Politique
PPS: la déclaration de la majorité suscite la "frustration"
09/04/2022 - 23:49
Lina IbrizRéunis vendredi 8 avril 2022 au siège du parti de l’Authenticité et de la modernité (PAM) à Rabat, les leaders des trois partis formant la coalition gouvernementale, à savoir le Rassemblement national des indépendants (RNI), le PAM et le parti Istiqlal, ont dressé le bilan de l’action gouvernementale à ce jour.
La déclaration issue à la fin de cette assemblée fut ainsi teintée de positivisme et d’optimisme. En effet, la majorité s’est félicitée de l’avancement de l’exécution du programme gouvernemental ainsi que des actions prises dans une conjoncture "nationale et internationale difficile".
Mettant en avant "l’efficacité" de l’action gouvernementale, ladite déclaration souligne les programmes exceptionnels et d’urgence lancés pour faire face au stress hydrique et pour le soutien des professionnels du transport, des mesures qui s’inscrivent dans "le cadre d’une batterie de mesures gouvernementales d’urgence et exceptionnelles visant à limiter l’impact des conditions mondiales sur les prix des produits de base dans notre pays".
Par ailleurs, la majorité a mis l’accent sur "la continuité de l’efficacité et de la rapidité de la mise en œuvre par le gouvernement du chantier de l’Etat social", évoquant dans ce contexte "le bilan honorable des décisions, mesures et décrets relatifs à la mise en œuvre du chantier de généralisation de la protection sociale".
Alors que les partis d’Akhannouch, d’Ouahbi et de Baraka semblent fiers de la manière dont le gouvernement actuel a géré cette période cruciale de l’histoire du pays, une chose est sûre : les conditions n’ont certainement pas été favorables. Le pays à peine se remettant de la crise pandémique et de ses répercussions socio-économiques et aspirant à mettre en place un Nouveau modèle de développement et lancer de grands chantiers de réformes, le programme gouvernemental s’est voulu assez ambitieux. Éducation, emploi, croissance, santé, protection sociale … l’Exécutif a du pain sur la planche.
Mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Dès ses premiers mois aux commandes, le gouvernement Akhannouch a dû faire face à un des épisodes de sécheresse les plus sévères depuis des années, menaçant ainsi l’agriculture, premier secteur créateur de richesse et d’emploi au Maroc. Au stress hydrique est venu s’ajouter un autre stress : celui de la hausse des prix, accentuée par la guerre Ukraine-Russie, chamboulant ainsi les chaînes mondiales d’approvisionnement et portant les cours de l’énergie et des produits à de nouveaux records.
La réaction du PPS
Le fait que cette première année de la vie du gouvernement ne fut donc pas facile peut ainsi faire le consensus. Son action, tout de même semble ne pas le faire. En tout cas, c’est ce qu’indique la déclaration du président du groupe parlementaire du PPS, Rachid Hamouni.
Pour le représentant de ce parti de l’opposition, la déclaration conjointe des partis de la majorité suscite "beaucoup de frustration et d’étonnement chez n’importe quel citoyen".
Ainsi, Hamouni souligne que dans une conjoncture "critique" marquée par "la flambée des prix, la dégradation du pouvoir d’achat des ménages, la faillite d’un grand nombre d’entreprises et le licenciement de nombreux employés", le gouvernement est appelé à présenter un plan "clair et ambitieux et des mesures "réalistes, pragmatique et urgentes".
Face à de telles conditions socio-économiques, la déclaration de la majorité n’a apporté que des "justifications et des excuses liées aux contraintes et instabilités internationales", ajoute le politique, notant qu’il incombe au gouvernement de "remédier" et faire face à ces contraintes à travers des décisions "concrètes" dont l’impact peut être "ressenti par les citoyens".
En sus, le président du groupe parlementaire du PPS s’interroge si la position de la majorité vis-à-vis la hausse des prix des carburants et des produits alimentaires reflète "l’incapacité" du gouvernement ou plutôt un "conflit d’intérêts".
À travers cette déclaration qui s’est limitée à un "diagnostic", la majorité guidée par Akhannouch aurait échoué à accomplir sa mission, rendant évidente son "incapacité" de faire face aux conditions difficiles et de "prendre les mesures nécessaires pour soutenir le pouvoir d’achat des citoyens" ainsi que son "inconscience" du caractère crucial et critique de l’étape actuelle, estime Hamouni.
Enfin, Hamouni estime que la "force" et "la cohésion" des membres de la majorité, "glorifiées" dans leur déclaration, devraient plutôt être conjuguées à un "courage politique" à fort impact se traduisant par des mesures "palpables" et une "vision complète", au lieu d’une série d’actions "isolées", "insuffisantes" et s’inscrivant dans le cadre d’une "gestion ordinaire et routinière" d’une conjoncture "exceptionnelle, compliquée, difficile et inquiétante".
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