Société
Les filles et les femmes dans le NMD: la vision de l'ADFM
13/07/2021 - 19:02
Khaoula BenhaddouSi le rapport de la Commission spéciale sur le modèle de développement a été applaudi par les partis politiques et les différentes tranches de la société, certaines associations ont exprimé leur déception.
Dans ce sens, l’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) déplore l’exclusion de la société civile lors de l’élaboration du rapport du NMD.
Pour Widad Baouab, Coordinatrice Nationale de l’ADFM, le NMD n’a pas pris en considération les avancées réalisées par le Maroc. "Depuis 2005, le Maroc a réalisé une avancée remarquable dans de nombreux secteurs. Or, le rapport du NMD a fait table rase de toutes les expériences réalisées surtout concernant la situation de la femme" et d’ajouter "le rapport fait de la femme une catégorie au même titre que les jeunes et des personnes à besoin spécifiques qui sont d’ailleurs des deux sexes. Or, les femmes ne sont ni une catégorie, ni un problème social relevant du ministère de la Famille, de l’enfance et des personnes handicapées. La femme est la base et le socle de la société. Nous sommes contre l’institutionnalisation de l’idée que les femmes sont une catégorie à laquelle on consacre un paragraphe dans tous types de documents émanant de l’ensemble des acteurs de la société".
Pour sa part, Nezha Belkachla, la directrice du bureau de l’ADFM de Marrakech, a précisé que le rapport du nouveau modèle de développement est marqué par une vision masculine. "Ce rapport n’a pas souligné les différentes formes de discrimination de genre dont souffrent les femmes en matière d’héritage, de la polygamie, du mariage des mineurs". Et à elle de poursuivre: "le rapport propose de confier au juge la possibilité d’examiner au cas par cas l’autorisation ou non du taassib ? Cette pratique a déjà échoué dans le dossier des mariages des mineurs et je ne comprends pas pourquoi nous allons la renouveler", martèle la militante qui précise que cette pratique engorge les tribunaux et ouvre la porte à la corruption et aux dérives.
La réforme de la Moudawana s’impose
Lors de cette conférence de presse, les militantes ont tenue à exprimer leur indignation et ont appelé à une vraie réforme de la Moudawana. "Parmi les mesures phares proposées par le rapport c’est de porter le taux d’activité des femmes de 18% à 45% à l’horizon de 2035. Certes, c’est une très belle mesure, mais encore faut il donner de vrais solutions. Comment est-ce possible du moment que la femme continue à vivre au quotidien la discrimination directe et indirecte de la part des personnes et des institutions. Sans oublier que très peu de ces femmes réussissent à occuper des postes de responsabilité", lance Khadija Rebbah, directrice du bureau de l’ADFM de Casablanca.
La militante souligne qu’il faut avant tout préparer le terrain et lutter contre l’injustice dont souffre la femme. "Nous demandons une réforme globale et cohérente de la Moudawana. Les lois sur l’âge de mariage, la polygamie, le divorce, le partage des biens acquis durant le mariage et l’héritage doivent être modifiées pour s’adapter au Maroc d’aujourd’hui et celui des générations futures». Khadija Rebbah estime aussi qu'il "est inconcevable qu’une femme qui travaille, éduque et paye ses impôts soit privée de ses simples droits, qu’elle ne puisse pas voyager avec son enfant sans l’autorisation de son ex-mari ou qu’elle ne puisse pas avoir la garde de ses enfants si elle décide de refaire sa vie".
D’ailleurs, en réponse à la spécificité religieuse de ces textes de lois, cette militante déplore que cette spécificité n’est évoqué que dans les sujets qui concernent les femmes. "Cette spécificité religieuse ne s’invite dans les débats que quand il s’agit des droits des femmes ? Les autres secteurs de la vie sont-ils conformes aux règles religieuses ? Tout ce qu’on demande c’est la correction des idées reçues et qu’on explique correctement et convenablement la religion", insiste-t-elle.
Dans ce sens, l’ADFM lance un plaidoyer et appelle à une refonte des contenus culturels et éducatifs afin de briser le cercle vicieux «lois et mentalités». L’association demande également d’accélérer le rythme du changement en faveur d’une culture qui prône la dignité humaine, la liberté, l’égalité et la non-violence.
L’association appelle également à la prise des mesures garantissant l’accès des femmes aux postes de prise de la décision politique et administrative au niveau national ainsi que la mise en place des mécanismes et moyens institutionnels et humains ainsi que des ressources financières visibles dans les lois de finances pouvant résorber les disparités hommes-femmes.
Articles en relations
Société
Société
Société