Economie
Nizar Baraka : nous avons dépassé la logique du stress hydrique et nous rentrons dans la logique de la pénurie hydrique
21/02/2024 - 14:00
Khaoula Benhaddou«La guerre de l’eau : le stress hydrique qui gagnera» tel a été le thème de la conférence débat organisé ce mardi 20 février à Casablanca par l'Alliance des ingénieurs Istiqlaliens en coopération avec la Fondation Konrad-Adenauer au Maroc.
Lors de cet événement marqué par la présence d’un panel d’ingénieurs et de spécialistes, le ministre de l'Euipement et de l'eau Nizar Baraka a présenté des chiffres alarmants sur le stress hydrique qui frappe le Maroc depuis plusieurs années.
Pour commencer, le ministre et secrétaire général de du parti de l'Istiqlal a rappelé que dans un contexte dominé par le réchauffement climatique au niveau mondial, le Maroc rentre dans sa 6e année de sécheresse.
Nouveau record au Maroc
Lors des accords de Paris et de Marrakech, les spécialistes ont rappelé que l'objectif est de contenir le réchauffement de la planète à 1,5°C. Ce chiffre sera probablement atteint comme l’a précisé Nizar Baraka dans son intervention; «au niveau mondial, nous sommes à 1,1 degrés, ce qui veut dire qu’on se rapproche de l’objectif de l’accord de Paris et de Marrakech». Et d’ajouter «au Maroc, on est est à 1,8 degrés de plus donc la situation est particulièrement critique».
Dans ce sens, le ministre a souligné que le Royaume a enregistré durant le mois de février des chiffres records jamais enregistrés en terme de température; "Pour la ville d’El Jadida, nous sommes passés de 26 degrés comme record pour atteindre au courant de cette année 34 degrés soit 8 degrés de plus par rapport à la normale».
Une baisse alarmante de pluviométrie et d’enneigement
Lors de sa rencontre avec les ingénieurs, Nizar Baraka a souligné que le Royaume enregistre un déficit de pluviométrie à l’ordre de 58% par rapport à l’année dernière; "de septembre à aujourd’hui, on est dans un cumul de 43 mm de pluie contre 150 mm par le passé". Et d’ajouter "L’enneigement a été également très faible puisqu’ à mi-février, on est à 2792 km carré d’enneigement. D’habitude on fait une moyenne de 34.000 km carré. Le maximum de neige qu’on a eu cette année est de 10 cm c’est très insuffisant pour un apport d’eau au niveau des barrages".
Une baisse de ressources en eau par habitant
Avec un ton alarmiste, le ministre a précisé que le Maroc enregistre une baisse tendancielle des ressources en eau par habitant; "Nous étions à 2560 mètres cube par habitant par an, nous sommes autour de 600 mètres cube par habitant par an et nous allons vers les 500 mètres cube par habitant par an en 2030. Ce qui montre que nous avons dépassé la logique du stress hydrique et nous rentrons dans la logique de la pénurie hydrique, c’est un changement radical que nous vivons".
Une répartition inégale des ressources hydriques
Dans sa présentation, le ministre a rappelé la différence en apport d’eau dans les différentes régions du Royaume; «l’apport en eau est particulièrement inégal dans le Royaume. Nous avons 51% des ressources en eau qui sont concentrés sur 7% du territoire. Quand on parle de 600 mètres cube par habitant par an, dans la réalité nous sommes dans la région du Loukkos à 1200 mètre cube par habitant par an et contre seulement 100 mètres cube par habitant par an dans le sud du Royaume».
Une surexploitation de la nappe sous terrain
En ce qui concerne l’apport annuel des barrages, le ministre a précisé que le niveau des apports en eau a connu une baisse continue; "On était à 22 milliards, pour atteindre les 11 milliards de mètres de cube qui arrive au niveau des barrages... Si on raisonne par rapport aux 5 dernières années, nous sommes autour de 3 milliards de mètres cube. Il s’agit des apports qui arrivent au niveau des barrages et c’est ce qui explique cette baisse des niveaux des barrages". Et de préciser "vu les besoins d’agriculture et d’eau potable, cette situation se traduit par une surexploitation de la nappe souterraine. Nous avons 4 milliards de mètre cube qui se renouvelle chaque année, il se trouve que nous consommons 5 à 6 milliards de mètres cube, c’est-à-dire que nous sommes en train de consommer nos réserves d’eau pour le futur".
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