Economie
Taux directeur: CDG Capital s'attend à une nouvelle hausse
16/12/2022 - 12:09
Mohammed FizaziCe Conseil intervient dans un contexte marqué par la manifestation des signes de récession, principalement chez les économies partenaires de la zone euro, suite au resserrement de leurs politiques monétaires respectives, par les exigences de relance post-crise covid19, après une année 2021 caractérisée par un recul important de la croissance économique accentué notamment par les risques qui entourent la reprise en 2023, principalement les conditions météorologique de la saison agricole en cours, le ralentissement de la demande intérieure, sous l’effet du taux de chômage élevé et la détérioration des revenus agricoles, ainsi que la baisse prévue de la demande étrangère.
La note de CDG capital s'est basée sur "des évolutions récentes, au niveau des plans monétaire, financier et réel, et des perspectives y afférentes". Le document a procédé à une analyse des changements potentiels en termes de conduite de la politique monétaire lors de ce prochain Conseil.
Creusement du déficit de liquidité
CDG capital note un creusement du déficit de la liquidité du secteur bancaire sous l'effet d'une détérioration conjuguée de deux principaux facteurs autonomes de la liquidité bancaire (FALB), en l’occurrence une légère baisse des avoirs officiels de réserve, d’environ -1,2 MMDH en glissement mensuel à fin octobre 2022, pour passer à 339,5 MMDH, et une poursuite de la hausse de la circulation fiduciaire, qui a augmenté de 1,6 MMDH au mois d’octobre 2022, pour s’établir à 344,5 MMDH.
Cependant, ajoute le document, les créances nettes sur l’Administration centrale ont fortement reculé au cours des deux derniers mois d’environ 7,6 MMDH, avec -5,3 MMDH enregistré en septembre 2022 et -2,3 MMDH le mois d’après. Cette régression s’explique essentiellement par les difficultés que rencontrent le Trésor public pour lever sur le marché domestique avec une montée en puissance des taux sur l’ensemble des maturités.
Dans ces conditions, Bank Al Maghrib a continué à combler le déficit du système bancaire, à travers ses interventions auprès des banques, avec une moyenne hebdomadaire d’environ 103,5 MMDH enregistrée en octobre 2022 contre 102,7 MMDH et 107,6 MMDH enregistrées respectivement les deux mois précédents. A noter, dans ce sillage, que l’encours moyen des injections de Bank Al-Maghrib au cours du mois d’octobre se répartit entre les avances à 7 jours (48,5 milliards de dirhams), les opérations de pension livrée à long terme (30,9 milliards de dirhams) et les prêts garantis à long terme (24,1 milliards de dirhams).
Variations peu significatives des taux débiteurs
Sur la base des indicateurs de haute fréquence publiés par Bank Al-Maghrib, il en ressort que la transmission de la dernière hausse du taux directeur, de 50 Pbs en septembre à 2%, vers les taux débiteurs et créditeurs est quasi-nulle. Le Taux moyen pondéré global débiteur (TMPGD) enregistrée en T2-2022 à 4,29%, soit +0,01% comparativement au trimestre précédent, ce taux ressort en légère baisse en T3-2022 de –4 Pbs à 4,25% après une quasi-stabilité à 4,29% affiché le trimestre précédent. Cette faible régression couvre une stabilité des taux assortissant les prêts aux entreprises à 4,04% contre une hausse de ceux relatifs aux particuliers de 19 points à 5,33%.
CDG Capital rappelle que l’efficacité du canal taux, représente un facteur déterminant pour atteindre l’objectif final de stabilité des prix. En effet, la réaction des taux débiteurs et créditeurs, proportionnellement à la hausse du taux directeur, devrait ralentir les crédits et favoriser l’accroissement de l’épargne, générant ainsi, un ralentissement de la demande globale intérieure.
Poursuite de la montée de l’inflation
A l’image de la quasi-majorité des pays au niveau international, particulièrement ceux dont le taux de dépendance aux importations en matières premières, en demi-produits et en énergie est élevé, le Maroc enregistre un dérapage à la hausse de l’inflation, note le document. Ainsi, l’inflation (graphe 9) mesurée par l’évolution en glissement annuel de l’Indice des Prix à la Consommation (IPC) a augmenté passant à un niveau historiquement élevé de 8,1% et 8,3% en octobre et septembre 2022 contre 1,7% et 1,2% par ordre une année auparavant.
Ceci s'explique par la forte hausse des prix des matières premières et énergétiques au niveau international, ce qui a généré un accroissement des coûts de production de l’industrie manufacturière locale et un renchérissement des biens de consommation importés. En plus d'un choc d’offre sur l’alimentation frais en liaison avec le mauvais déroulement de la campagne agricole 2021-2022, avec une pluviométrie historiquement basse et un recul important du taux de remplissage des barrages, lequel est passé à 23,8% à fin novembre 2022 contre 34,7% une année auparavant. A cela s'ajoute la transmission de la hausse des prix vers les biens non échangeables avec l’international, en liaison avec la hausse du coûts des intrants, notamment les matières premières et le coût du transport, et la recherche de la préservation, des marges de bénéfices et du pouvoir d’achat, par les artisans et les prestataires de services nationaux.
Prévisions de CDG Capital
Sur la base de ces évolutions, CDG Capital prévoit, au niveau international, une poursuite du resserrement des politiques monétaires, adoptées par la quasi-majorité des Banques centrales au niveau international, même dans certains pays où les tensions inflationnistes sont d’origine externe ou bien lié à un choc d’offre à l’image du Maroc. "En effet, face au risque de durabilité de l’inflation, les Banques centrales cherchent à ancrer les anticipations d’inflation des opérateurs et ménages en vue de briser le cycle vicieux inflationniste", peut-on lire.
Au niveau national, la note prévoit un redressement du taux d’accroissement des prêts accordés au secteur privé, et ce grâce aux différents mécanismes de garantis misent en place en collaboration avec Tamwilcom, ancienne Caisse Centrale de Garantie (CCG), qui favorisent une distribution de l’ensemble des catégories de crédits en faveur des entreprises à des taux privilégiés.
CDG Capital prévoit également une persistance des dérapages inflationnistes, alimentaires et non alimentaires, impactant aussi bien la composante globale que sous-jacente, laissant présager ainsi, une durabilité de l’inflation pour le prochain exercice 2023, principalement sur la base d’un effet psychologique d’anticipation par les opérateurs et les ménages.
L'institution anticipe également des perspectives favorables de la croissance économique en 2023, sur la base de l’hypothèse d’une campagne agricole moyenne 2022-2023 avec une production céréalière autour de 75 millions de quintaux.
Sur la base de ces prévisions, et tenant compte de l’ensemble de ses évolutions et perspectives, ainsi que de la nouvelle stratégie de resserrement de la politique monétaire annoncée par Bank Al-Maghrib, lors du dernier Conseil, CDG Capital estime que Bank Al-Maghrib augmentera, pour la deuxième fois consécutive, le taux directeur de 50 Pbs à 2,50%.
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