Société
Wafaa Al Hassani, portrait d’une infirmière engagée
13/05/2022 - 12:00
Khaoula BenhaddouMotivation, dévouement et professionnalisme, ces mots collent à la peau d’une infirmière hors du commun. D’une intelligence implacable, elle a réussi très tôt à tracer son chemin.
Jeune, elle a rêvé de devenir médecin, mais le destin en a décidé autrement. Après un bref passage à l’Université des sciences, elle change de destination pour se rapprocher de son rêve. Elle commence sa formation à l’Institut de formation aux carrières de santé (IFCS, actuel ISPITS) et apprend petit à petit un métier passionnant, humain et riche en connaissance.
Sa foi inébranlable dans son destin et sa volonté de découvrir les brèches des choses lui ont permis de décrocher avec brio son diplôme d’infirmière d’État et d’intégrer rapidement le marché du travail. "J’ai commencé ma carrière à la délégation de la région Ben Msik et j’ai eu la chance de travailler et d’être formée par de grands professionnels", se rappelle-t-elle avec nostalgie. "Le délégué m’a proposée la gestion des programmes de vaccination et du programme IEC (information, éducation et communication). Ce n’était pas évident pour une jeune lauréate qui voulait être en contact permanent avec les patients. Mais grâce à l’accompagnement et l’aide de mes supérieurs je me suis vite intégrée".
Maisons de jeunes, centres de santé, souks hebdomadaires et monde rural seront un terrain propice pour se former et être en contact avec les patients. "J’organisais des programmes de sensibilisation pour les femmes enceintes et allaitantes. J’ai sillonné les régions et j’utilisais le mégaphone dans les souks pour sensibiliser les habitants. C’était une période riche en partage, en écoute et en accompagnement".
Wafaa Al Hassani est une gourmande des sciences de la santé. Sa ténacité et son audace l’ont poussé à approfondir ses connaissances et à multiplier ses formations. Après avoir décroché le diplôme de premier cycle, elle poursuit ses études et fait partie de la première promotion du deuxième cycle. "J’ai fait mon deuxième cycle de formation en enseignement à l'Institution supérieure des professions infirmières et techniques de santé (ISPITS) de Rabat et un master en management des organisations de santé à l'Institut national de l'action sociale (INAS), par la suite, j’ai occupé le poste de chef de service de la formation de base. Par la suite, j’ai occupé le poste de chef de division de la formation au ministère de la Santé avant de devenir Doyenne de la faculté des sciences et techniques de santé à l’Université Mohammed VI des Sciences de la Santé", raconte Wafaa, non sans fierté.
Un long chemin riche en émotions
Malgré les postes de responsabilité, les formations et les défis, Wafaa n’oublie jamais ses patients, ni les moments forts qui ont marqué sa carrière.
Notre passionnée se rappelle avec nostalgie la première piqure qu’elle a donnée. "La première injection était au niveau du service de pédiatrie à l’hôpital d’enfants. J’ai dû injecter de la pénicilline à un bébé dans la couveuse qui souffrait de la syphilis. J’ai dû manipuler avec beaucoup de précautions ma seringue pour injecter ce médicament à un petit bout de bébé sans le sortir de sa couveuse", raconte-t-elle avec beaucoup d’émotions. "À ce moment-là, je me suis demandée pourquoi il n'y a pas de formation spéciale pour les infirmiers qui prennent en charge les nouveaux nés. 23 ans plus tard, quand j’ai travaillé au niveau de la stratégique au ministère de la Santé, nous avons mis en place la formation d'infirmier en néonatologie", poursuit Wafaa avec fierté.
Ce sentiment est toujours présent chez cette infirmière qui a participé à la réalisation de plusieurs projets. "J’avais participé à la mise en place du système LMD ainsi que la mise en place du système de licence en 2013. C’était une révolution", se souvient-elle. "Quand je vois l’évolution du métier durant ces 20 dernières années, je suis fière du chemin parcouru et des réalisations accomplies".
Une fierté que Wafae tente de transmettre à ses élèves. "Ma grande responsabilité est de transmettre cet amour, cet engagement et cette fierté aux étudiants. Ces derniers doivent aimer ce métier et le défendre malgré les obstacles. J’ai eu la possibilité de travailler à l’étranger à plusieurs reprises, mais j’ai refusé par amour à mon pays, à ma profession et mes patients".
Lutter contre les idées reçues
A part la persévérance, Wafae lutte pour changer les idées reçues sur le métier. "Les infirmiers sont dénigrés et dépourvus de plusieurs droits. Des fois, la société ridiculise la profession mais cela émane également de l’infirmier lui-même qui a honte de son métier. Il faut aimer cette mission et lutter pour la défendre et se mettre au service du patient qui a besoin de notre aide et notre accompagnement", insiste t-elle. "Les droits des patients est le slogan choisi cette année pour la journée de l’infirmier. Je dirais que sans le droit des infirmiers, c’est difficile d’assurer le droit des patients. Certes, beaucoup de choses ont été accomplies, mais ce n’est pas suffisant. Il faut créer un Ordre des infirmiers mais aussi développer la formation et la formation continue, c’est uniquement comme ça qu’on peut réussir", conclut cette battante qui ne rate pas l’occasion pour rendre hommage à ses confrères, ses professeurs et ses élèves.
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