Société
Les bourses, le grand hic des étudiants en médecine
11/05/2022 - 17:00
Lina IbrizAu long de 6 ans ou 7 ans d’études, les futurs médecins, dentistes et pharmaciens sont obligés de supporter seuls, ou en comptant sur leurs familles, les frais de leur formation. C’est ce qui ressort d’une étude réalisée par la Commission nationale des étudiants en médecine, médecine dentaire et en pharmacie auprès de 5.000 étudiants à travers le Maroc. L’enquête relève ainsi les difficultés financières auxquelles font face ces futurs soignants.
Or quelques bourses qui restent "une source très restreinte de financement qui ne concerne qu'une partie limitée des étudiants", les futurs soignants peuvent compter sur le soutien de l’État à travers la bourse Minhaty pour financer leurs études. Cependant, seule une minorité de ceux-ci en bénéficie. Selon les résultats de l’enquête, 43,41% de ces étudiants ont déjà postulé à Minhaty, mais seulement 18,4% en bénéficient et perçoivent entre 263 et 527 dirhams par mois.
Quant aux autres bourses, il s’agit notamment de celles destinées aux étudiants dont les parents sont adhérents aux Fondations, soit la FM6 de l'enseignement ou la FH2 de la santé. Celles-ci ne bénéficient qu’à, respectivement 16,8% et 4% des étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie.
Face au nombre limité des sources de financement et à la faiblesse du nombre des bourses disponibles, 92% des étudiants se trouvent dans l'obligation de se diriger vers leurs familles pour les aider au financement de leurs études, indiquent les auteurs du rapport notant les "conséquences socio-économiques des limites financières proposées par les ministères de tutelle".
Ne bénéficiant pas d’indemnités au cours des deux ou trois premières années de leurs études et puis privés de la bourse Minhaty en 6e et 7e année en médecine dentaire et en pharmacie, 30% des participants à l’enquête ont dû diminuer leur épargne, 16% ont trouvé des difficultés à payer leurs loyers et 6% n’ont carrément pas pu le payer dans le cadre des conditions économiques actuelles, note aussi la Commission.
Revoir les conditions d’octroi de la bourse…une solution ?
Durant leur deuxième année de baccalauréat, les élèves marocains peuvent postuler à la bourse pour l'enseignement supérieur et la formation professionnelle Minhaty. Si l’élève rate le délai, il ne pourra pas en bénéficier. Toutefois, vu le "manque d’orientation" noté durant cette année et "dans le cadre des changements de conditions de vie des étudiants et leurs familles suite à l’intégration des études universitaires", la grande majorité des étudiants estiment qu’il serait plus optimal de changer cette règle.
Selon les résultats de l’enquête, la grande majorité, soit 91.04%, des étudiants pensent que la demande pour la bourse Minhaty devrait être possible même après le début des études universitaires.
Alors que les conditions d’octroi des bourses ainsi que les montants de celles-ci seraient moins qu’optimaux pour les étudiants, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation met ces bourses en tête de ses priorités. Le ministre de l’Enseignement supérieur, Abdellatif Miraoui, a indiqué, lundi 9 mai 2022, lors de son passage devant la Chambre des représentants que son département consacre 45% de son budget au financement des programmes des bourses, d’alimentation et d’hébergement des étudiants.
Par ailleurs, cette enveloppe a évolué d’année en année, a assuré Miraoui. Au titre de l’année en cours, le budget destiné au financement des bourses a été augmenté d’environ 200 millions de dirhams pour dépasser la barre des 2 milliards de dirhams. Le nombre des bourses octroyées a à son tour connu une hausse au cours de cette année. 408.000 bourses ont été allouées durant l’année universitaire 2022-2022, contre 390.000 bourses une année auparavant.
Malgré ces efforts, du travail est encore à faire, et le département de Miraoui est bien conscient de cela. Lors du même passage, le ministre a aussi souligné que son ministère révisera la manière dont les bourses sont octroyées afin de garantir la justice entre les étudiants. Une révision qui profiterait peut-être aux futurs médecins, dentistes et pharmaciens.
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