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Robert Purvis l’Afro-Américain abolitionniste, d’origine marocaine juive
09/05/2021 - 15:22
Imane BenichouRobert Purvis était un maroco-américain qui a passé sa vie à se battre pour libérer les esclaves afro-américains et obtenir l'égalité des droits des femmes. S'appuyant sur son sens profond de la justice, il a contribué à la création de "l'American Anti-Slavery Society" et a soutenu le chemin de fer clandestin - l'organisation clandestine qui a contribué à la liberté des esclaves dans les États du nord des États-Unis. Selon les propres estimations de Purvis, il a aidé plus de 9.000 esclaves américains à la liberté, devenant un véritable héros et une source de fierté pour le Maroc et les États-Unis.
Ses antécédents marocains
Robert Purvis est né le 4 août 1810 à Charleston, en Caroline du Sud aux Etats-Unis. Il est le deuxième des trois fils de William Purvis, un riche marchand de coton britannique et de Harriet Judah, une femme de couleur libre, une nomination de l’époque dédiée aux individus de couleur noirs et métis non esclaves. Le père de Harriet était le baron Judah, né à Charleston d’une famille juive allemande et hispano-portugaise aisée. Sa mère était Dido Badaracka.
La grand-mère maternelle de Purvis a été enlevée du Maroc à l'âge de 12 ans. Elle a été vendue au marché aux esclaves de Charleston, à une femme blanche qui l'a traitée avec gentillesse, l'a éduquée et lui a permis de vivre séparément, une situation qui n'était pas rare à Charleston à cette époque, raconte l’historienne, auteur et conférencière américaine Margaret Hope Bacon, citée par la "Historical Society of Pennsylvania", l'une des plus grandes bibliothèques d'histoire familiale des Etats-Unis. Elle a par la suite été libérée à l’âge de 19 ans.
Dido Badaracka était une "Maure de pure souche, de traits magnifiques et d'une grande beauté. Elle avait des cheveux bien bouclés et des manières majestueuses". C’est ainsi que la décrivait son petit-fils Robert Purvis, qui a grandi en admirant cette grand-mère à la peau basanée. A travers elle, il a développé une identification de toute une vie avec la race africaine et une haine passionnée de l'esclavage.
Son parcours abolitionniste
Bénéficiant des avantages d'une famille financièrement prospère, Robert Purvis a commencé très jeune à s'opposer à l'esclavage. À l'âge de neuf ans, sa famille a déménagé à Philadelphie où il a fréquenté l'école Clarkson de la Société d'Abolition de Pennsylvanie (the Pennsylvania Abolition Society’s Clarkson School). Peu après, Purvis a poursuivi ses études au "Amherst College" dans le Massachusetts.
En 1831, Robert Purvis épouse Harriet Forten, la fille de James Forten, homme d'affaires afro-américain et abolitionniste de Philadelphie. Après la mort de son père, Purvis a entièrement consacré ses efforts et son argent à son activité anti-esclavagiste. Il commença à travailler en étroite collaboration avec le Comité de vigilance de Philadelphie qui abritait les esclaves en fuite sur le chemin de fer clandestin. Sa résidence fut bientôt connue comme la "maison sûre" de Purvis, raconte le centre de référence sur le Web "blackpast.org" qui se consacre principalement à la compréhension de l'histoire afro-américaine et de l'histoire des personnes d'ascendance africaine.
En 1833, Robert Purvis a également contribué à la création de la Library Company of Colored People ainsi que de l'Anti-Slavery Society à Philadelphie, toutes deux engagées dans une activité abolitionniste. Il s'est également associé à la Société américaine anti-esclavagiste de William Lloyd Garrison.
En 1834, Il souhaitait se rendre en Angleterre. Il fait ainsi valoir que n'étant pas citoyen américain il n'a pas de passeport pour s'y rendre en tant qu'Américain. Sa notoriété est telle que le président Andrew Jackson intervient, faisant de Robert Purvis, probablement le premier Afro-Américain à obtenir un passeport, rapporte Wikipedia citant comme référance Margaret Hope Bacon. Robert Purvis s'est alors rendu en Europe pour prendre la parole en public, collecter des fonds et participer à des réunions avec de hauts fonctionnaires européens dans le cadre de la campagne visant à mettre fin à l'esclavage. Sa luxueuse maison de Philadelphie était désormais bien connue pour recevoir les abolitionnistes distingués d'Amérique et d'Europe.
Le droit au vote
Purvis reste actif dans sa campagne pour l'abrogation des lois de l'État de Pennsylvanie qui interdisent aux Afro-Américains de voter. Il a rédigé le document "Appel de quarante mille citoyens menacés de privation de leurs droits de vote" en 1838. Il a également été président de la "Pennsylvania Anti-Slavery Society" entre 1845 et 1850, le premier Afro-Américain à diriger une organisation anti-esclavagiste à prédominance blanche. Bien que vouée à "l'amélioration de la condition de la race africaine", la Pennsylvania Abolition Society (PAS) n'a pas eu de membres noirs jusqu'en 1842, date à laquelle la société a admis Robert Purvis, de peau claire, explique l’historienne Margaret Hope Bacon. Purvis est resté le membre noir symbolique jusqu'en 1866, lorsque la PAS a invité Frederick Douglass à en devenir membre, suivi l'année suivante par William Still, Octavius Catto et Jacob White.
Les efforts politiques de Purvis ont également porté sur les droits des femmes, la réforme des prisons et la prohibition. Il était un fervent défenseur des droits de la femme. Il était le seul homme noir à soutenir les femmes en affirmant que les hommes noirs ne devaient pas obtenir le droit de vote avant que toutes les femmes, noires et blanches, soient incluses. Il a également défendu les droits des Amérindiens et l'autonomie des Irlandais, bien que les Irlandais locaux se soient souvent opposés à lui. "En matière de droits, il n'y a qu'une seule race, et c'est la race humaine", disait souvent Purvis
Robert Purvis est mort à Philadelphie le 15 avril 1898.
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