Société
Médicaments contrefaits: les professionnels interpellent la tutelle
21/12/2021 - 07:00
Aïcha DebouzaAlarmée par la menace qu’encourt le pays, la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc (CSPM) a appelé le ministère de la Santé à "assumer sa pleine responsabilité vis-à-vis des médicaments du marché noir, passés en contrebande vers le Royaume ou vendus virtuellement, et qui s’installent dans les corps des Marocains menaçant leur santé".
Ce sont en effet, des produits pharmaceutiques illicites souvent périmés, des antidépresseurs achetés virtuellement ou encore des médicaments amincissants contrefaits pris de chez l’épicier, et pleins d’autres produits qui menacent la santé des Marocains. Et sans surprise, la pandémie n’a pas arrangé les choses, bien au contraire, elle a fait prospérer le marché informel.
Une lutte collective
Très révoltés par le sujet, les professionnels ne peuvent plus accepter ces pratiques qu’ils qualifient de très dangereuses pour la santé des gens. "Notre combat ne concerne même pas le manque à gagner car ces pratiques portent d’abord et surtout préjudice à la santé du citoyen marocain, qui est notre première priorité. Acheter des produits pharmaceutiques du marché informel, n’est pas uniquement interdit par la loi, mais peut s’avérer quelques fois mortel", explique Hamza Guedira, président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP).
Dans ce sens, le président explique que le Maroc est signataire d’une convention internationale appelée le "MédiCrime". Elle stipule que tout médicament qui sort du circuit légal est impropre à la consommation. "Même s’il sort officiellement d’une usine, ou s’il a fait l’objet d’un processus de contrôle de qualité, le médicament est impropre à la consommation s’il ne suit pas le circuit tracé par la loi", ajoute Hamza Guedira.
En effet, la "Convention MédiCrime" est une stratégie de lutte contre la falsification de produits médicaux, élaborée en Europe. Ouverte à tous les pays à travers le monde, cette dernière se veut qu’un grand nombre d’Etats participent à une coalition mondiale menant à une limitation, voire un arrêt total, desdites infractions.
Ainsi, "MédiCrime" organise un cadre international de coopération entre Etats en vue de mobiliser les pouvoirs publics, le secteur privé et les populations contre les faux médicaments. Mais pas seulement. La convention vise pareillement à sensibiliser ces derniers sur la nocivité des produits médicaux contrefaits, sur le trafic de produits médicaux contrefaits et sur la mise sur le marché de dispositifs médicaux ne remplissant pas les exigences de conformité.
"Il faut que les circuits soient respectés parce qu’on ne doit surtout pas jouer avec les médicaments. Il y a environ 10% des médicaments qui circulent dans le monde provenant de la contrefaçon. Pire. Dans beaucoup de pays africains, un médicament sur deux est contrefait et impropre à la consommation", fait savoir le président du CNOP.
D’après le professionnel, la grande partie des médicaments qui ont fait l’objet de cette affaire sont surtout les médicaments utilisés dans l’interruption de la grossesse, telles que les pilules abortives. Destinés à provoquer un avortement, ces médicaments contrefaits peuvent causer la mort d’un nombre de femmes.
"La profession, le ministère de tutelle ainsi que les pouvoirs publics, sont amenés à faire de la communication de qualité d’une manière systématique pour que les citoyens n’achètent, au plus grand jamais, un médicament en dehors du cycle légal, en l’occurrence la pharmacie. C’est un travail que nous devons mener de manière permanente", conclut Hamza Guedira.
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