Politique
Migration: une responsabilité partagée nécessitant une gouvernance internationale
07/05/2022 - 12:27
Aïcha Debouza | Ouiam FarajDu fait de sa proximité avec le Continent européen, le Royaume constitue un facteur d’appel important des flux migratoires. Et bien qu’il n’ait pas pour vocation d’être le gendarme de l’Europe, il a toujours estimé que cette problématique doit être traitée dans le cadre d’une responsabilité partagée. Adoptant une approche holistique en matière de lutte contre la migration illégale, le Maroc ne cesse de déployer des efforts considérables, en priorisant le renforcement de la coopération et de la coordination avec ses voisins du nord, notamment l'Espagne. "Il est difficile pour n’importe quel pays, quoi qu'il arrive, de contrôler le flux de migrants individuellement, car cela est lié à une frontière commune et appelle à des efforts concertés entre plus d'un pays afin de pouvoir limiter ce phénomène", explique le professeur de sociologie à l’Université Mohammed V de Rabat.
Gouvernance internationale
Dans une déclaration au SNRTnews, Mehdi Alioua fait savoir que l'Espagne se situe dans une zone stratégique qui en fait non seulement un pays d'accueil pour les migrants, mais aussi une zone de transit pour le reste de l'Union européenne. Pour lui, s’intéresser à la problématique nécessiterait une organisation spéciale, une réflexion profonde et une gouvernance internationale ou transfrontalière. "Ceci doit se faire en coordination entre les gouvernements et les organismes de la société civile concernés par les affaires migratoires, ainsi que les organisations internationales qui, à leur tour, doivent contribuer à gérer le processus de flux des migrants", détaille le chercheur en affaires migratoires.
En ce sens, le spécialiste souligne l'existence de nombreux points communs entre le Maroc et l'Espagne, ainsi que des frontières communes qui nécessitent également une gestion conjointe pour réguler l'immigration clandestine. "La stratégie nationale de migration et d'asile adoptée par le Maroc n'est pas seulement nationale, mais aussi africaine et euroafricaine, ce qui la rend transfrontalière", note-t-il. Et c’est d’ailleurs pour cette raison et tant d’autres que le Maroc insiste sur la nécessité de trouver de nouvelles solutions à la migration, ajoute le chercheur et universitaire. Car au final "la migration est un phénomène mondial qui nombre de pays et qui appelle en premier lieu une action participative".
Rappelons que la Stratégie nationale d’immigration et d’asile (SNIA), mise en œuvre en 2013 en application des Hautes Instructions de SM le Roi Mohammed VI, a constitué une véritable inflexion au niveau de la gouvernance migratoire, en y intégrant la centralité du paradigme du respect des droits des migrants dans une logique solidaire et inclusive. Cette Initiative majeure et inédite a permis une reconnaissance du Continent, qui a désigné SM le Roi Mohammed VI, en tant que leader de la migration en Afrique. Elle a permis en 2014 et 2017 par exemple, à travers deux opérations exceptionnelles, de régulariser la situation administrative de séjour de plus de 50.000 migrants qui étaient en situation irrégulière au Maroc. Ces deux opérations, inédites au niveau régional, ont consacré la dimension éminemment africaine du Royaume du Maroc.
Une responsabilité partagée
En effet, la réunion de ce vendredi, qui intervient dans le cadre de la mise en œuvre de la feuille de route élaborée lors de la visite au Royaume en avril dernier de Sanchez, vient ainsi confirmer cette ferme volonté de consolider la coopération bilatérale dans le domaine migratoire.
Dans un communiqué conjoint, les deux parties, qui ont abordé le partenariat migratoire dans sa globalité, se sont félicitées de la reprise de leurs réunions migratoires qui ont toujours consacré la confiance et la responsabilité partagées. Il s’agit aussi du renforcement des mécanismes de coordination et d’échange d’informations, à travers notamment la rénovation des modalités de travail commun au niveau des Centres de coopération policière, des officiers de liaison et des patrouilles mixtes, face aux défis partagés induits par l’action des réseaux de trafic des migrants et l’environnement régional instable.
Au niveau de la gestion des frontières et ses enjeux pluriels, les deux parties ont également mis l'accent sur la nécessité d’articuler leurs efforts conjoints autour de la solidarité agissante en termes d’appui technique et financier pérenne qui puisse optimiser la résilience et l’efficience opérationnelles.
Néanmoins, pour une gouvernance internationale efficace de la migration, les pays du Nord doivent privilégier un prisme équilibré dans leur approche qui ne doit pas être imprégnée du tout sécuritaire, mais basée sur des solutions structurelles en faveur du développement durable des pays d’origine et l’encouragement de la mobilité légale entre les deux rives.
En optant pour le développement de la coopération avec ses voisins, le Maroc défend ainsi une approche humaine et multidimensionnelle de la question migratoire, tout en refusant de réduire cette problématique au seul aspect sécuritaire, ce qui fait du Royaume un modèle à suivre notamment à la faveur de la stratégie nationale d’immigration et d’asile.
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