Politique
L’hydre du stress hydrique
18/09/2024 - 15:06
Moussa MatroufSelon Larousse, dans la mythologie grecque, l’hydre est un animal fabuleux en forme de serpent d'eau. De prime abord, c’est une question d’eau! Passons au sens littéraire. Selon la même source, l’hydre c’est «un mal qui se renouvelle constamment et semble augmenter en proportion des efforts faits pour le détruire». Est-ce le cas du stress hydrique?
D’après l’observation, et jusqu’ici, la réponse semble être évidente et affirmative!
Néanmoins, le stress hydrique ne doit pas être, en principe, une fatalité, en dépit des représentations qui lient la sècheresse à des raisons exclusivement surnaturelles.
On ne peut pas formater totalement la structure mentale de référence et la mettre à jour d’un jour à l’autre, mais le déficit en socialisation dans la famille, à l’école, en la matière est flagrant. Et les efforts pour colmater la brèche sont à déplorer, surtout au niveau de l’école à l’ère des réformes…
C’est vrai que la sècheresse est un mal qui se renouvelle constamment à cause des changements climatiques et le stress hydrique semble augmenter en proportion des efforts faits pour le diluer, dans le passé (politique des barrages notamment) et de nos jours (amélioration de la politique des barrages, liaisons des bassins hydrauliques…), cependant, l’approche de la question de l’eau (en amont et en aval) dans un cadre stratégique, comme le veut Sa Majesté le Roi Mohammed VI, dans Sa Vision perspicace et proactive, peut atténuer ce stress hydrique.
Juste pour rappel, depuis 2019, il y a eu quatre séances de travail présidée par SM le Roi sur la question de l’eau, ce qui dénote de la place de choix qu’accorde le Souverain à cette question fondamentale et vitale pour notre pays.
Dans Son Discours du trône, du lundi 29 Juillet 2024, Sa Majesté le Roi a considéré que «les défis auxquels est confronté notre pays nous commandent de redoubler d’efforts et de vigilance, de concevoir des solutions innovantes, de subordonner les modèles de gestion aux règles de bonne gouvernance».
Il a mis le doigt sur le dilemme qui fait mal, en insistant que «L’un de ces défis majeurs est la problématique de l’eau, qui ne cesse de se complexifier du fait de la sécheresse, de l’impact du changement climatique et de la croissance naturelle de la demande. Cette situation est également imputable au retard accusé dans la réalisation de certains projets programmés dans le cadre de la politique de l’eau».
Le Souverain est revenu par la suite à ce retard en soulignant «qu’aucune négligence, aucun retard, aucune mauvaise gestion ne sont tolérés dans une question aussi cruciale que l’eau».
Mais avant cela, SM le Roi Mohammed VI a rappelé qu’Il n’a eu de cesse de souligner la nécessité d’une mise en œuvre optimale des différentes composantes du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation 2020-2027, lequel a contribué à atténuer la gravité de la situation hydrique.
Dans le même Discours, SM le Roi a insisté sur l’impératif d’une mise à jour continue des leviers de la politique nationale de l’eau et sur la définition d’un objectif stratégique, quelles que soient les circonstances: garantir l’eau potable à tous les citoyens et couvrir 80% au moins des besoins d’irrigation sur tout le territoire national.
A cet égard, le Souverain a considéré qu’il est indispensable de parachever le programme de construction des barrages, en donnant la priorité aux projets programmés dans les régions connaissant d’importantes précipitations.
Et dans le cadre de Sa Vision stratégique volontariste et ambitieuse, SM le Roi a appelé à accélérer la réalisation des grands projets de transfert d’eau entre les bassins hydrauliques, en assurant la connexion entre le bassin de Oued Laou-Larache et Loukous et celui de Oued Oum Er-Rbia, en passant par les bassins Oued Sebou et Bouregreg.
Ces projets permettront, comme a dit le Souverain, l’exploitation d’un milliard de mètres cubes d’eau qui se perdaient dans la mer et garantiront une répartition spatiale équilibrée des ressources hydriques nationales.
Pour sa part, et dans le même Discours, la réalisation des stations de dessalement de l’eau de mer doit être accélérée, selon le programme arrêté à cet effet pour assurer la mobilisation annuelle de plus de 1,7 milliard de mètres cubes.
Le Souverain a exprimé son souhait qu’à l’horizon 2030, le Maroc pourra couvrir plus de la moitié de ses besoins en eau potable à partir de ces stations, irriguer d’importantes superficies agricoles et renforcer de cette manière sa sécurité alimentaire.
Et Il a cité l’exemple du cas de la station de dessalement de Casablanca, le plus grand projet du genre en Afrique et la deuxième installation au monde qui sera alimentée à 100% en énergie propre.
Le souverain a ensuite souligné un défi, et pas non des moindres, en disant: «Le plus grand défi reste la réalisation des stations programmées et des projets d’énergies renouvelables y afférents, dans les délais fixés et sans aucun retard».
Et d’ajouter «Pour produire de l’eau, les stations de dessalement doivent être alimentées avec de l’énergie propre. C’est pourquoi il faut accélérer la réalisation du projet d’interconnexion électrique qui vise à acheminer l’énergie renouvelable, à partir des Provinces du sud, vers le Centre et le Nord».
A cet égard, Le Souverain a appelé au «développement d’une industrie nationale de dessalement de l'eau, à la création de filières de formation d’ingénieurs et de techniciens spécialisés, à l’encouragement de la constitution d’entreprises nationales spécialisées dans la réalisation et l’entretien des stations de dessalement».
Le Maroc et les Marocains peuvent se prévaloir de pas moins de neuf stations de dessalement de l’eau, outre les deux stations lancées à Casablanca et Dakhla et celles à venir… C’est dire que le pays a trouvé le bon chemin pour lutter efficacement contre ce mal qui se renouvelle constamment, à savoir l’hydre du stress hydrique qui n’arrête de serpenter sur nos terres, menaçant toute la vie. Reste à savoir s’il est éternellement indestructible?!
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