Economie
Le Maroc utilise-t-il les nouvelles technologies pour gérer l'utilisation de l'eau dans l'irrigation?
07/08/2024 - 12:07
Ouiam Faraj | Aya LankaouiDans son discours du Trône, le lundi 29 juillet 2024, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a appelé à encourager l'innovation et à exploiter ce que les nouvelles technologies offrent dans le domaine de la gestion de l'eau, insistant sur la nécessité de mettre à jour continuellement les mécanismes de la politique nationale de l'eau. Quelles sont les principales technologies utilisées dans le secteur? Et comment peuvent-elles être exploitées pour préserver les ressources en eau?
Les besoins en eau augmentent avec les années de sécheresse successives au Maroc, ce qui a nécessité la mise en place d'une stratégie nationale pour gérer ce secteur et rechercher tous les moyens disponibles pour atténuer la rareté de l'eau, qu'il s'agisse de l'eau potable ou de fournir les besoins en irrigation.
Numérisation de l'agriculture
À cet égard, Kamal Abarkani, expert en sciences et ingénierie agricoles, a expliqué que les technologies utilisées dans le secteur de l'eau concernent principalement les stations de dessalement de l'eau et le secteur agricole.
Il a indiqué que les technologies utilisées dans l'irrigation agricole "font partie de la technologie numérique agricole et des biotechnologies, telles que le tri génétique en agriculture, et des technologies liées aux matériaux utilisés en agriculture, notamment dans les processus de fertilisation, d'irrigation, de production, de médicaments et de récolte."
En ce qui concerne les principales technologies liées à la gestion de l'utilisation de l'eau, M. Abarkani a souligné dans une déclaration à SNRTnews qu'il s'agit principalement de la numérisation, des satellites, des drones et des capteurs de sol, ainsi que des technologies de contrôle du processus d'irrigation.
Il a affirmé que plusieurs recherches ont abordé ces technologies et ont montré qu'elles aident à rationaliser l'eau d'irrigation. Toutefois, il a noté que la mise en œuvre de ces technologies sur le terrain nécessite des capacités financières, "le principal bénéficiaire étant le grand agriculteur qui dispose d'une équipe d'ingénieurs spécialisés, alors que cela reste difficile pour les petits et moyens agriculteurs."
M. Abarkani, également professeur universitaire à la Faculté pluridisciplinaire de l'Université Mohammed Ier à Nador et chercheur agricole, a expliqué que ces technologies nécessitent une formation spécifique pour être utilisées correctement et obtenir des résultats efficaces.
Le chercheur agricole estime que le Maroc dispose d'institutions de recherche scientifique et de capacités pour amener ces technologies aux agriculteurs, nécessitant selon lui une mobilisation générale pour imposer ces technologies sur le terrain.
Technologies modernes
En ce qui concerne le rôle des technologies modernes dans l'économie de l'eau, le professeur universitaire a expliqué dans sa déclaration que les capteurs de sol, par exemple, permettent à l'agriculteur de connaître le taux d'humidité dans la racine de la plante.
Il a souligné que ces capteurs sont connectés au téléphone pour déterminer la quantité d'eau nécessaire pour chaque plante, permettant ainsi à l'agriculteur de contrôler le débit d'eau en fonction de l'humidité du sol.
D'autre part, la technologie des satellites permet à l'agriculteur, selon M. Abarkani, de connaître l'indice de croissance de la plante à travers des images satellites et de détecter tout dysfonctionnement dans le système d'irrigation en cas de problème.
Il a ajouté que cette technologie repose sur des applications téléphoniques qui permettent à l'agriculteur de connaître le taux de croissance et la possibilité de dysfonctionnement de la production et de la surface cultivée sans avoir à se déplacer sur place, en plus de contrôler le taux d'eau d'irrigation. "Cependant, ces satellites nécessitent une grande superficie dépassant un hectare ou deux."
Parmi les technologies modernes de plus en plus adoptées par les grands agriculteurs au Maroc, on trouve les drones multispectraux, ou les caméras thermiques, qui fournissent une image précise des besoins en eau de la plante et du moment où elle doit être arrosée, a déclaré M. Abarkani. Toutefois, il a noté que des contraintes empêchent la généralisation de leur utilisation, notamment le coût, la manière d'utiliser les drones et les lois les régissant, nécessitant une autorisation des autorités compétentes.
Selon le chercheur agricole, les drones nécessitent une formation spécifique et appellent à une politique de regroupement des agriculteurs, car les petits agriculteurs ne peuvent pas les utiliser ou les acheter individuellement. Les associations et les autorités compétentes peuvent fournir cette technologie en regroupant les agriculteurs.
Mobilisation de toutes les institutions
Le professeur universitaire et expert en sciences et ingénierie agricoles a souligné la nécessité d'accélérer la mise en œuvre de ces technologies le plus rapidement possible dans cette phase de transition du programme national d'approvisionnement en eau potable et d'irrigation 2020-2027, conformément aux Instructions Royales appelant à garantir l'eau potable pour tous les citoyens et à répondre à au moins 80% des besoins en irrigation au niveau national.
M. Abarkani a également souligné l'importance de mobiliser toutes les institutions pour atteindre cet objectif, en adoptant des programmes intégrés entre tous les ministères et institutions concernés pour une bonne gestion du secteur de l'eau.
Par ailleurs, il a également souligné la nécessité de lancer des appels d'offres pour des projets de recherche scientifique orientés dans ce sens, sans se contenter de publier des recherches scientifiques, mais de soutenir la recherche scientifique appliquée pour les agriculteurs selon les besoins de chaque région et zone, avec la nécessité de l'implication de toutes les parties concernées, y compris les chercheurs, les étudiants, les enseignants, les agriculteurs, les responsables et les autorités dans ce processus, afin de mobiliser pleinement pour la mise en œuvre des projets de recherche scientifique qui peuvent atténuer la gravité de la sécheresse.
Il a également appelé le Maroc à s'engager dans des projets européens et d'autres pays spécialisés en irrigation et à compter sur la technologie des pays avancés en matière d'irrigation et de tri génétique, sans oublier le rôle du secteur privé dans la promotion de l'utilisation des technologies modernes dans le secteur de l'eau.
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