Location saisonnière: attention à l’arnaque!

En été, les locations saisonnières ont souvent été la solution efficace pour les familles marocaines qui ne se permettaient pas de séjourner dans des hôtels.

Il y a quelques années et en absence de sites spécialisés, les familles se rendaient dans la ville de leur choix, le nord pour la majorité, et cherchaient la petite perle. 

A l’entrée de la ville, des jeunes hommes portant des clés indiquaient l’existence d’appartements pour location. Une fois la visite effectuée, le locataire se met d’accord sur les modalités et les dates de séjour avant de payer.

Avec l’arrivée des réseaux sociaux, des sites et applications spécialisés, la donne a changé. En un seul clic, la famille découvre les photos de l’appartement et négocie avec le propriétaire, lui paie une avance avant même de la visiter. Une opération qui n’est pas souvent sans risque comme le témoigne Malika, mère de famille; 'l’année dernière, nous avons choisi Agadir comme destination pour nos vacances. Nous avons trouvé une annonce sur un groupe sur Facebook et on a adoré les photos. Nous avons contacté le propriétaire de la maison et on a négocié avec lui avant de lui envoyer une bonne somme d’argent comme avance. Le jour J, une tierce personne est venue nous donner les clés et on a découvert un appartement qui ne ressemble absolument pas à celui qu’on a choisi. Comme on ne connaissait pas la ville et qu’on avait un budget très limité, on était obligé de rester".

Malika n’est pas la seule à se faire arnaquer. Comme elle, plusieurs personnes ont été confronté à des situations similaires ou n’ont carrément plus réussi à joindre le propriétaire de la maison comme a été le cas de Chafik; "suite à une annonce trouvée sur Facebook, j’ai contacté le propriétaire d’une maison à Martil et on s’est mis d’accord sur les modalités, le prix et la date d’arrivée, je lui ai même envoyé une avance pour confirmer la réservation. Une fois sur place, la personne concernée était injoignable sur son numéro mais aussi sur son compte Facebook". Et d’ajouter "après plusieurs heures sous le soleil, j’étais obligé de rebrousser chemin et de prendre un hôtel avec ma famille. Je ne pouvais même pas porter plainte parce que c’était le weekend et je ne voulais pas gâcher les vacances de mes enfants".

Vide juridique ?

En été, les offres d’appartements de location sont nombreuses sur les réseaux sociaux. Du petit studio, au bungalow en passant par les villas avec piscine, les anonces inondent les groupes sur Facebook et sur les sites spécialisés. Avec des prix allant de 400 à 3000 dhs la nuit, les annonceurs ne ratent pas l’occasion pour attirer une clientèle assoiffée des bonnes occasions.

Profitant du manque de contrôle et du vide juridique, les arnaques se multiplient et ne se ressemblent pas. Certains annonceurs ne manquent pas d’imagination pour escroquer les estivants en offrant des réductions plus qu’alléchantes pour les inciter à payer des avances et à transférer l’argent via des plateformes souvent non sécurisées.

Pour Abderrahim Bouhmidi, avocat au barreau de Rabat, le consommateur a une grande part de responsabilité; "avant de louer un appartement, il faut avant tout la visiter pour s’assurer de la conformité des photos mais aussi pour éviter toute mauvaise surprise. Dans le cas échéant, la personne qui se fait arnaquée n’a qu’à s’en prendre à elle-même", avant d’ajouter "comme toute location, il faut signer un contrat qui servira de référence en cas d’un éventuel litige. Mais comme la majorité des estivants se contentent des réseaux sociaux et du monde virtuel pour négocier et payer, le risque d’escroquerie est toujours là. N'oublions pas que c'est un secteur informel puisqu'il s'agit simplement de personnes qui veulent gagner de l'argent en louant leur propre maison ou celles d'autrui".

En cas d’arnaque, l’avocat conseille de porter plainte et de présenter des preuves palpables; "la personne qui se fait arnaquer doit absolument avoir des preuves solides pour porter plainte dans les heures qui suivent. Ces preuves peuvent être des captures d’écran des échanges de discussions, le numéro de CIN ou de compte de la personne concernée. Bien évidemment, la procédure est longue et le procès va prendre du temps et c’est ce qui freinent la majorité des personnes à ne pas déposer plaintes. Avant d’en arriver là, la meilleure protection contre ces cas d’escroquerie, c’est de se rendre sur place pour vérifier, d’opter pour des sites de location reconnues et surtout de ne jamais envoyer de l’argent à des personnes inconnues", conclut Maitre Bouhmidi.