Politique
El Otmani: "Le nouveau quotient électoral affaiblirait la concurrence entre les forces politiques"
20/03/2021 - 16:16
Imane BenichouDans son allocution face au Conseil national de son parti réuni samedi en session extraordinaire, le Chef de gouvernement et Secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), Saad Dine El Otmani a déclaré que des amendements des lois électorales apportés par des groupes parlementaires représentent, pour le parti, une "régression démocratique" qui affaiblit les institutions élues et les "balkanisent".
Le secrétaire général a en outre affirmé que l'adoption du quotient électoral calculé sur la base du nombre des inscrits aux listes électorales et la suppression du seuil électoral, "auront des répercussions sur la voie de développement du pays". "Il s’agit d’une balkanisation sans précédent dans l’histoire du Maroc", a-t-il martelé, donnant l’exemple d’une transformation de la carte politique des circonscriptions qui passeront d’un nombre de 4 partis à 10 ou 20 partis, à titre estimatif.
Saad Dine El Otmani a affirmé que le nouveau quotient électoral affaiblirait la concurrence entre les forces politiques et les candidats. Cet amendement "poussera les partis à adopter la facilité et à rester indifférents aux programmes électoraux dans la mesure où ils se concentreront sur l'obtention du minimum de voix pour obtenir leur siège".
"Ces amendements ont échappé à la logique consensuelle qui avait toujours régi l’adoption des lois électorales pendant deux décennies", a déclaré El Otmani qui a rappelé que son parti ne visait pas l’hégémonie ou la préservation des sièges.
Un vote de confiance
Par ailleurs, El Otmani a annoncé que le secrétariat général du parti n’a pas voulu recourir à l’article 103 de la Constitution en raison de l’éventualité de la démission du gouvernement, notant que recourir à cet article, dans le contexte actuel, n’allait représenter aucune dissuasion pour les parties qui ont apporté l’amendement susmentionné. Conformément à cet article le Chef du gouvernement "peut engager la responsabilité du gouvernement devant la Chambre des Représentants, sur une déclaration de politique générale ou sur le vote d'un texte", précise l'article. Il y est aussi stipulé que "la confiance ne peut être refusée ou le texte rejeté qu'à la majorité absolue des membres composant la Chambre des Représentants. Le vote ne peut intervenir que trois jours francs après que la question de confiance ait été posée. Le refus de confiance entraîne la démission collective du gouvernement".
Pour sa part, dans son allocution d’ouverture de cette session, le président du Conseil national du PJD, Abdelali Hamieddine, a estimé que le nouveau quotient électoral a "dévasté" les acquis du pays en ce qui concerne le consensus des partis politiques sur le mode électoral, ce qui constitue "un précédent dangereux".
Cet amendement représente, pour Hamieddine, "une atteinte au choix démocratique et aux principes constitutionnels tels que le principe du vote libre, la volonté de l'électorat et la participation citoyenne".
Le président du conseil a par ailleurs affirmé que la tentative des partis de la coalition gouvernementale "d’impliquer un amendement gouvernemental non consensuel contredisant la volonté gouvernementale exprimée dans les textes approuvés par le Conseil de gouvernement et le Conseil ministériel" oblige le Conseil national à "adopter une position appropriée pour répondre à cette anomalie".
Et de souligner qu’il s’agit d’une "régression qui ne peut être ni acceptée ni justifiée constitutionnellement, politiquement et moralement".
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