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Les chansons au "karkoubi": qui est responsable de la diffusion de cette laideur audiovisuelle?
05/03/2024 - 16:23
Jamal El KhanoussiIl est vrai qu'une personne comme moi, dépassée par "l'époque et ses enfants", ne comprendra pas beaucoup de termes compliqués de ces hallucinations causées par "une pilule dans la marmite". Cependant, ce que j'ai pu comprendre suffit pour conclure que cette saleté n'a pas sa place parmi nous.
Certains esprits légers suggèrent que le destin des créateurs de cet art du "karkoubi" qui nous ont jeté cette pollution à la figure devrait être Oukasha ou la prison locale d'Ain Kadous, mais protéger les générations futures exige une approche différente.
Il est donc naturel de se demander ce que les autorités et les pays qui nous ont précédés ont fait pour réguler et légaliser le domaine audiovisuel afin de se protéger de ce torrent destructeur. En France, par exemple, le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA), chargé de réglementer le domaine, a évolué vers l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM); ce changement visait à accompagner la transition numérique et l'expansion des plateformes électroniques, nécessitant une mise à jour des cadres réglementaires pour s'adapter aux nouveaux défis.
Cette évolution reflète le désir de répondre plus efficacement aux défis numériques. L'intégration en 2022 du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) et la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet ((Hadopi) a donné naissance à l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM). Ce nouvel organisme vise à étendre les pouvoirs réglementaires pour inclure non seulement les services audiovisuels traditionnels mais aussi les services numériques et les plateformes en ligne, ainsi que la lutte contre le piratage.
Au Maroc, l'expérience de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA) a été pionnière dans le domaine depuis sa création le 3 mai 2013. Son objectif était de réguler le secteur audiovisuel; ses missions incluaient l'émission d'autorisation de diffusion, la surveillance de la conformité aux cahiers des charges et à l'éthique, et la protection du jeune public contre le contenu inapproprié. La HACA a également œuvré pour promouvoir la diversité culturelle et linguistique, et le respect des quotas de production nationale à la radio et dans la production audiovisuelle à la télévision.
Cependant, l'évolution du numérique et sa diffusion rapide et étendue n'ont pas été suivies par la HACA, car elles dépassaient ses compétences de base, et en même temps, son champ de régulation n'a pas été étendu, la rendant inefficace dans un domaine futuriste et largement répandu. Quelles que soient les règles et les lois établies pour renforcer le domaine audiovisuel, une seule vidéo à diffusion rapide peut détruire des années de travail de protection du jeune public ou d'amélioration de l'image de la femme dans les médias...
Le passage à une nouvelle forme de régulation n'est plus un luxe mais une transition imposée par la réalité, en France comme dans d'autres pays. Il est impensable de ne pas être à l'avant-garde de cette transformation au Maroc, qui a toujours été pionnier dans son entourage pour réguler l'audiovisuel. Surtout lorsque nous parlons du modèle français qui a initié des restrictions dans l'espace numérique, nous sommes face à un pays où la culture occupe une grande place, avec un public qui la consomme avec une avidité exceptionnelle.
Il est temps de réglementer et de légaliser l'espace numérique, à l'instar de l'audiovisuel classique, afin de protéger la liberté d'expression ainsi que le public de tout âge, qui accède aux réseaux sociaux sans surveillance, contre le contenu nuisible et illégal. Peu importe si une institution nommée la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle est capable de remplir cette mission ou si nous devons renforcer sa présence dans une mission conjointe avec d'autres acteurs dont les compétences correspondent au domaine numérique, qui présente des spécificités le rendant difficile à réguler.
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