Monde
Le philosophe français Bernard-Henri Lévy parle du Sahara marocain et de la performance des Lions de l’Atlas
15/12/2022 - 11:25
I.M.Dans sa chronique publiée dans le dernier numéro de "Le Point" (numéro du 15 au 22 décembre 2022), Bernard-Henri Levy, connu par les initiales "BHL", avoue que malgré son désintérêt pour le sport, d’une manière générale, la prestation exceptionnelle de l'équipe marocaine en Coupe du monde a suscité sa curiosité et son enthousiasme.
"Je n’ai pas une âme de supporteur. Et je ne m’intéresse guère aux événements sportifs. Mais je vois l’importance de la chose", c’est ainsi que le célèbre chroniqueur a commencé son écrit. Selon lui, la qualification du Maroc, pour la première fois de son Histoire et de celle de l’Afrique, pour les demi-finales est "une assez bonne image de cet esprit du monde aux prises avec l’Histoire." Une gloire bien méritée par le Maroc.
Dans son "Bloc-notes" intitulé "Pindare, le foot et le Maroc", Bernard-Henri Lévy reflète une autre facette de cette gloire, celle qui s’étend, également, sur bien d’autres questions dont la Moudawana et la Constitution de 2011.
"Et sans être exagérément superstitieux, je ne peux m’empêcher d’imaginer, comme chez Pindare le doigt de la déesse sur le front du gymnaste victorieux, l’ombre de ces mères ou épouses auxquelles la réforme du Code de la famille en 2004, puis la Constitution de 2011, ont donné des droits sans pareil dans le monde arabo-musulman, je ne peux m’empêcher, donc, d’imaginer leur ombre derrière le pied léger de Romain Saïss, les gestes ailés de Yassine Bounou, les coups de pied arrêtés de Hakim Ziyech ou la tête victorieuse de Youssef En-Nesyri."
Mais aussi le Sahara marocain… "Et, quand je dis qu’il (Maroc ndlr) la mérite, je pense à une reconnaissance qui devrait aller bien au-delà de ce Mondial et s’étendre à un domaine, notamment, où il plaide trop souvent...". Et c'est, bien entendu, de l'affaire du Sahara qu'il s'agit où la position du Maroc pour lui est "à la fois fidèle à l’Histoire, conforme au droit international et seule compatible avec les exigences de la paix dans la région."
"A l’heure où j’écris ces lignes, lundi matin, j’ignore qui de lui (Maroc ndlr) ou de la France l’emportera dans le match d’après-demain. Mais je sais que cette qualification est celle du pays arabe qui est allé le plus loin, depuis vingt ans, sur la voie des réformes démocratiques", ajoute-t-il.
Et d’ajouter: "Je sais que c’est une victoire pour le pays musulman dont le souverain a, lors d’un discours historique prononcé, en 2016, à Tanger, déclaré la guerre, sur la terre et dans les cieux, aux bandits djihadistes qui s’octroient le droit de parler au nom de Dieu. Je sais que l’équipe marocaine est fille d’un peuple que sa piété n’interdit pas d’honorer, qu’elles soient juives ou chrétiennes, les minorités religieuses qui vivent en son sein ou qui, comme mon ami, l’écrivain et ancien ministre Thierry de Beaucé, ont choisi d’y mourir."
Pour l’écrivain, cette victoire, est un signe. Un signe que le Maroc "tient, sur la plupart des grands sujets internationaux, une position de sagesse et de courage dont la dernière illustration fut la livraison à l’Ukraine de précieux chars T-72", rappelle-t-il.
Et de conclure: "Bien il y en aura un, de Roi, qu’il ne faudra pas oublier à la table des vainqueurs : Mohammed VI, petit-fils du sultan qui, dès octobre 1940, se dressa contre l’infamie des lois antisémites de Vichy et dont le pays est, depuis, l’allié loyal des nations démocratiques et, naturellement, de la France. La vraie partie se jouera là. Et c’est aujourd’hui, dans la fraternité et le fair-play, que l’on s’y prépare."
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