Economie
L'essentiel de la première réunion du Conseil de Bank Al-Maghrib
21/03/2023 - 16:07
Mohammed FizaziUn communiqué indique que le Conseil a analysé l'évolution de la conjoncture économique nationale et les projections macroéconomiques de la Banque pour les huit prochains trimestres. Malgré une atténuation relative des pressions d'origine externe, l'inflation continue de s'accélérer, notamment en raison de chocs d'offre internes sur certains produits alimentaires.
L'inflation, qui a atteint 6,6% en 2022, devrait rester élevée à moyen terme, ressortant à 5,5% en 2023 et 3,9% en 2024. Suite à l'analyse de ces données, le Conseil a décidé de relever le taux directeur de 50 points de base à 3% pour prévenir l'enclenchement de spirales inflationnistes auto-entretenues et renforcer l'ancrage des anticipations d'inflation.
Stabilisation des prix des matières premières
Le communiqué ajoute que dans un contexte international marqué par la normalisation progressive des marchés, les cours des matières premières reviennent à des niveaux proches de ceux enregistrés avant le début du conflit en Ukraine. Le prix du Brent devrait reculer à 83,3 dollars en 2023 et osciller autour de 80 dollars en 2024. Les cours des denrées alimentaires devraient également baisser de 10,4% en moyenne en 2023 et de 0,6% en 2024.
L'inflation poursuit son atténuation observée ces derniers mois dans les principales économies avancées, tout en restant au-dessus des objectifs des banques centrales. Aux États-Unis, elle passerait de 8% en 2022 à 3,9% en 2023 puis à 2,4% en 2024, et dans la zone euro, elle baisserait à 5,3% en 2023 puis à 2,4% en 2024.
Les banques centrales maintiennent l'orientation restrictive de leurs politiques monétaires pour contenir ces pressions et ramener l'inflation à leurs cibles. La FED a décidé de relever la fourchette cible du taux des fonds fédéraux à [4,50% - 4,75%] et la BCE a relevé ses taux directeurs de 50 points de base.
Le durcissement des conditions monétaires continuerait de peser sur les perspectives de l'activité économique, légèrement révisées à la hausse ces derniers mois. La croissance américaine devrait revenir à 1,2% en 2023 et en 2024, tandis que celle de la zone euro passerait de 3,5% à 1% puis à 1,2%. L'économie britannique enregistrerait une contraction de 0,5% en 2023 avant de renouer avec la croissance en 2024. Dans les principaux pays émergents, la Chine devrait afficher une croissance de 5,3% en 2023 et en 2024, et l'Inde connaîtrait une croissance de 6,6% en 2023 puis de 6% en 2024.
La campagne agricole se redresse malgré les défis
BAM indique qu'près un début difficile, la campagne agricole connaît un redressement relatif grâce aux dernières précipitations. Cependant, la production des trois principales céréales serait limitée par la superficie emblavée qui n'aurait pas dépassé 3,65 millions d'hectares, selon le Département de l'Agriculture. De plus, les cultures hors céréales souffriraient des restrictions sur l'eau d'irrigation et du coût élevé des intrants.
Malgré ces défis, les projections de Bank Al-Maghrib tablent sur une récolte céréalière d'environ 55 millions de quintaux. Ainsi, après une contraction de 15% en 2022, la valeur ajoutée agricole augmenterait de 1,6% en 2023, avant de s'améliorer de 6,9% en 2024, sous l'hypothèse d'un retour à une production moyenne de 75 millions de quintaux.
Les activités non agricoles, affectées par la détérioration de l'environnement externe, poursuivraient leur ralentissement en 2023, avec une progression de leur valeur ajoutée de 2,7% au lieu de 3,4% en 2022. Elles connaîtraient un relatif redressement en 2024, avec une croissance de 3,2%.
La croissance de l'économie nationale devrait se consolider à 2,6% en 2023 et s'accélérer à 3,5% en 2024, après une forte décélération à 1,2% en 2022. Sur le plan des comptes extérieurs, la dynamique des échanges en 2022 a creusé le solde commercial à un niveau record de 311,6 milliards de dirhams. Néanmoins, les hausses notables des transferts des MRE et des recettes voyages ont permis de limiter le déficit du compte courant à 3,9% du PIB. Ce dernier devrait s'alléger à 2,8% en 2023 puis à 2,6% en 2024.
Concernant les finances publiques, le déficit budgétaire devrait poursuivre sa tendance baissière, grâce à l'amélioration attendue des rentrées fiscales et non fiscales. Selon les projections de Bank Al-Maghrib, il devrait s'atténuer à 4,7% du PIB en 2023 puis à 4,3% en 2024.
En somme, bien que la campagne agricole et l'économie nationale soient confrontées à plusieurs défis, la croissance économique semble se consolider et les finances publiques s'améliorer progressivement.
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