Sport
La CAF lance sa Super League: grand pas ou grand drame?
10/08/2022 - 14:46
Nassim El Kerf
La Super League (SL) verra le jour. Cette compétition n'est plus un rêve ou une simple ambition, mais la Confédération africaine de football l'a bien adopté contrairement à l'Europe, où l'UEFA a usé de toutes ses forces pour protéger sa très chère, rentable et onéreuse Ligue des Champions.
Mais puisque la version africaine de la Ligue des Champions, n'est pas aussi rentable que sa version européenne, l'Afrique a entrouvert la porte au changement, pour l'adopter définitivement et officiellement, en marge de la 44e Assemblée générale de l'instance ce 10 août à Arusha, en Tanzanie.
Une question d'argent
"La Super League Africaine est l'idée la plus excitante de l’histoire du développement du football africain, et les objectifs derrière sont très clairs", a commencé par annoncer le président de la CAF, Patrice Motsepe en mot d'ouverture de la conférence d'introduction de la SL. Il poursuit son introduction en expliquant que le but principal derrière cette compétition est de s’assurer que le football africain puisse être compétitif avec le reste du monde. Pour aider les clubs financièrement, la CAF promet des primes aux participants allant jusqu'à 100 millions de dollars, dont 11,6 millions au vainqueur de la nouvelle compétition, alors que 2,5 millions récompenseront les clubs qui prendront part à la SL.
Car selon Motsepe, les clubs africains disposent de tous les talents pour tenir tête aux meilleurs du monde, mais que le football d'aujourd'hui est aussi et malheureusement, une question de salaire et d’argent finalement. "Une carrière de footballeur est courte, et le footballeur en est conscient (...) les clubs africains n’ont jamais eu les ressources nécessaires pour convaincre les meilleurs joueurs de rester alors que généralement, ils sont très attachés à leur continent et à leurs cultures" a-t-il ajouté.
Il affirme par ses propos que la situation financière des clubs est donc très importante. "C’est ce qu’on essaye d’améliorer avec le lancement de cette compétition qui va garder tout le charme du football africain en offrant juste de plus belles affiches, plus excitantes aux amoureux du football africain et aux supporters", avance le patron de la CAF, avant de céder la parole à Gianni Infantino, le président la FIFA qui est, c'est un secret de polichinelle, l'un des fervents défenseurs et porteurs du projet de la Super League.
Merci qui? Merci Gianni
"Honoré, heureux et fier" se sont là les mots utilisés par le patron du football mondial pour exprimer sa "gratitude" au football africain. Un football qui a ouvert la porte à l'un de ses projets, contrairement aux portes fermées et cadenassées de l'autre côté de la méditerranée.
Gianni Infantino n'a pas manqué de mots pour décrire ce qu'il ressent comme fierté à voir le projet de la SL se réaliser. L'Italo-suisse parle d'un "projet innovateur qui a été pensé pour faire briller les clubs africains". Bien qu'il soit considéré par plusieurs de ses détracteurs comme un tournoi "fermé" qui limite les règles de la compétitivité et un projet qui ferme la porte aux belles histoires que peut offrir ce fabuleux sport, Gianni insiste en sous-entendant que la Super League n'exclut personne. "Tous les clubs ont le droit de rêver d'y participer. Participer à un tournoi où ils vont se mesurer aux plus grands, car au delà de gagner, procurer de l'émotion est tout aussi important", affirme Infantino, en précisant que 24 clubs représentant 16 nations vont former cette ligue.
"Ce qui est en soi, plus important que le nombre de nations qui jouent les premiers rôles dans l'actuelle Ligue des Champions", insiste-t-il. Il estime que les matchs de football se jouent partout, et à un rythme soutenu, "mais que malheureusement, ailleurs dans le monde, il n'y a pas assez de matchs pour mieux faire valoir le produit et le rendre plus attractif". Il conclura son intervention, en qualifiant ce 10 août, de "jour historique" pour le football africain.
Sous quelques applaudissements, Infantino donnera la parole à Motsepe, qui à son tour a remercié la FIFA et son apport dans la naissance de son projet.
Changer, à tout jamais
"On parle de beaucoup d'argent en jeu certes. Mais il faut savoir que cette compétition a déjà séduit un grand nombre d'investisseurs privés qui adhèrent au projet", a relevé le président de la CAF pour rassurer, quant au financement de cette compétition. Dans ce sens, et pour assurer sa durée dans le temps et un format idéal, il assure qu'une conférence de presse se tiendra dans les jours à venir pour livrer plus de détails sur la nouvelle compétition phare du football africain, prévue pour la saison 2023-2024.
"Nous avons ouvert le dialogue et nous avons échangé avec les présidents et patrons de clubs pour arrêter une formule idéale. Un processus de consultation a été lancé pour expliquer aux présidents et aux équipes africaines les enjeux de cette compétition, et comment elle peut affecter leur présent et leur avenir", a relaté Motsepe, très fier de cette réalisation. Les deux hommes n'ont pas montré d'inquiétude quant à la réussite de cette compétition, qui selon certains spécialistes et détracteurs, ne fera que creuser l'écart entre "les riches" et "les pauvres", ce qui serait un grand drame pour le football africain.
Motsepe explique que les enjeux sont tout aussi sportifs et financiers et que ce projet finira par réaliser des bénéfices qui profiteront avant tout au football africain et à son développement, en générant des recettes conséquentes à la hauteur des affiches que la Super League offrira entre les "grands et meilleurs clubs du continent".
Aux "plus petits" ou les "moins grands" pour rester dans 'le politiquement correct' employé tout au long de la conférence par les deux hommes, le droit au rêve n'a pas été retiré. Ils peuvent toujours rêver d'accéder au panthéon du foot africain, à condition de doubler d'effort pour vite faire partie des clubs huppés, titrés et populaires qui composeront la première version. Le mot de la fin est significatif, pour Motsepe, après ce jour "historique" pour reprendre les mots d'Infantino: "L'image du football africain va changer... à tout jamais".


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