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La CEDEAO ignore le projet algérien et soutien la réalisation du gazoduc Nigéria-Maroc
14/12/2020 - 13:32
Younes SaouryEt un autre coup dur pour la diplomatie algérienne. Le 27 novembre dernier, le chef de la diplomatie algérienne, Sabri Boukadoum, a annoncé, dans un Tweet, l’accord conclu avec son homologue nigérien de relancer le projet du gazoduc transsaharien Alger-Abuja. Ce projet, dont l’idée de création remonte aux années 1980, s’étend sur plus de 4.100 kilomètres avec une capacité annuelle de 30 milliards de mètres cubes. Sa réalisation a toujours fait face à plusieurs écueils, notamment l’instabilité des zones de passages qui remet en question la sécurité du pipeline. Il est donc théoriquement irréalisable.
Deux semaines après cette annonce, la CEDEAO a rassemblé les représentants de ses États membres dans une réunion tenue les 9 et 10 décembre à Ouagadougou (Burkina Faso) avec pour objectif d’"échanger sur les développements actuels liés au projet d’extension du réseau de gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (WAGPEP)", lit-on dans un communiqué de la CEDEAO. Le deuxième objectif assigné pour cette réunion est de "faire le point sur les interactions entre le WAGPEP et le Gazoduc Nigeria-Maroc et recueillir les orientations des États membres sur le processus de synergie entre les deux pipelines", poursuit le communiqué publié le 07 décembre 2020.
Un gazoduc « unique »
Lors de cette réunion, à laquelle ont pris part les représentants du secteur énergétiques des États membres de la CEDEAO et le Maroc –représenté (à distance) par l’Office national des hydrocarbures du Maroc (ONHYM)-, les participants ont insisté sur la nécessité de réaliser un gazoduc "unique" reliant l’ensemble des pays de la région. Cela constitue "une réelle opportunité pour la région", précise le communiqué de clôture publié le 11 décembre. Une annonce qui tue dans l’œuf l’ambition algérienne de se rallier au Nigéria – troisième producteur de gaz du continent- pour servir le marché européen en cette source d’énergie.
La mise en place de ce gazoduc "unique" implique, selon les experts de la CEDEAO, la fusion du réseau de gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (WAGPEP) et du gazoduc Nigeria-Maroc (NMGP). "À cet effet, les études à mener avec les promoteurs du NMGP devront inclure la phase 1 du projet d’extension du réseau de gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (WAGPEP) dont la préparation avait été entamée par la CEDEAO", note le communiqué. Une fusion possible et surtout réalisable à court terme.
Un projet réalisable
Après la présentation du projet NMGP par l’ONHYM, les responsables de la CEDEAO ont été convaincus de l’importance de cette fusion étant donné que "les deux initiatives ont à peu près le même tracé et sont au même stade d’avancement", souligne le communiqué. Qui plus est, "les conclusions des deux études ont montré que ces projets concourent à des objectifs similaires notamment la valorisation des ressources gazières de la région et l’approvisionnement des pays en énergie propre y compris les États membres de la CEDEAO", argue la même source.
À la suite de cette réunion, la Commission de la CEDEAO, en charge de la réalisation du projet, a décidé de rallier ses efforts avec les promoteurs du projet de gazoduc Nigéria-Maroc pour faire aboutir ce grand chantier. Dans cette perspective, un mémorandum d’entente est en cours de discussion entre ladite Commission, la Nigerian national petroleum corporation (NNCP) et l’ONHYM.
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