l'endettement".
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