Société
La 3e dose, "un bénéfice supplémentaire" aux patients atteints de cancer
31/01/2022 - 09:59
Imane BenichouDans une étude publiée le 25 janvier 2022 sur la revue scientifique médicale britannique The Lancet, des scientifiques ont montré qu’une troisième dose du vaccin Pfizer a entraîné une présence d’anticorps contre le variant Omicron chez un nombre significatif de patients.
Les patients atteints de cancer présentent un risque plus élevé de contracter une Covid-19 sévère et ont été prioritaires pour la vaccination contre la Covid-19 dans le monde entier. Depuis novembre 2021, le variant Omicron est rapidement devenu le variant dominant du SARSCoV-2 dans le monde. Certes, plusieurs études ont montré que le nouveau variant Omicron échappe partiellement à l'immunité induite par le vaccin, mais une troisième dose de vaccin augmente les réponses aux anticorps neutralisants de ce variant dans la population générale. Dans cette étude, les chercheurs ont évalué 199 patients atteints d'un cancer, dont 115, soit 58% de la cohorte, sont atteints d'un cancer solide et 84 (42%) d'un cancer du sang, qui ont tous reçu une troisième dose du vaccin Pfizer après deux doses de Pfizer (33%) ou d’AstraZeneca (67%).
Un échantillon apparié obtenu avant la troisième dose a également été évalué chez 179 des 199 patients, 100 des 115 patients atteints de cancer solide et 79 des 84 patients atteints de cancer du sang. Le délai médian entre la deuxième et la troisième dose était de 176 jours. 23 des 199 patients avaient des antécédents d'infection par le SRAS-CoV-2, tous avant la deuxième dose de vaccin, et aucun avec Omicron. Les titres d'anticorps nAb (nAbT) contre le Delta et l'Omicron ont été mesurés à une médiane de 11 jours avant et 23 jours après la troisième dose du vaccin.
Évaluation et résultats
Parmi 100 patients atteints d'un cancer solide, après deux doses de vaccin, les anticorps neutralisants contre le variant Omicron étaient détectables chez 37 patients, tandis que ceux contre le Delta étaient détectables chez 56 patients. Les anticorps contre le SRAS-CoV-2 WT «de type sauvage» - la version du virus du début de la pandémie- étaient détectables chez 97 patients.
Parmi les 115 patients atteints d'un cancer solide qui ont reçu une troisième dose de vaccin, les anticorps neutralisants contre le variant Omicron étaient détectables chez 104 patients (90 %), tandis que ceux contre le Delta étaient détectables chez 112 patients (97 %), et ceux contre le SRAS-CoV-2 WT étaient détectables chez 114 patients (99 %).
Parmi les 79 patients atteints d'un cancer du sang, après deux doses de vaccin, les anticorps contre le variant Omicron étaient détectables chez 15 patients (19 %), tandis que les anticorps contre le Delta étaient détectables chez 31 (39 %) patients. Les anticorps contre le SRAS-CoV-2 WT étaient détectables chez 31 (89 %) patients.
Parmi les 84 patients ayant reçu une troisième dose de vaccin, les anticorps contre l'Omicron étaient détectables chez 47 (56 %) patients, tandis que les anticorps contre le Delta étaient détectables chez 60 (71 %) patients, et les anticorps contre le SARSCoV-2 WT étaient détectables chez 72 (86 %) patients.
Si l'on considère les 64 des 79 patients atteints d'un cancer du sang qui présentaient des anticorps indétectables contre l'Omicron après deux doses de vaccin, 29 (45 %) ont développé des anticorps contre le nouveau variant après la troisième dose, ce qui indique "un renforcement efficace" chez de nombreux patients, fait savoir l’étude. Les anticorps contre l'Omicron étaient en corrélation avec les anticorps contre le SRAS-CoV-2 WT et le Delta, respectivement, mais étaient "systématiquement plus faibles".
Les chercheurs ont alors constaté qu'une troisième dose de vaccin renforçait la réponse neutralisante contre l'Omicron chez les patients atteints de cancer, mais que l'effet était atténué chez les patients atteints de cancer du sang par rapport à ceux atteints de cancer solide. L’analyse a confirmé qu'après l'administration de trois doses, la présence d’anticorps détectables contre l'Omicron était significativement associée au type de cancer, mais pas à l'âge, au sexe ou au type de vaccin administré en première et deuxième dose.
Les chercheurs ont également évalué la présence d’anticorps contre le variant Omicron chez 4 patients ayant des antécédents d'infection par Delta après deux doses de vaccin. Le délai entre la deuxième dose de vaccin et l'infection variait de 112 à 176 jours. Les symptômes de la Covid-19 étaient légers, et un patient était asymptomatique. Aucun des patients ne présentait d’anticorps détectables contre Omicron ou Delta avant l'infection. Après l'infection, tous les patients ont développé des anticorps détectables contre Omicron et Delta, "ce qui suggère que deux doses de vaccin et un troisième défi antigénique via l'infection par le variant Delta peuvent conduire à une réponse immunitaire fonctionnelle contre l'Omicron".
L’étude a montré que la plupart des patients cancéreux de la cohorte ne présentaient pas d’anticorps détectables contre l'Omicron après deux doses de vaccin, indépendamment du type de vaccin. "Une troisième dose du vaccin Pfizer a entraîné une augmentation significative du nombre de patients présentant des nAbT contre l'Omicron", alors que seuls quelques patients atteints d'un cancer solide n'ont pas présenté d’anticorps contre l'Omicron après trois doses de vaccin. Il s’agit, selon l’étude, d’"une proportion importante de patients atteints d'un cancer du sang, en particulier ceux qui suivent des thérapies de déplétion des cellules B ou dont le cancer évolue", qui n'ont pas présenté de réponse détectable.
Compte tenu de la forte transmissibilité et de la prévalence actuelle de l'Omicron, l’étude a souligné que le port continu du masque, la distance physique et la vaccination des contacts proches sont essentiels pour protéger les patients atteints d'un cancer du sang. "Le bénéfice supplémentaire d'une troisième dose de vaccin pour stimuler les réponses aux anticorps chez les patients atteints d'un cancer du sang plaide en faveur d'une quatrième dose dans cette population", ont conclut les chercheurs.
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