L'après-Jeux: quel avenir pour les para-sportifs marocains?

Les Jeux Paralympiques de Paris 2024 ont pris fin, dimanche 8 septembre 2024. Cette édition spéciale a été marquée par l'éclat des para-athlètes marocains, qui ont remporté un total de 15 médailles. Un bilan positif par rapport aux éditions précédentes, plaçant le Maroc à la 31e position.

Pendant ces Jeux, les Marocains ont été fiers de voir ces para-athlètes remporter des médailles d’or et battre des records mondiaux. Ces performances ont redonné le sourire aux passionnés du sport marocain...

Malgré le manque d’infrastructures et l’absence d’un comité paralympique, les para-sportifs marocains ont su honorer les couleurs nationales dans la capitale française. Ce bilan de 15 médailles prête certes à l’optimisme, mais soulève également une question cruciale: quel avenir pour ces athlètes et pour les sports paralympiques au Maroc?

Bilan et primes

Contacté par SNRTnews, Driss El Hilali, président de la Fédération royale marocaine de Taekwondo, a d’abord fait le bilan de la participation marocaine à ces Jeux parisiens: "Les para-sportifs marocains ont réalisé un bilan positif lors des Jeux Paralympiques de Paris 2024. Ils ont remporté 15 médailles, dépassant ainsi le nombre de médailles obtenues lors de l’édition de Tokyo". Et d'ajouter: "Je tiens à remercier le Ministère de l’Éducation Nationale, du Préscolaire et des Sports qui a soutenu ces sportifs".

Bonne nouvelle: les para-athlètes médaillés recevront des primes, équivalentes à celles offertes aux athlètes valides lors des Jeux Olympiques: "Le Ministère a prévu d’importantes primes: 2 millions de dirhams pour chaque médaillé d’or, 1,25 million de dirhams pour les médaillés d’argent et 750.000 dirhams pour les médaillés de bronze", a précisé la même source.

Création d’un centre et d’un comité paralympiques

Après l’exploit des para-sportifs marocains à Paris, la question de l’après-Jeux se pose et s’impose. Quelles perspectives pour ces champions paralympiques?

"Pour que ces sportifs puissent continuer à réaliser de tels exploits et faire encore mieux lors des prochaines éditions, ils doivent bénéficier d’infrastructures adaptées pour améliorer leur niveau et bien se préparer aux grandes compétitions".

Et de poursuivre: "L’idée est de créer un centre paralympique qui permettra aux athlètes de s’entraîner avec des équipements spécifiques aux sports paralympiques. Un comité paralympique verra prochainement le jour. Un projet qui est en cours de réalisation".

La création d’un centre paralympique se veut une nécessité pour ces athlètes. Vainqueur de la médaille d’or au 400m, Moncef Bouja a affirmé, dans une déclaration accordée à SNRTnews, qu’il rencontre de nombreux problèmes et obstacles dans son parcours, tant sur le plan sportif que dans sa vie personnelle. Bouja pointe du doigt l'absence des infrastructures spécialisées en sports paralympiques et les difficultés d'intégration sociale, durant ses études.

Les para-sportifs, victimes de l’oubli?

Au-delà de l’enjeu sportif, le succès aux Jeux Paralympiques joue un rôle majeur dans l’inclusion sociale. Il met en lumière des champions qui, malgré leur  situation de handicap, poursuivent leur passion, embrassent une carrière sportive professionnelle et tentent de s’intégrer parfaitement dans la société. L’organisation des Jeux Paralympiques a aussi pour objectif de changer le regard porté sur le handicap.

Le président de la Fédération royale marocaine de Taekwondo considère que "les Jeux Paralympiques ont un impact considérable sur la perception des personnes en situation de handicap. Avec les performances de nos athlètes marocains, les gens réaliseront que ces champions sont capables d’accomplir de grandes choses, même s’ils ont une déficience physique ou visuelle. Cela encouragera également les personnes en situation de handicap à dépasser leurs complexes et à avoir le courage de pratiquer leur sport de prédilection".

Mais en réalité, ces athlètes n’obtiennent pas l’attention nécessaire ni le soutien suffisant pour continuer à réaliser des performances historiques dans les grands rendez-vous.

Moncef Bouja estime, à ce sujet, que les athlètes paralympiques bénéficient d'une attention médiatique uniquement lors des grandes réalisations, mais deviennent ensuite des victimes de l'oubli: "De nombreux sportifs ne reçoivent pas d'invitations pour passer dans les médias, et les entreprises les excluent souvent des offres de parrainage et de publicité, comme c'est le cas pour les athlètes paralympiques".

Il a lancé un appel à toutes les parties prenantes pour contribuer à mettre en avant cette catégorie dans tous les domaines, afin de favoriser leur intégration dans la société.